Après avoir abandonné les concours de force en 2008, le Québécois Hugo Girard fait un retour à la compétition. Mais plutôt que de tenter de reconquérir le titre d'homme le plus fort du monde, l'athlète de 40 ans enfilera plutôt son «speedo» pour participer à une épreuve de culturisme à la fin du mois de mars. Un changement radical qui demande énormément de discipline à ce colosse de 145 kilos (319 lb) et 6'1 (1,85 m).

«Je n'ai plus besoin d'être fort. J'ai juste besoin d'avoir l'air fort! L'esthétique passe maintenant avant l'aspect fonctionnel des muscles. Je travaille un peu comme un sculpteur, pour tenter de mieux définir mon corps», résume Girard.

À première vue, un tel changement de carrière peut sembler simple pour un athlète comme Girard. Mais il exige au contraire une modification radicale de son entraînement, et surtout, de son alimentation. «Je m'entraîne avec des charges moins lourdes. Je fais plus de répétitions et je me donne moins de temps de repos», résume l'athlète de Québec, qui s'entraîne six jours par semaine à raison de deux séances d'une heure chaque jour.

En le voyant soulever une barre de 365 livres (165,5 kg)au-dessus de sa tête, difficile de croire que Girard lève maintenant des charges «moins lourdes». C'est pourtant le cas. En plus de solliciter chaque jour un groupe de muscles différent, Girard fait aussi un peu d'exercices cardiovasculaires. «Je fais de la machine elliptique. C'est moins dur sur les articulations», dit-il.

Girard doit également suivre un régime strict et hyper protéiné. Chaque jour, il ingère 10 blancs d'oeufs, deux boîtes de thon et deux tasses de framboises pour déjeuner, 250 grammes de viande, 2 tasses (230 g) de légumes et 200 grammes de patates douces pour dîner et 300 grammes de viande et 4 tasses (460 g) de légumes pour souper. À travers tout ça, il doit avaler 4 collations composées de 250 grammes de viande et de 2 tasses de légumes. Les féculents? Aucun. L'alcool? Non plus. Mais il boit environ 6 litres d'eau par jour et complète son menu avec des suppléments fabriqués au Québec par ses deux compagnies: XPN et Crazy Nutrition. «C'est dur parce que je mange beaucoup moins que quand je faisais des compétitions de force. J'ai tout le temps faim», affirme-t-il. Mais seul ce régime draconien lui permettra de «brûler les gras accumulés depuis des années» et tenter de briller dans sa première compétition de culturisme.

Se recycler

Au début des années 2000, Hugo Girard a remporté plusieurs succès sur la scène internationale dans des concours d'hommes forts. Il a été nommé l'homme le plus fort du Canada de 1999 à 2004. Il a également accompli plusieurs exploits, comme tirer un avion à mains nues et soulever «le poids de Louis-Cyr (78 kilos)», 22 fois au-dessus de sa tête.

Mais en 2008, Girard a quitté la compétition. Son corps était usé par toutes ces années à soulever des charges titanesques. «J'avais eu des blessures au tendon d'Achille, aux tendons rotuliens et aux aines. J'avais des maux de dos et d'articulations, témoigne-t-il. J'ai 40 ans. Il faut que j'en tienne compte. Je suis plus courbaturé quand je me lève le matin. Mon temps de récupération est plus long.»

Amoureux de l'entraînement, carburant à la compétition, Girard a eu l'idée de tenter une percée dans le monde du culturisme, car «l'entraînement est moins dur pour le corps». Il estimait aussi qu'il s'agit d'une belle occasion de promouvoir les produits de sa compagnie de suppléments. «J'essaye de convaincre les gens d'avoir un mode de vie sain, dit-il. Et je m'entraîne de toute façon. Aller dans le monde du culturisme, ça me donne l'occasion de continuer de me dépasser en plus de promouvoir mes produits.»

Le 31 mars, Girard participera à la compétition Québec Open à Saint-Jean-sur-Richelieu dans la catégorie des «super lourds» (225 livres et plus). Il dit n'avoir «pas vraiment d'attente». «J'ai une bonne maturité musculaire et une bonne masse, soutient-il. Mais je ne sais pas comment ça va aller... Je sais juste que je vais avoir une certaine pression sociale parce que les gens vont avoir des attentes.» Girard ne sait pas non plus comment il composera avec la présence de juges, le facteur «incontrôlable» de la compétition. «Aux concours d'hommes forts, c'est simple: le plus fort gagne, souligne-t-il. Mais là... Je commence à réaliser dans quoi je me suis embarqué!»