Une fois par mois, La Presse, inspirée par le Questionnaire de Socrate du magazine Philosophie, interroge une personnalité sur les grandes questions de la vie. Ce dimanche, la Dre Joanne Liu, ex-présidente internationale de Médecins sans frontières et professeure à l’Université McGill, qui est associée à deux projets théâtraux dans les mois à venir, répond à nos questions.

Qui suis-je ?

Une médecin humaniste.

Sommes-nous libres ?

Oui, en théorie, mais nous sommes prisonniers et prisonnières de coûts politiques, affectifs, normatifs ou économiques que nous ne sommes souvent pas prêts à assumer pour agir en pleine liberté.

Que retenez-vous de votre éducation ?

La discipline.

Un penseur/philosophe/auteur qui vous accompagne depuis longtemps ?

Nelson Mandela pour sa force d’avoir adopté une posture inébranlable de non-violence comme élément réparateur de l’apartheid. Pour moi, il demeure un modèle d’humanité hors normes.

Qu’est-ce qui tourmente votre conscience ?

L’indifférence envers la souffrance humaine.

Le lieu ou l’état d’esprit parfait ?

Au pas de course... Lorsque je fais mon footing, c’est un moment où je mets de l’ordre dans mes idées, où je prépare certaines interventions, où je réfléchis à certaines situations.

Que représente l’art pour vous ?

L’art pour moi représente la beauté de l’humain sous son meilleur jour. Il est essentiel pour me réconcilier avec les imperfections de l’humain. L’art me permet de croire encore en notre humanité commune dans le chaos des guerres et la brutalité des crises humaines auxquelles nous faisons face.

Un avantage d’être égoïste ?

Dans certains moments, comme en dynamique de survie. Simone Veil, lorsqu’elle parle de son temps à Auschwitz, parle de façon indirecte de cet égoïsme de survie.

Une qualité que vous n’aurez jamais ?

L’ambiguïté.

Votre démon ?

L’impatience. Vers la mi-trentaine, j’ai décidé que l’impatience n’était pas un défaut comme tel. Je me suis dit que lorsque je me bats pour que mon patient ait son test diagnostique le plus rapidement possible aux urgences, les manifestations de mon impatience sont compréhensibles.

Un lieu parfait pour rêver, créer ?

Sur mon vélo, en montant une côte.

Une belle mort, selon vous ?

Dans l’action, de façon réelle ou figurée.

Ce qui vous fâche dans la vie ?

Le manque de courage politique de nos leaders, ici et ailleurs.

Complétez la phrase : Si Dieu existe…

... il devrait communiquer aux humains de cette planète d’arrêter de se battre en son nom ou une possible doctrine liée à son nom.

La pièce Nos Cassandre, inspirée d’entretiens réalisés avec Joanne Liu, est présentée du 16 janvier au 3 février à Espace libre.

Consultez le site de la pièce Nos Cassandre

Le Scriptarium 2024, dont Joanne Liu est la commissaire, est présenté du 18 avril au 3 mai à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier.

Consultez le site du Scriptarium 2024