Dans son esprit, Kim Thúy n’a pas d’âge. Elle a l’âge de la personne qui se trouve devant elle. Néanmoins, l’autrice s’entraîne à bien vieillir, une discipline qu’elle s’impose depuis une dizaine d’années.

L’âge des autres

« Quand je suis avec Noémie, la blonde de mon fils, j’ai 20 ans. Je suis encore dans ce rêve-là et je veux embarquer dans son projet [un projet d’économie sociale à Gatineau]. Le fait que Valmond [son autre fils] soit autiste, j’ai l’âge de Valmond, c’est-à-dire que je considère que j’ai encore un bébé avec moi. Et puis, je vis avec les parents de mon chum qui ont 86 et 89 ans et avec mes parents à côté de moi, qui ont à peu près le même âge. Je pense aussi en tant que personne âgée. »

Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait

« Je suis dans cette fenêtre où je suis assez vieille pour avoir un bagage de vie et encore assez jeune pour pouvoir agir. J’ai encore la flexibilité de la jeunesse dans le sens où physiquement, je suis capable de me suivre, parce que le corps ne suit pas toujours. Mais aussi, la jeunesse en ce sens où j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Je suis encore émerveillée et je pense que je le serai jusqu’à la fin de mes jours. »

S’entraîner à bien vieillir

« Je travaille sur moi depuis 10 ans pour savoir comment bien vieillir, et quand je dis bien vieillir, c’est comment accepter qu’on ait de moins en moins de facultés et comment faire le plus qu’on peut avec ce qu’il nous reste ? Je m’interdis par exemple de chialer parce que j’ai peur que lorsque je vais vieillir, que je n’aurai plus ma tête et que me lever sera difficile, mon réflexe serait peut-être de chialer, d’être désagréable avec mon environnement. C’est une discipline de toujours regarder la vie du côté positif pour que même quand je n’aurai plus ma tête, mon corps se place dans le point positif. »

Se placer dans la lumière

« Quand on vit dans un pays en guerre, en chaos, et après ça, dans un camp de réfugiés, si on ne cherche pas le côté positif des choses, si on ne se place pas dans cette lumière, on meurt, on n’essaie plus, on se laisse aller. La beauté de l’instinct de survie, c’est que l’instinct de survie nous place tout de suite dans cette lumière pour qu’on puisse continuer à avancer. »

Lisez le texte « Le temps qui se conte », de Kim Thúy