Coco Labbée est atteinte d’alopécie. Elle est chauve. Mais ça n’empêche pas la jeune mannequin québécoise de défiler à Paris. Désormais bien dans sa peau, elle veut sensibiliser la population à la diversité et encourager l’acceptation de soi.

Coco Labbée a défilé pour la première fois à la Semaine de la mode de Paris, le 3 mars dernier, pour le créateur Rick Owens. Une expérience incroyable pour la jeune mannequin québécoise de 24 ans.

« Le designer américain Rick Owens est tellement inspirant, il a toujours mis de l’avant les gens différents, les fortes personnalités. Il encourage la diversité, c’était formidable de le rencontrer », lance Coco Labbée, qui se trouve toujours à Paris, une ville qu’elle adore. « J’ai même croisé Rihanna qui était au défilé ! », ajoute-t-elle.

Coco Labbée, qui est chauve, souhaite parler de l’alopécie, qui est la perte de cheveux et de poils. « Ce n’est pas une maladie, je suis en parfaite santé, mon corps rejette mes cheveux, c’est tout », dit-elle.

  • Coco Labbée, mannequin québécoise

    PHOTO DS SANCHEZ, FOURNIE PAR L’AGENCE CHANTALE NADEAU

    Coco Labbée, mannequin québécoise

  • PHOTO GCALVINSTI, FOURNIE PAR L’AGENCE CHANTALE NADEAU

  • Égoportrait de Coco Labbée dans les coulisses du défilé de Rick Owens lors de la Semaine de la mode de Paris

    PHOTO FOURNIE PAR COCO LABBÉE

    Égoportrait de Coco Labbée dans les coulisses du défilé de Rick Owens lors de la Semaine de la mode de Paris

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Le problème, c’est qu’on associe les femmes chauves au cancer alors que les hommes chauves, on ne leur pose pas de questions. Des hommes chauves, on en voit partout, dans les magazines, dans les publicités, et ça fait longtemps qu’ils défilent sur les podiums !

Coco Labbée

Selon elle, le milieu de la mode est de plus en plus ouvert à la différence, même si certaines marques ne sont pas encore prêtes à afficher une femme comme elle dans leur campagne de publicité. « Peut-être est-ce difficile de s’identifier à moi ? Inconsciemment, les femmes chauves font peur et sont encore associées à la maladie », souligne celle dont la carrière prend un bel envol en ce moment. En plus de sa présence à la Semaine de la mode de Paris, elle a fait des séances photos pour la boutique SSENSE et pour le magazine de mode international Shön.

La jeune femme admire la mannequin canadienne Winnie Harlow, atteinte de vitiligo. « Elle est magnifique. Elle a sensibilisé les gens à sa condition, elle en parle, c’est un bel exemple. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

La mannequin Winnie Harlow au Grand Prix du Canada en 2018

Un lourd secret

Si Coco Labbée s’assume pleinement aujourd’hui, ça n’a pas toujours été le cas. Elle a perdu ses cheveux alors qu’elle était enfant, à 10 ans. Une épreuve qu’elle a trouvée très difficile. La jeune fille a longtemps évité les miroirs, a porté des perruques pendant quelques années et souffrait d’anxiété.

« Mes cheveux tombaient puis repoussaient, et tombaient à nouveau. J’avais des plaques chauves sur la tête, je les camouflais, j’ai vécu un stress pendant des années parce que j’avais toujours peur de perdre mes cheveux à nouveau », explique-t-elle.

Elle a gardé le secret sur son état pendant neuf ans. « C’est long, neuf ans, à ne rien dire, à se cacher, à ne pas s’assumer », dit-elle. C’est au cégep qu’elle a transformé cette différence en force. Elle a abordé le sujet sur les réseaux sociaux, puis a été invitée par l’organisme américain Children’s Alopecia Project à rencontrer d’autres jeunes comme elle. C’est là que tout a changé.

Ça m’a vraiment donné confiance, c’est comme si nous étions une communauté, nous les chauves, on se sentait à l’aise. Cet organisme a vraiment changé ma vie.

Coco Labbée

Née à Trois-Rivières, elle est partie vivre à Montréal à l’âge de 19 ans. Elle a commencé le mannequinat vers 18 ou 19 ans. « J’avais des cheveux et des plaques à l’époque, mais je me suis rendu compte finalement que j’allais lancer un message fort en étant chauve, et surtout, je me sens tellement mieux, c’est ce qui est important. Sans mon alopécie, être mannequin aurait moins de sens à mes yeux. »

S’accepter

« Je suis différente. J’ai une allure assez unique, ça peut être déstabilisant parfois d’entrer dans une pièce et s’apercevoir qu’il n’y a personne qui me ressemble. La mode est un milieu difficile. Je sais que mon casting est différent, j’amène autre chose et je dois me rappeler de ne pas me comparer aux autres mannequins même si on me parle souvent d’Ève Salvail. Elle se rasait la tête et elle a des tatouages », précise Coco Labbée.

En parallèle au mannequinat, Coco Labbée termine son baccalauréat à l’Université de Montréal en gestion, finances et communications. Elle espère que son histoire va aider les gens à s’accepter tels qu’ils sont. « C’est fou parce que je reçois de nombreux messages en ce moment de gens qui m’indiquent de nouveaux traitements pour faire pousser mes cheveux, mais ça ne m’intéresse tellement pas ! Je suis mieux que jamais, je suis heureuse comme je suis, je m’assume pleinement. »

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