Au moins 95% des sportifs de haut niveau sont des «perdants». L'expérience de la défaite, si elle permet parfois d'arriver un jour à la victoire, définit de façon durable et permanente la personnalité des athlètes. «Chacune de mes victoires a été bâtie sur les ruines de dizaines de défaites», explique le grand golfeur Arnold Palmer dans une biographie récente.

«Les gens ont tous en mémoire cette image de Michael Jordan où on le voit réussir le panier décisif à la toute fin du match, mais la vérité, c'est qu'il a raté la majorité de ses lancers dans de telles situations», rappelle Gordon Bloom, professeur de psychologie du sport à l'Université McGill.

Perdre est une réalité quotidienne dans les sports, à tous les niveaux, et les perdants composent de façons très différentes avec leurs résultats. Perdre une compétition locale n'a évidemment pas le même poids qu'un échec aux Jeux olympiques et plusieurs athlètes restent marqués à jamais par une défaite devant les yeux «du monde entier», comme on a souvent la mauvaise habitude de leur rappeler.

Perdre peut aussi être un «mode de vie», une manière comme une autre de gagner sa vie, en sachant très bien que nos chances d'accéder aux premiers rangs sont limitées. Le risque est alors de sombrer dans une «spirale de la défaite» dont les conséquences débordent largement le cadre sportif.

Perdre peut encore devenir une voie vers la rédemption et chaque défaite n'est alors qu'une étape vers la victoire finale. Le «perdant» devient ainsi au bout de ses efforts un «gagnant», mais il garde toujours les marques de ses années de peine et de misère. Tous les sports ont leurs exemples de champions tardifs et leurs histoires sont souvent les plus belles.

Nous vous proposons une série en trois volets où les athlètes eux-mêmes et les spécialistes qui les conseillent racontent l'expérience de la défaite.