Sadissa Babeni

42 ans

Habite à Longueuil

Sadissa Babeni est arrivée au Canada il y a une dizaine d’années. Née en Italie de parents congolais, elle a vécu au Congo, puis au Cameroun, où elle a obtenu un diplôme en technologies de l’information et travaillé dans une entreprise de téléphonie mobile. Après avoir traversé l’océan, elle a obtenu sa résidence permanente et trouvé un emploi dans son domaine. Accomplie professionnellement, elle déplore que son parcours soit perçu comme un contre-exemple, plutôt que la norme.

À 42 ans, Sadissa se considère comme d’âge mûr. « D’avoir fini mes études et trouvé du travail pour subvenir à mes propres besoins et à ceux de ceux qui dépendent de moi est une preuve de maturité, pense-t-elle. Aussi, d’avoir eu le courage de traverser un océan pour continuer à construire ma vie d’adulte ici fait de moi une personne encore plus mûre. »

Femme noire dans un secteur principalement masculin, nouvelle maman et sans famille proche au Québec, Sadissa vit plusieurs défis. Son mari, arrivé au Canada il y a un an, travaille sur la Côte-Nord. « [La conciliation travail-famille], c’est un énorme souci, confie-t-elle. Je ne sais pas si j’aurai une place en garderie. J’espère que je pourrai reprendre le travail. »

Propriétaire d’un petit appartement en copropriété, elle aimerait aussi emménager dans un espace plus grand. « On sent que ce n’est pas le bon moment pour s’engager à acheter une nouvelle propriété. » Comme plusieurs, le couple touché par la hausse du coût de la vie réduit ses dépenses. Sadissa s’inquiète pour ses vieux jours. « Je n’ai pas assez cotisé de REER et il me reste 22-23 ans pour me préparer une belle retraite. Je ne pense pas que j’aurai une retraite où je pourrai me payer des voyages, des croisières. Ça m’angoisse. Est-ce que j’ai fait les bons choix dans ma vie ? Est-ce que je suis sur le bon chemin ? L’avenir est trouble. »

Sadissa cultive son bonheur en restant positive. Passionnée de chant gospel et de jazz, elle fait partie de certaines chorales. « La musique me connecte aux personnes dans tous les pays où j’ai vécu. Comme j’aime aller jusqu’au bout des choses, je sors mes propres albums que pas grand monde n’écoute, mais ça me fait tellement plaisir d’arriver au bout de mes projets. »

On vit dans une société où tout porte au jugement. On se retrouve à vivre ses valeurs dans le silence.

Sadissa Babeni