Le Salon international de la femme noire se tient les 12 et 13 août au Grand Quai du port de Montréal, où plus de 250 exposants et conférenciers participent à l’évènement. On y parlera tant d’environnement que de justice sociale, de technologie, de bien-être et de sexualité, comme nous l’indique Dorothy Rhau, fondatrice et présidente du salon. Nous avons rencontré celle qui s’est fait connaître comme humoriste et qui est devenue entrepreneure sociale. Entrevue.

Quelle est la mission de ce salon ?

Célébrer la femme noire, lui redonner confiance, favoriser la réussite des femmes noires, les faire briller et leur donner des outils. Il faut que ce soit la femme noire 2.0 qui sorte du salon. Il faut lui donner une bonne dose de confiance pour qu’elle puisse exercer du leadership dans son milieu et qu’elle puisse s’épanouir. Il y a des inégalités, mais ça ne veut pas dire qu’on doit rester silencieuses, on doit prendre notre place et faire la différence. Il y a une phrase que j’aime bien dire : si on a la peau foncée, c’est pour foncer et défoncer les portes. C’est un mouvement inclusif qui concerne toutes les femmes ; s’entraider, s’émanciper, et en aidant les femmes au bas de l’échelle, c’est toute la société qui en bénéficie. Ce salon, c’est aussi une belle célébration pour découvrir les communautés noires à travers les femmes.

Quels sont les thèmes qui seront abordés dans cette 6e édition ?

Le thème du salon cette année est l’environnement et la justice sociale. On y parlera d’agriculture urbaine, on va avoir des maraîchers, des ateliers sur le jardinage urbain. On y parlera de sciences et de technologie – car on veut que les jeunes soient attirés par ces matières –, on va aborder des sujets sur l’économie circulaire. Il y a aussi une section réservée aux affaires, des conférences avec Isabelle Hudon, le développement durable, on pourra y rencontrer des entrepreneurs issus de la communauté noire. Il sera aussi question de sexualité ; d’ailleurs, ce matin, j’ai commencé en douceur en testant la méditation vaginale ! Alors j’ai le sourire aux lèvres ! (rires) Il y a tellement de tabous entourant l’intimité, la sexualité, encore plus dans les communautés noires, alors on a décidé de créer cet espace pour favoriser certaines discussions sur la sexualité. On veut faire tomber les tabous. On souhaite que les femmes se réapproprient leur féminité et leur sexualité, car une femme qui est bien dans son corps, dans sa sexualité, on le sent, c’est une femme ancrée, solide et qui s’approprie son pouvoir.

C’est la 6e édition du salon. Qu’est-ce qui a changé en six ans ?

Il y a eu du progrès depuis 2018. On a vu par exemple qu’il y a plus de femmes noires qui se sont présentées aux élections provinciales et municipales de 2021, ce sont 11 femmes noires qui ont été élues. On voit aussi de plus en plus de femmes noires dans le monde des affaires qui siègent à des conseils d’administration et qui occupent des postes décisionnels. Il y a encore du progrès à faire, il y a des enjeux dans l’écosystème entrepreneurial où il y a très peu de représentation, il y a pourtant de plus en plus de femmes noires entrepreneures. Il y a aussi le fait que le plus haut taux de monoparentalité, on le retrouve chez les femmes noires, qui ont plus de charges et qui doivent s’occuper de leur famille.

Quels sont les obstacles des femmes noires aujourd’hui au Québec ?

Ce sont toujours les mêmes. On parle de racisme, de racisme systémique, toutes les femmes noires peuvent se heurter à ça, même s’il y a du progrès. Il y a quelques années, je suis allée au Sénégal pour présenter un spectacle d’humour et il y avait une Québécoise dans la salle qui a dit [qu’elle était] fière de voir nos femmes québécoises émancipées, épanouies ; c’est à cela que je m’identifie comme Québécoise. En tant que femme noire québécoise, il est possible de déployer ses ailes et de voler, de prendre sa place et de s’épanouir. Et j’en suis la preuve. On doit continuer à aller de l’avant. On n’est pas en mode revendications, mais en mode solutions, solutions durables. Lorsque j’ai fondé ce salon en 2018, j’ai vraiment eu le sentiment d’aider ma communauté, avec la volonté que les femmes noires fassent partie de la discussion.

Consultez le site du Salon international de la femme noire

Marché fermier Afro, traditions culinaires et Héritages africains

Parmi les exposants au salon, il y a le marché fermier Afro – Traditions culinaires et Héritages africains. Des agriculteurs et maraîchers issus de la communauté noire proposent toute la fin de semaine des légumes frais comme le concombre antillais, des épices, des plantes médicinales et des produits du terroir. Ce sera l’occasion de découvrir les traditions culinaires antillaises et africaines ou de renouer avec elles.

Consultez le site du Marché Fermier Afro