(Paris) Orientalisme, ballet et folie des grandeurs ont marqué la semaine de la haute couture à Paris, qui présente les tenues les plus prestigieuses du monde de la mode, des créations uniques et sur mesure qui apparaîtront sur les tapis rouges et dans les galas.

Fendi, arrivée au paradis

La marche est éthérée, pleine de grâce chez Fendi, l’un des derniers rendez-vous de ces quatre jours de défilés printemps-été 2024, qui s’achèvent jeudi.

Les silhouettes, entre fourreaux métalliques et mousseline pastel, sont verticales, avec des bandeaux poitrines-épaules qui cachent ces silhouettes d’Eve.

Le jeu de transparence, en drapé qui glisse, laisse voir le corps, quand la robe ne devient pas simplement une maille prétexte à faire de la peau un bijou strassé à souhait.

L’infatigable Kim Jones, qui s’offre le luxe d’être à mi-temps chez Dior Homme et chez Fendi Couture, fait appel aux indispensables de la marque italienne, avec maxi-sacs baguettes et lunettes argentées.

Dunes du désert

PHOTO THOMAS SAMSON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les sultanes sont partout, notamment en voile et capuche de caftan parant la tête chez Stéphane Rolland.

Cette saison, les sultanes sont partout : en voile et capuche de caftan parant la tête chez Stéphane Rolland, en caftan ondulant, parées d’une traîne royale brodée chez Elie Saab, ou de broderies opulentes chez Zuhair Murad.

Armani a proposé un voyage entièrement imaginé, « de l’Occident à l’Orient », en pantalons vaporeux ou serrés aux chevilles. Tout comme Stéphane Rolland qui, du Bleu Majorelle aux caftans, a recréé l’ambiance d’une ballade ondoyante dans le désert marocain.

Chez Schiaparelli, défilé parmi les plus attendus, cette touche se retrouve en version futuristique, comme des héroïnes de Dune, une des sorties cinéma les plus attendues de l’année.

Alors, on danse ?

PHOTO GEOFFROY VAN DER HASSELT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Chanel a rejoint le bal des créations de mode inspirées de la danse et du ballet, avec des femmes gracieuses à l’allure juvénile, pimpantes en tulle rose ou col pierrot et coiffées de sages nœuds dans les cheveux.

Chanel a rejoint le bal des créations de mode inspirées de la danse et du ballet (le « balletcore »), avec des femmes gracieuses à l’allure juvénile, pimpantes en tulle rose ou col pierrot et coiffées de sages nœuds dans les cheveux.

« J’ai tâché de réunir la puissance et la finesse des corps et des vêtements dans une collection très légère, faite de tulle, de volants, de plissés et de dentelle », dit Virginie Viard, directrice artistique de la maison.

Chez Dior Couture, on retient, dans un mélange de tenues très distinguées, la coiffure : un chignon bas flou, quand l’ovale du visage est sublimé par un très chic et très Dior ruban fin de velours noir noué à la nuque.

Darjeeling unlimited

PHOTO GEOFFROY VAN DER HASSELT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Rahul Mishra s’est inspiré des insectes, avec d’énormes papillons de nuit et des abeilles scintillantes.

Rahul Mishra, qui éblouit le public depuis plusieurs années avec une vision idiosyncrasique de son Inde natale, s’est inspiré cette fois des insectes, avec d’énormes papillons de nuit et des abeilles scintillantes.

À l’ambassade d’Inde, la très discrète Vaishali S., la self-made woman la plus connue de la haute couture indienne, a présenté des tenues en plumes et tressages végétaux, avec des femmes pieds nus, comme habillées par les dieux de la nature.

Delirium couturier

PHOTO MIGUEL MEDINA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Chez Yuima Nakazato, le monde figé et aristocratique de la haute couture a eu sa dose de secousses, avec une performance autour du sang sur la scène blanche du Palais de Tokyo.

Chez Yuima Nakazato, créateur japonais féru d’expérimentation, le monde figé et aristocratique de la haute couture a eu sa dose de secousses, avec une performance autour du sang sur la scène blanche du Palais de Tokyo.

Le Français Franck Sorbier a tenté un « Chant des guérisseuses », sur fond de polyphonies corses et de tenues de gitanes chic, avec un cheval à l’accueil et un sol tapissé de foin qui mettait au défi la logistique du très petit et feutré studio Harcourt, dans le 16e arrondissement.

Enfin, l’un des spectacles de la semaine fut la performance de Julien Fournié, qui a rempli le théâtre Mogador pour son hommage aux vamps et femmes fatales perchées sur des talons vertigineux et laissé tomber le classique aller-retour sur le podium pour une performance groupée et dansée, hommage au cabaret.