Marie-Pier Boudreau-Gagnon n'a qu'une grande crainte vis-à-vis les Jeux du Commonwealth de New Delhi: les rats. Pour s'en prémunir, elle mettra dans son bagage une sonde à ultrasons pour éloigner les petits rongeurs. Pour le reste, la nageuse synchronisée anticipe ces Jeux avec joie, excitation et l'intention d'y décrocher deux médailles d'or.

«Personnellement, je n'ai vraiment pas peur», a insisté Boudreau-Gagnon, mercredi midi, après un entraînement à la piscine olympique.

En dépit de rapports alarmants en provenance de New Delhi, où les Jeux doivent s'amorcer le 3 octobre prochain, et à moins d'un avis contraire de la part des dirigeants canadiens, Boudreau-Gagnon et une demi-douzaine d'athlètes interrogés se disent prêts à mettre le cap vers l'Inde.

«Au pire, on couchera à la piscine!» a lancé la nageuse Victoria Poon, qui s'envole jeudi matin vers Singapour pour un camp préparatoire. «En autant que la piscine soit prête, on est prêts à prendre le départ.»

À l'heure actuelle, il semble que tout ne soit pas au point dans la capitale de l'Inde. Mercredi, Jeux du Commonwealth Canada (JCC) a retardé de deux jours le départ de l'équipe féminine de hockey sur gazon et de deux tireurs, jugeant que le Village des athlètes n'étaient pas prêts à les recevoir. Plusieurs délégués techniques ont également repoussé leur voyage. Scott Stevenson, directeur du sport de JCC, a cité des problèmes de «finition» et de «nettoyage».

«S'il le faut, j'amènerai du détergent et j'irai nettoyer moi-même!», a dit Chloé Isaac, partenaire de Boudreau-Gagnon dans l'épreuve en duo. «J'ai toujours voulu participer aux Jeux du Commonwealth. Je serais profondément déçue de ne pas pouvoir y aller.»

Des inquiétudes quant à la sécurité ont été soulevées depuis quelques jours. Quelques athlètes de pointe ont déclaré forfait, dont le champion du monde de triple saut, le Britannique Philipps Idowu.

Mardi dernier, un pont piétonnier en construction jouxtant le stade principal s'est effondré, blessant 27 travailleurs, dont cinq sérieusement. Une partie d'un faux-plafond dans la bâtisse de l'haltérophilie s'est aussi écroulée, selon La Presse Canadienne. La mousson tardive a favorisé l'éclosion d'un virus de la dengue (maladie transmise par les moustiques). Deux touristes ont été blessés lors d'une fusillade près d'un temple populaire auprès des touristes, dimanche dernier.

Par mesure de sécurité, les membres de l'équipe canadienne de plongeon ont reçu la directive de ne pas porter leurs vêtements aux couleurs du Canada lors du voyage entre leur camp du Qatar et l'Inde.

À la veille de ses quatrièmes Jeux du Commonwealth, le plongeur Alexandre Despatie ne s'en fait pas trop, tout en reconnaissant que les athlètes ne s'en vont «pas là-bas dans des conditions idéales».

Comme sa coéquipière Émilie Heymans, il rappelle que des préoccupations similaires avaient émergé à la veille des Jeux olympiques d'Athènes, en 2004, et ceux de Pékin, en 2008.

«Ça peut arriver qu'il n'y ait pas de fleurs ou d'arbres, mais le nécessaire sera là» a prédit Despatie. «Si (l'Inde) ne pouvait pas fournir le minimum requis, (elle) n'aurait pas gagné la présentation des Jeux. Si c'est malpropre ou invivable, les bonnes décisions seront prises pour nous.»

Heymans se désolait pour sa part de ne pas pouvoir visiter davantage l'Inde en raison d'un horaire de voyage et de compétition très serré. «Depuis le début, on savait que la situation serait un peu différente», a-t-elle souligné. Les plongeurs arriveront trois jours avant le début des compétitions et repartiront au lendemain de la dernière épreuve, le 14 octobre, avant la présentation de la cérémonie de clôture. «Ils veulent qu'on reste là-bas le moins longtemps possible.»

Jeux du Commonwealth Canada suit la situation de près. «Nous travaillons de manière prudente, continue et assidue avec une vaste gamme d'agences, d'organismes, d'organismes gouvernementaux et de professionnels de la sécurité afin de se tenir au courant de tous les aspects liés à l'organisation des Jeux et de l'environnement qui affectent le bien-être de nos membres», a écrit Andrew Pipe, président de JCC, dans une lettre qu'il a fait parvenir mardi à tous les dirigeants des fédérations concernées.

En attendant, Marie-Pier Boudreau-Gagnon se croise les doigts: «Les athlètes, on voyage à travers le monde. Il faut être ouvert à toutes les cultures. Ce sera un avantage d'avoir vu l'Inde. C'est un pays à voir.»

Photo: AP

Mardi dernier, un pont piétonnier en construction jouxtant le stade principal s'est effondré, blessant 27 travailleurs, dont cinq sérieusement.