Première skieuse nord-américaine à mettre la main sur une médaille olympique en descente, à Cortina d’Ampezzo en 1956, Lucile Wheeler Vaughan a dû se retirer de la compétition à 23 ans, les athlètes amateurs n’étant alors pas autorisés à recevoir toute forme de rémunération ou de commandite.

Le ski n’a toutefois jamais quitté sa vie. Même avec deux prothèses à la hanche, on peut l’apercevoir encore sur les pistes de l’Estrie, où elle est établie depuis de nombreuses années. « C’est comme si j’avais arrêté de vieillir à 60 ans », a-t-elle confié, il y a quelques années, à nos collègues Judith Lachappelle et Alexandre Sirois, auteurs du livre 80, 90, 100 à l’heure ! Un sentiment qui l’habite encore aujourd’hui.

Mûrir vite

« Mon père était à moitié américain, alors je suis allée à l’école dans le New Hampshire parce qu’il y avait un bon programme de ski à l’époque. Dès que je suis arrivée à l’école, où il y avait toutes sortes de règlements, j’ai senti que j’étais plus mature que les autres à cause de la vie que j’avais. J’avais été sélectionnée sur l’équipe olympique. Je venais d’avoir 17 ans. J’y suis donc allée [aux Jeux olympiques] et j’ai passé un moment merveilleux, et je pense que j’ai vraiment grandi pendant cette expérience. »

Vieillissement actif

« Il m’arrive de penser que je peux faire tout ce que j’avais l’habitude de faire. Mais mon corps me dit un peu autre chose. Je dois être raisonnable et j’essaie de rester aussi en forme que possible en faisant de l’exercice. Parfois, en vieillissant, on souffre un peu plus d’arthrite et de tout le reste. Et cela ralentit l’exercice ou les types d’exercice. Mais dans l’ensemble, j’ai beaucoup de chance. À 89 ans, je me sens encore capable de faire la plupart des choses, mais dans la limite du raisonnable. »

Son rapport à l’âge

« Je n’y ai pas beaucoup réfléchi. Je vois maintenant que lorsque quelqu’un fête ses 30 ans, c’est toute une affaire, mais pour moi, c’était juste avoir 30 ans. Même chose pour 40 ans. Cela ne m’a pas dérangée de fêter mes 50 ans. La seule fois où cela m’a dérangée, c’est quand j’ai eu 60 ans. J’ai alors réalisé que j’étais une personne âgée. Vous savez, c’est à ce moment-là que vous commencez à recevoir la pension du Québec et la pension fédérale. C’est la seule chose qui m’a dérangée, mais ça n’a pas duré trop longtemps parce que je continuais à jouer au golf et à skier. Je crois que j’ai essayé de ne pas m’en préoccuper. J’ai vu mon père qui avait du mal à vieillir et je me souviens d’un de ses employés, dont il était très proche, qui m’a dit : ‟Tu sais, ton père ne se souvient pas que d’autres ont vieilli bien avant lui.” C’est un processus naturel. »