De multiples examens médicaux, des injections, des douleurs, d’innombrables questionnements, des opérations, de la peur… À travers toutes ces épreuves, des réponses et quelques joies. Entre espoir et déception, neuf femmes racontent leur parcours pour porter la vie dans le livre L’égo de l’infertilité. La Presse a discuté avec trois d’entre elles.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, près d’une personne sur six dans le monde est touchée par l’infertilité. Une statistique qui varie peu d’un continent à l’autre, souligne un rapport paru le printemps dernier.

Malgré ce nombre important, les femmes qui traversent cette épreuve se sentent trop souvent seules, soutient Kate Lalic. C’est dans l’optique de briser cet isolement, qu’elle a elle-même grandement ressenti, que l’autrice et éditrice a lancé ce projet d’écriture.

« Je trouvais qu’il n’y avait pas beaucoup de littérature sur le sujet », note celle que l’on rencontre en compagnie des coautrices Andrée-Anne Charron et Geneviève Filion lors du lancement du recueil à la librairie Un livre à soi.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Kate Lalic

Au début de son parcours en fertilité, Kate Lalic aurait aimé lire des témoignages de femmes qui ont vécu une expérience similaire autrement que par bribes sur les réseaux sociaux. Elle aurait voulu être guidée. Elle aurait souhaité en savoir plus sur les épreuves physiques, mais surtout mentales, qui l’attendaient.

Dans L’égo de l’infertilité, les neuf coautrices racontent leur histoire en toute transparence. Au fil des mois qui s’écoulent, on vit avec elles les nombreux rendez-vous en clinique de fertilité, la prise d’hormones, les journées d’insémination, les ponctions d’ovules, les transferts d’embryons, mais surtout, les montagnes russes d’émotions qui accompagnent inévitablement chaque parcours.

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Les neuf coautrices et la doula qui les a accompagnées dans le processus d’écriture

Ces neuf femmes, qui se sont rencontrées à travers un groupe Facebook, lèvent le voile sur une réalité peu montrée. Elles le disent elles-mêmes en entrevue et l’écrivent dans le livre : l’infertilité « reste largement taboue et méconnue ».

Pourquoi ce silence, selon elles ? « C’est l’égo, répond Andrée-Anne Charron. On ne veut pas montrer que pour notre couple, c’est plus difficile que pour les autres. »

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Geneviève Filion

La société montre que la femme est faite pour avoir des enfants. Toute petite, tu apprends à jouer avec des poupées. Plus tard, personne ne t’apprend que ça peut être difficile de tomber enceinte.

Geneviève Filion

« On ne se fait pas expliquer ce qu’est l’infertilité. […] Si on avait eu un peu plus d’information là-dessus, on aurait été moins dans l’inconnu », renchérit Kate Lalic.

« Une course contre la montre »

Au fil de la lecture de L’égo de l’infertilité, on ressent le désarroi des autrices de vivre autant de moments d’attente tout au long du processus, notamment en raison de l’achalandage élevé dans les cliniques de fertilité. Pour certaines d’entre elles, cela fait plus de quatre ans qu’elles tentent d’avoir un enfant. Dans la trentaine, elles sentent que les années qui passent jouent contre elles.

« C’est une course contre la montre, en fait », résume Kate Lalic.

Le désir de tomber enceinte, « ça peut devenir obsédant », note Andrée-Anne Charron. Et lorsque ça ne fonctionne pas, « c’est facile de se culpabiliser, de penser qu’on est responsable, mais dans le fond, on n’a aucun contrôle là-dessus ».

Si elles avaient un conseil à formuler aux couples qui songent à se tourner vers une clinique de fertilité, quel serait-il ? « Le conseil que je donnerais, c’est d’être proactif, de poser des questions, de ne pas avoir peur de consulter un autre spécialiste pour un second avis », répond Andrée-Anne Charron. « Il y a tellement de patients dans les cliniques que ton dossier s’oublie. Si tu as fait un examen, appelle à la clinique pour avoir ton suivi », ajoute Geneviève Filion.

Mais surtout, les trois femmes conseillent de prendre du temps pour soi et pour le couple.

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Andrée-Anne Charron

Je pense que, pour notre santé mentale, c’est bon de s’accorder du temps. […] Prendre une pause, aller en voyage ou être en vacances à la maison et relaxer.

Andrée-Anne Charron

L’égo de l’infertilité est publié, mais pour les coautrices, l’aventure continue. La suite de leur parcours, parfois lumineux, sera racontée dans une infolettre à laquelle il est possible de s’inscrire sur le site web du livre. Grâce à celui-ci et aux réseaux sociaux, Kate Lalic aimerait créer une communauté pour que les couples qui vivent une épreuve similaire ne se sentent plus jamais seuls.

L’égo de l’infertilité est offert en ligne et dans quelques pharmacies.

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L’égo de l’infertilité

L’égo de l’infertilité

Les Éditions JED Lab

303 pages