Le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, espère que l'on se souviendra du Tour de France 2008 comme celui de la victoire sur les tricheurs. La Grande Boucle, remportée par l'Espagnol Carlos Sastre, a été marquée cette année par l'exclusion de trois coureurs contrôlés positifs à l'EPO, un produit utilisé par le boss de Sastre à la CSC, le Danois Bjarne Riis, lors de son succès sur les routes de France en 1996.

L'Italien Riccardo Ricco a été le plus gros poisson serré cette année après avoir enthousiasmé ses supporters avec ses raids dans les Pyrénées. Mais les fans ont déchanté quand ils ont appris que ses performances étaient grandement améliorées par l'EPO.

«Nous sommes bien évidemment dans une période de transition, de refondation, juge Prudhomme. Dans quelques mois, j'espère que nous pourrons dire que le Tour de France 2008 a été celui de la bascule.»

Les deux Tours précédents avaient été secoués par des scandales de dopage. L'an passé, le leader de l'équipe Astana, le Kazakh Alexandre Vinokourov, avait été exclu après avoir été reconnu coupable d'avoir reçu une transfusion sanguine homologue. Son équipe avait quitté la course, suivie par la formation Cofidis, dont le coureur italien Cristian Moreni avait été pris pour un contrôle positif à la testostérone. L'espagnol Iban Mayo, qui portait les couleurs de la Saunier Duval, avait été testé positif à l'EPO, mais les résultats de ses analyses avaient été annoncés après la course.

«Nous étions contents qu'Astana ne reste pas», a expliqué samedi Prudhomme lors d'un entretien avec quelques journalistes. La décision des organisateurs de ne pas inviter Astana cette année a condamné le tenant du titre espagnol Alberto Contador à rester chez lui.

Après le contrôle positif de Ricco, son équipe, Saunier Duval, s'est retirée de la course et les commanditaires de la formation ont mis un terme à leur collaboration.

«Saunier Duval est partie, ça nous allait bien», a commenté Prudhomme, en

référence au directeur de l'équipe, Mauro Gianetti, pas au commanditaire.

La course avait touché le fond l'an passé, quand le leader danois Michael Rasmussen avait été exclu par sa propre équipe, la Rabobank, quelques jours avant l'arrivée. Il avait menti sur ses lieux d'entraînement et avait manqué des contrôles d'avant-course.

«La différence fondamentale est que Ricco a été pris et que Rasmussen ne l'a jamais été», a souligné Prudhomme.

Il y a deux ans, l'Américain Floyd Landis avait annihilé un gros handicap pour battre l'Espagnol Oscar Pereiro après un numéro en solitaire proche de ceux de Ricco, avant d'être déchu de son titre pour un contrôle positif à la testostérone. A seulement 24 ans, Ricco semblait taillé pour le succès au cours des années à venir s'il n'avait pas été attrapé.

Avant même le départ du Tour 2006, les favoris d'avant-course - l'Allemand Jan Ullrich et l'Italien Ivan Basso - avaient été exclus en raison de leur implication dans l'Opération Puerto, un scandale de dopage de grande envergure parti d'Espagne.

Cette année, en raison du conflit entre les organisateurs et la fédération internationale de cyclisme, les contrôles ont été réalisés par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) de Pierre Bordry. Les tests ont permis de confondre Ricco et les Espagnols Manuel Beltran et Moises Duenas Nevado.

«Il est évident que la lutte antidopage a fait des progrès, a jugé Prudhomme. La différence entre ceux qui trichent et ceux qui les traquent s'est amenuisée. Il ne faut pas s'emballer, mais le système mis en place avec l'AFLD, une agence indépendante, et nous qui ne sommes pas juge et partie, m'a plu. J'espère que les organisations qui sont en charge de ce combat ont la même détermination que l'Agence française de lutte contre le dopage sur ce Tour. Le rôle de l'AMA est absolument crucial.»