(Paris) Le couturier Marc Bohan, qui a été le directeur artistique de Dior pendant près de trente ans (1961-1989), une longévité inégalée dans cette maison, est décédé, a-t-on appris vendredi auprès de la griffe de luxe.

Il est mort mercredi à l’âge de 97 ans, a précisé la marque, propriété du géant français du luxe LVMH.

« Il a, pendant près de 30 ans, veillé avec un infini respect sur l’immense héritage créatif laissé par Christian Dior, qu’il a su interpréter tant dans ses lignes de haute couture que de prêt à porter », a salué le patron du groupe, Bernard Arnault, dans une réaction transmise à l’AFP.

« Si cette flamme de l’exigence créative et artisanale française qu’il a patiemment et continûment entretenue brille aujourd’hui de par le monde, c’est, en grande partie grâce à lui », a-t-il encore loué.

Peu connu du grand public, sa personnalité a été éclipsée par celle, plus exubérante, de ses successeurs Gianfranco Ferré et John Galliano.

Maîtrise parfaite de la coupe, grand sens des proportions : il a fait du Dior conforme à l’esprit du fondateur.  

Surtout, il a permis l’ouverture de la griffe à de nouvelles clientèles grâce aux lancements des lignes de prêt-à-porter féminin « Miss Dior », enfant « Baby Dior » et masculin « Dior Monsieur ».  

Né à Paris le 22 août 1926, Marc Bohan se passionne dès son plus jeune âge pour le dessin et la mode, encouragé par sa mère qui était modiste.  

Il entre chez Christian Dior en 1957, chargé de la création des collections à Londres.  

Sa première collection, « Slim Look », pour le printemps-été 1961, célèbre une femme vêtue sans entraves, les jupes se raccourcissent, le tailleur devient dominant. Collection qui remportera un grand succès.

Il a longtemps été proche de l’écrivaine Françoise Sagan et de l’artiste Niki de Saint Phalle. Parmi ses autres grandes clientes, la duchesse de Windsor et l’impératrice Farah d’Iran, qu’il habille notamment pour le couronnement du shah en 1967.

Son style avait aussi séduit l’ex-première dame américaine, Jackie Kennedy, qui avait demandé à son couturier officiel Oleg Cassini de réaliser des copies de modèles de Dior.

À son départ en 1989, il devient directeur artistique de la maison londonienne Norman Hartnell, jusqu’en 1992.

Passionné d’opéra et de théâtre, il a créé de nombreux costumes de scène, collaborant notamment avec Luchino Visconti.

Il a obtenu, à deux reprises, le « Dé d’Or », récompense suprême pour un couturier, en 1983 et 1988.