Choisir les meilleurs directeurs généraux de la Ligue nationale de hockey est un exercice complexe et surtout très subjectif. Il faut tenir compte d'une foule de facteurs: vision à long terme, performance de l'équipe, gestion du plafond salarial, réalisations passées. Il n'y a pas de barèmes clairs. Je me mouille quand même aujourd'hui et vous livre ma première liste des 30 DG de la LNH, une expérience que je compte répéter annuellement.

D'abord, quelques mises en garde. Certains jeunes directeurs généraux promis à un brillant avenir, comme par exemple Steve Yzerman, sont un peu loin sur la liste parce que, si leurs premières décisions semblent prometteuses, il est trop tôt pour porter un jugement définitif. Idem pour Joe Nieuwendyk à Dallas. Une certaine réserve s'imposait.

Rick Dudley est dans le top cinq même s'il est à la tête des Thrashers depuis moins d'un an, mais sa feuille de route en carrière, notamment avec le Lightning de Tampa Bay à l'époque (il a orchestré les arrivées de Martin St-Louis et de Nikolai Khabibulin, entre autres), a pesé dans la balance.

Glen Sather, des Rangers de New York, s'améliore, mais pas au point de percer le top 15 parce que ses gaffes passées sont trop nombreuses.

Lou Lamoriello et Brian Burke ont déjà été de grands directeurs généraux. Mais leur travail est plutôt lamentable depuis quelques années. Ils sont très loin dans mon classement parce qu'ils ont commis trop de bourdes récemment. Idem pour Darryl Sutter, qui semble incapable d'empêcher son navire de couler.

Le repêchage constitue évidemment une portion importante de l'équation. Le directeur général n'a généralement pas le temps de s'en mêler, mais c'est lui qui constitue son équipe de dépisteurs et qui la défait lorsqu'elle ne fait pas le travail.

1-Ken Holland, Detroit

Un véritable bâtisseur. Son club est dominant d'une saison à l'autre parce que structuré. Holland construit son équipe comme un puzzle. Chaque pièce a un rôle précis à jouer. La réputation des recruteurs de l'équipe n'est plus à faire.

2-Peter Chiarelli, Boston

Il a vite replacé les Bruins à la suite des bêtises de son prédécesseur. L'arrivée de Zdeno Chara et Marc Savard a solidifié les bases. L'acquisition de Tuukka Rask est un vol. Comme tous ces choix volés aux Leafs pour Phil Kessel.

3-Paul Holmgren, Philadelphie

Les Flyers étaient au dernier rang de la LNH lorsqu'on a congédié Bob Clarke et nommé Holmgren DG... par intérim. Depuis, il n'a jamais eu peur d'effectuer des échanges pour relancer cette organisation et les victoires prouvent son efficacité.

4-Doug Wilson, San Jose

Il a obtenu Joe Thornton, Dan Boyle et Dany Heatley sans toucher à son noyau. Depuis, les Sharks sont dominants. Ne manque qu'une Coupe Stanley.

5-Rick Dudley, Atlanta

Il n'a pas mis de temps à revamper les Thrashers à la suite d'une série d'échanges avec les Blackhawks. L'arrivée de Dustin Byfuglien et Andrew Ladd a transformé l'équipe. L'éminence grise qui oeuvrait dans l'ombre de Dale Tallon à Chicago. Il était temps qu'on lui redonne une position de pouvoir.

6-Dean Lombardi, Los Angeles

Un visionnaire qui a choisi de rebâtir les Kings de Los Angeles avec des jeunes plutôt que de laisser l'organisation tourner en rond. Il avait fait le même travail avec les Sharks auparavant.

7-Ray Shero, Pittsburgh

On pourrait dire qu'il a la vie facile avec Crosby, Malkin, Staal, Fleury, tous repêchés parmi les deux premiers, mais il a su bien entourer ses stars pour atteindre deux fois la finale de la Coupe Stanley et en gagner une. Il a fait du bon travail pour revamper sa défense cet été.

8-David Poile, Nashville

Avec un budget limité, il parvient à rendre les Predators compétitifs à chaque saison. Un modèle de stabilité puisqu'il n'a jamais changé son entraîneur. On repêche également très bien à Nashville.

9-Mike Gillis, Vancouver

Il aurait pu faire maison nette à son arrivée. Il a choisi de garder l'entraîneur Alain Vigneault et le recruteur en chef Ron Delorme. Les Canucks sont à deux doigts d'un championnat. La patience est la vertu des bons DG.

10-Pierre Gauthier, Montréal

Il fallait beaucoup d'audace pour préférer Carey Price à Jaroslav Halak. Gauthier n'est pas l'ami des journalistes comme peut l'être Brian Burke à Toronto, mais il sait comment bâtir les fondations d'une organisation. Il l'a prouvé à Anaheim et Ottawa.

11-George McPhee, Washington

Il a pris la décision de reconstruire son club en 2004 en liquidant ses vétérans et le travail a porté ses fruits. Les Capitals constituent une puissance depuis deux ans, ne leur reste plus qu'à prolonger leur saison au printemps.

12-Don Maloney, Phoenix

Libéré des suggestions de Wayne Gretzky, Maloney, longtemps avec les Rangers, a relancé cette organisation moribonde. Sa meilleure décision aura été d'embaucher Dave Tippett et Dave King à titre d'entraîneurs, et d'obtenir le gardien Ilya Bryzgalov au ballottage.

13-Greg Sherman, Colorado

Patrick Roy a refusé l'offre de l'Avalanche et on s'est tourné vers cet illustre inconnu. Sherman a embauché le gardien Craig Anderson pour une chanson, réussi à liquider Ryan Smith et maintenant Scott Hannan, donné une structure à cette équipe. L'Avalanche, à la surprise générale, gagne plus de matchs qu'il n'en perd depuis son arrivée.

14-Steve Yzerman, Tampa Bay

Il semble avoir pris toutes les bonnes décisions jusqu'ici, si ce n'est l'embauche du défenseur Pavel Kubina. L'entraîneur Guy Boucher a un impact certain sur les performances de l'équipe et l'organisation semble enfin avoir une direction. On ne peut l'inclure dans le top 10 après seulement quelques mois en poste mais il pourrait grimper rapidement au classement d'ici quelques années.

15-Darcy Regier, Buffalo

Un peu comme David Poile à Nashville, il réussit à se débrouiller avec les moyens du bord grâce à son flair et à de judicieux choix au repêchage de la part de ses recruteurs. Et il prône lui aussi la stabilité derrière un banc. Mais les Sabres ont moins de succès que Nashville depuis deux ans.

16-Jim Rutherford, Caroline

Les Hurricanes offrent un rendement en dents de scie au fil des années, et ils arrivent à connaître de bonnes saisons grâce à leur noyau constitué d'Eric Staal et Cam Ward. Il réalise des échanges inexplicables, comme Jack Johnson pour deux vétérans, puis surprend avec des petits coups de maître comme l'acquisition de Joni Pitkanen et Jussi Jokinen, entre autres. Plus de positif que de négatif dans son cas.

17-Joe Nieuwendyk, Dallas

Il a eu quelques décisions audacieuses à prendre, dont celles de ne pas renouveler les contrats de Mike Modano, Jere Lehtinen et Marty Turco. Il s'est trouvé un nouveau gardien en Kari Lehtonen sans payer un prix exorbitant. Son entraîneur Marc Crawford fait le travail. Pourrait atteindre le top 10 d'ici un an ou deux si les Stars continent de gagner.

18-Stan Bowman, Chicago

Il a hérité d'un club déjà construit. Et les jeunes premiers du club, Toews, Kane et Keith en tête, lui ont procuré une première Coupe Stanley. Le fils de Stan a eu des décisions douloureuses à prendre cet été à cause du plafond salarial et on verra d'ici quelques années s'il a fait les bons choix.

19-Glen Sather, New York

Il a enfin compris, un peu tard direz-vous, que la relance des Rangers passait par les jeunes et le repêchage. On commence à liquider les hauts salariés et on voit émerger les Stepan, Del Zotto, Callahan, Anisimov, Dubinsky, Staal et compagnie. Sather devrait grimper au classement éventuellement, pas chuter.

20-Dale Tallon, Floride

Tallon a fait de bons et de mauvais coups à Chicago. Il a bien développé les jeunes, mais accordé des contrats ridicules à Cristobal Huet et Brian Campbell, de sorte que son successeur a eu à sacrifier des Byfuglien et des Ladd. Il a choisi la reconstruction en Floride, une bonne idée. Espérons qu'il ne répète pas ses erreurs.

21-Steve Tambellini, Edmonton

Les Oilers ont de l'avenir, entre autres parce qu'ils ont pu repêcher Taylor Hall au premier rang après une saison atroce. L'acquisition du défenseur Ryan Whitney est géniale. On verra maintenant comment ce club progressera.

22-Scott Howson, Columbus

Les Blue Jackets ne progressent pas depuis leur entrée dans la LNH. Il y a une certaine lueur d'espoir avec Howson, qui vient de nommer un nouveau personnel d'entraîneur. Si Columbus grimpe au classement, il grimpera lui aussi.

23-Doug Armstrong, St. Louis

Il vient d'entrer en poste et l'une de ses premières décisions aura été d'acquérir Jaroslav Halak et de lui accorder un lucratif contrat de 15 millions sur quatre ans. Il s'est aussi départi des vétérans Paul Kariya et Keith Tkachuk. Armstrong hérite de bases solides grâce au travail de recrutement de Jarmo Kekalainen. À lui de faire progresser ce club qu'on attend depuis quelques années.

24-Chuck Fletcher, Minnesota

Jouissait d'une réputation très favorable dans le milieu lors de son embauche. Mais rien de transcendant pour l'instant. A-t-il choisi le bon entraîneur? L'embauche de Martin Havlat était-elle nécessaire? Un peu victime du manque de relève au Minnesota.

25-Lou Lamoriello, New Jersey

Lamoriello est l'un des grands bâtisseurs de l'histoire de la LNH. Malheureusement, son bilan est affreux depuis quelques années et le plafond salarial semble beaucoup l'embêter. Si on analyse la situation froidement, il n'y a pas de relève à Martin Brodeur, la défense est suspecte et le club est bourré de vétérans surpayés, dont Brian Rolston et Jason Arnott. Le propriétaire des Devils a aussi à accepter une bonne part du blâme parce qu'il voulait Ilya Kovalchuk à tout prix.

26-Bob Murray, Anaheim

Murray a hérité d'une organisation à la dérive. De toute évidence, Brian Burke a quitté le bateau à temps. Il y a quelques joyaux, comme Ryan Getzlaf, Corey Perry et Bobby Ryan, mais pas beaucoup de profondeur à Anaheim. On verra si Murray est un bon constructeur d'équipe. À Chicago à l'époque, ça n'avait pas été très concluant.

27-Brian Burke, Toronto

À la défense de Burke, l'organisation était dans un état lamentable à son arrivée. Mais il n'a pas amélioré les choses, au contraire. Sacrifier deux choix de première ronde et un choix de deuxième pour obtenir Phil Kessel, un joueur unidimensionnel et un individualiste, constituait une bourde épouvantable et un net recul dans la reconstruction de l'équipe. Il a beaucoup trop payé pour Tyler Bozak et Colby Armstrong et sa défense, bien que robuste, est plutôt gauche. C'est Burke qui déclarait il y a quelques années au magazine Hockey News qu'il choisirait Dion Phaneuf avant Crosby et Ovechkin pour relancer son organisation...

28-Bryan Murray, Ottawa

Trop de solutions à court terme, trop de congédiements d'entraîneurs, de trop lourds contrats à des vedettes vieillissantes comme Gonchar et Kovalev, mauvais choix de gardiens, manque de vision.

29-Garth Snow, Long Island

À l'image de son propriétaire, manque de sérieux, de patience et de rigueur. On ne voit pas la lumière au bout du tunnel à Long Island malgré la présence de John Tavares.

30-Darryl Sutter, Calgary

Sutter a déjà été bon. Il ne l'est plus. Des échanges insensés, des recruteurs médiocres, les Flames n'ont pas d'avenir et le présent n'est pas très joli non plus. Il vit sur du temps emprunté avec les Flames.