C'est son adversaire nigériane que l'haltérophile Marilou Dozois-Prévost craignait avant tout, mardi, dans les heures qui ont précédé sa victoire chez les 53 kg aux Jeux du Commonwealth. Elle aurait plutôt dû se méfier de l'état de son coude.

Sa technique à l'arraché déréglée par sa peur d'aggraver davantage une blessure au bras, Dozois-Prévost s'est rachetée à l'épaulé-jeté, devenant la première athlète du Québec à remporter une médaille d'or aux Jeux de New Delhi, en Inde.

Il ne s'agissait toutefois pas de la première médaille des Jeux pour la Belle Province. Cynthia Lemieux-Guillemette, de Saint-Hubert, et Catherine Dion, de Gatineau, faisaient partie de la formation canadienne qui a décroché le bronze dans l'épreuve par équipes de gymnastique artistique, plus tôt mardi.

Dozois-Prévost, une Montréalaise de 24 ans qui avait terminé 10e chez les 48 kg aux Jeux olympiques de Pékin, a amélioré d'un rang sa performance des derniers Jeux du Commonwealth. À Melbourne, en 2006, elle avait raflé l'argent.

Elle a signé la victoire grâce à une levée de 82 kg à l'arraché et de 100 kg à l'épaulé-jeté. Azike a obtenu l'argent avec un total de 180 kg tandis que la Malaisienne Raihan Yusoff est montée sur la troisième marche du podium (175 kg).

Pendant que Onyeka Azike, du Nigéria, commettait des erreurs stratégiques et ratait une dernière levée qui aurait pu lui donner le premier rang provisoire, Dozois-Prévost a dû composer avec une douleur intense au coude. Le mal avait commencé à se faire sentir aux récents championnats du monde en Turquie.

«C'était juste une tendinite, aucun ligament n'était atteint et ce n'était pas si mal, jusqu'à ce qu'une douleur intense apparaisse (mardi) matin, a indiqué Dozois-Prévost. Le résultat, c'est que j'avais tellement peur d'aggraver ça encore plus que ça vraiment mal été à l'arraché. J'avais peur de tout donner.

«En revanche, ça m'a incité à redoubler de concentration à l'épaulé-jeté. Et on dirait que cela a eu comme avantage qu'il me restait plus de jus pour cette phase-là.»

Dozois-Prévost a trouvé émouvant d'entendre l'hymne national, qu'on jouait pour elle pour la première fois lors d'une compétition internationale d'importance.

«C'était émouvant à cause des circonstances, parce que Simon (Demers-Marcil), mon entraîneur et copain, en sera à ses derniers jeux parce qu'il a été accepté en médecine», a-t-elle expliqué.

Il s'agira fort probablement de la première d'une série de médailles pour l'équipe canadienne d'haltérophilie en Inde. Christine Girard, de Rouyn-Noranda, sera parmi les favorites chez les 69 kg, vendredi, tout comme Marie-Ève Beauchemin-Nadeau, de Candiac, chez les 75 kg, samedi.

«Cinq de nos sept filles devraient monter sur le podium», a avancé Dozois-Prévost.

Une 3e place méritée

En gymnastique, les Canadiennes, qui ont totalisé 154,750 points, ont terminé respectivement derrière les Australiennes (163,700) et les Anglaises (158,200).

À noter que l'Australie a délégué en Inde les mêmes gymnastes qui se rendront aux championnats du monde, actuellement en cours, ce qui n'est pas le cas de l'Angleterre et du Canada. Ces deux pays ont préféré garder leurs munitions pour les mondiaux et envoyer des espoirs à New Delhi.

«Nous sommes contentes, c'est une troisième place méritée, a commenté Lemieux-Guillemette. Nous avons toutes fait du bon travail au sol, mais nous n'avons pas suivi au cheval d'arçon. Nous avons connu des difficultés aux barres, mais nous nous en sommes quand même bien tirées. Et nous avons tenu bon à la poutre, qui est une discipline difficile à faire en dernier puisque c'est là, le plus souvent, qu'on risque de chuter.»

Lemieux-Guillemette disputera plusieurs autres épreuves cette semaine, mais elle mise surtout sur la compétition à la poutre pour ramener une médaille des Jeux.

«Je me suis qualifiée au quatrième rang à la poutre (mardi), mais il va falloir une routine parfaite, que j'atteigne toutes mes marques», a commenté la gymnaste de 20 ans.

Petite journée en natation

Le Canada n'a récolté aucune médaille en natation, mardi. Il faut dire qu'on s'y attendait un peu, aucun des nageurs canadiens inscrits n'ayant disputé son épreuve de prédilection.

Le Montréalais de 22 ans Charles Francis a terminé 7e de la finale du 50 m dos avec un temps de 25,87 secondes, à 1,25 du vainqueur, l'Anglais Liam Tancock. Ce dernier a réédité son propre record des Jeux du Commonwealth.

«C'est pas mal près de ce que j'ai fait aux Championnats pan-pacifiques, alors c'est de bon augure pour les autres courses, a dit le Montréalais de 22 ans, qui lorgne plutôt le 200 m dos de mercredi.

«Je suis satisfait du temps, mais peut-être un peu moins de mon arrivée au mur. J'ai mal vu le drapeau parce que mes lunettes étaient un peu embuées.»

Katerine Savard, de Pont-Rouge, a fini 7e de la finale du 50 m papillon, avec un temps de 27,21, à 0,57 seconde de la gagnante, l'Anglaise Francesca Halsall.

«Je suis un peu déçue parce que j'ai réussi un temps plus lent que (lundi)», a dit l'espoir de 17 ans, qui avait réussi un sommet personnel de 26,96 en demi-finale, la veille.

«Mais je n'avais rien à perdre ici, alors c'est correct comme résultat.»

Les chances de médailles à la piscine seront meilleures mercredi, notamment dans le cas de la Lasalloise Victoria Poon. Celle-ci s'est qualifiée pour la finale du 100 m libre en réalisant le deuxième temps des demi-finales, mardi. La Montréalaise Geneviève Saumur n'a pas réussi à se qualifier.