41 ans

Québec

Pendant des années, Antonio Farias a travaillé pour voyager. Il cumulait souvent deux emplois en restauration afin d’amasser assez d’argent pour partir au moins six mois. À 41 ans, son rythme de vie est pour l’instant toujours le même, mais il s’est marié cette année avec une Colombienne, mère d’un enfant.

Notre discussion lui a permis de prendre un instant pour réfléchir sur le chemin parcouru et celui devant. « Je suis une personne très au jour le jour. Je suis un peu beaucoup insouciant, mais les voyages et ma femme m’ont fait du bien et m’ont responsabilisé, confie celui qui travaille dans deux restos. J’ai magané ma santé longtemps en consommant de la drogue. Je suis sobre depuis deux ans, mais de 2006 à 2015, c’était quotidien. Je reste fort pour ne pas retomber, car j’ai trop à perdre maintenant. »

Au fil des années, Antonio a entre autres visité l’Inde, la Thaïlande, la Malaisie, la Roumanie, la Bulgarie, le Chili et la Colombie. Ses voyages lui ont permis d’observer différentes façons de vivre. « Ici, tu ne peux pas vivre à 100 % selon tes convictions, mais j’essaie le plus possible, assure-t-il. Quand je pars, c’est important de faire du bénévolat. Puisque je travaille pour voyager, j’ai moins le temps ici, mais il y a des travailleurs étrangers à mon restaurant et je fais ce que je peux pour leur donner du temps. »

Bien qu’il estime qu’il est « difficile de vivre en marge », il est heureux de travailler dans un domaine qui lui donne assez de flexibilité pour voir le monde et maintenant rendre visite à sa femme et sa fille le plus souvent possible. Il est conscient que sa vie changera certainement lorsqu’elles le rejoindront au Québec, mais il n’abandonnera pas ses principes. « Quand on était jeune, on se faisait dire qu’en vieillissant, on devait avoir la famille, la maison, l’auto... Je n’embarque pas dans ce moule. [...] Moi, je suis prêt pour une bataille de lutte des classes. »

Je tente d’accepter mon âge. Ça ne m’empêche pas de dormir, mais d’y réfléchir m’énerve. Dans ma tête, je n’ai pas 40 ans.

Antonio Farias