(Montréal) Une nouvelle plateforme de recherche pancanadienne dirigée par une pédiatre du CHU Sainte-Justine voit le jour afin de mieux comprendre les impacts de la COVID-19 sur les enfants.

La plateforme POPCORN (« Pediatric outcome improvement through coordination of research networks ») a obtenu une subvention de 6,7 millions des Instituts de recherche en santé du Canada, annoncée lundi par le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos.

« Cette plateforme va soutenir les équipes de recherche dans les hôpitaux pédiatriques à travers le pays et va faciliter le transfert et l’usage d’informations pour assurer une meilleure coordination des résultats de recherche », a expliqué M. Duclos en conférence de presse, au CHU Sainte-Justine à Montréal.

L’initiative qui regroupera une centaine de chercheurs cliniciens en santé pédiatrique de 16 établissements au Canada sera orchestrée par la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue connue du grand public alors qu’elle intervient régulièrement dans les médias depuis le début de la pandémie.

Les chercheurs pourront répondre aux questions identifiées par les décideurs ainsi que celles des parents et des jeunes.

« POPCORN pourra traiter du fardeau de la maladie associée aux nouveaux variants du SARS C0V-2 et aux impacts de la maladie pour nos enfants avec des conditions médicales les rendant vulnérables aux complications », a détaillé la Dre Quach.

La plateforme pourra également évaluer si les mesures mises en œuvre pour contrôler la transmission ont entraîné « des dommages collatéraux, incluant les impacts sur le développement de l’enfant, leur apprentissage et leur santé mentale », a-t-elle ajouté.

La mère d’un garçon atteint d’un syndrome inflammatoire est venue témoigner de l’importance d’avoir ces recherches. Le début de la pandémie a été source d’inquiétudes pour la famille de Valérie Roy, tandis que peu d’informations circulaient concernant les effets de la COVID-19 sur les jeunes vulnérables.

Le personnel du CHU Sainte-Justine a répondu « aux mille et une questions » de la famille et a pu intervenir lorsque son fils aujourd’hui âgé de 19 ans a été infecté dernièrement par le virus, a relaté Mme Roy.

« Mon enfant a eu la chance d’avoir un médicament pour adultes. J’espère que les autres auront la chance avec les recherches de la Dre Quach d’avoir un meilleur accompagnement et de meilleures connaissances pour qu’ils puissent avoir une enfance la plus normale possible », a-t-elle commenté.

« Ils ont une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, qui peut avoir des conséquences très importantes. Kory est resté avec de la fatigue, mais on ne le sait pas s’il peut rattraper la COVID-19. On a encore des questions », a poursuivi Mme Roy.

Une « zone d’ombre »

Dre Quach a indiqué que de façon générale la COVID-19 « est une maladie qui est relativement bénigne en pédiatrie », avec peu d’enfants hospitalisés. Cependant, une « zone d’ombre » demeure sur les complications à plus long terme, ce qu’on appelle la COVID longue.

« Il semble y avoir une certaine proportion d’enfants qui vont développer des symptômes qui vont durer au-delà de 12 semaines, mais le pourcentage d’enfants qui en souffrent semble beaucoup moindre que chez les adultes », a évoqué la spécialiste.

Les chercheurs de POPCORN vont d’ailleurs suivre durant au moins une année deux groupes de jeunes qui présentent des syndromes ressemblant à la COVID-19, précise Dre Quach.

Ils prévoient fournir des données probantes qui permettront une meilleure prise de décision contre la COVID-19, mais aussi face à d’autres pandémies ou urgences sanitaires.

La Dre Quach a affirmé que la vision de l’équipe est d’étendre le travail de ce réseau de chercheurs à d’autres enjeux sur le plan pédiatrique.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.