Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Nicholas Richard

10 avril 2005. Tour final du Tournoi des Maîtres. Au 16e trou, Tiger Woods a placé son coup de départ en fâcheuse position en bordure du vert, sur la frise, à environ 50 pieds de l’objectif. Il se battait alors pour le premier rang contre Chris DiMarco, qui avait confortablement envoyé sa balle au milieu du vert. Tiger, avec son cocheur d’allée, devait réaliser un petit miracle. Le Tigre étant le Tigre, il a envoyé son approche à une quinzaine de pieds à la gauche de l’objectif. La balle a roulé, roulé et roulé encore, avec en arrière-plan la foule qui faisait de plus en plus de bruit. La balle a ralenti. S’est arrêtée. Petite pause pour mettre bien en évidence le logo de Nike. Puis, la balle est tombée au fond de la coupe. L’extase absolue. Woods et son cadet Steve Williams ont sauté de joie et Tiger passait à - 14. Il a finalement remporté le tournoi en prolongation. Il s’agit de mon premier souvenir de golf. Je l’ai vu en direct, avec mon père, qui m’a immédiatement dit : « Tu vas encore revoir ce coup-là quand tu vas être vieux. » Le plus beau jeu de l’histoire du Tournoi des Maîtres, la balle la plus populaire de l’histoire du golf, un article de collection que je voudrais absolument posséder.

Revoyez le coup fabuleux de Tiger Woods

Miguel Bujold

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Une carte de Wayne Gretzky recrue

Je ne suis pas un très grand collectionneur, mais je prendrais bien une ou deux cartes de Wayne Gretzky recrue... Le pire, c’est que je suis convaincu d’avoir déjà possédé cette fameuse carte. Allez savoir où elle est rendue. Je me console en me disant qu’elle n’aurait probablement plus beaucoup de valeur, de toute façon. À 6 ou 7 ans, je ne prenais pas un soin jaloux de mes cartes de hockey. Comme tant d’autres, j’ai laissé filer la chance de devenir millionnaire sans trop le savoir. Ces cartes de hockey et la petite gomme balloune à l’intérieur du paquet m’ont donné des heures et des heures de plaisir. C’est ce qui compte. On va dire.

Guillaume Lefrançois

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

David Ortiz

17 octobre 2004. Les Red Sox sont en retard 0-3 en finale de la Ligue américaine contre les Yankees. En 12e manche, David Ortiz se présente au bâton et Manny Ramirez est sur les sentiers. « Big Papi » expédie la balle lancée par Paul Quantrill loin dans la droite, par-dessus la courte clôture du Fenway Park, et les Red Sox évitent l’élimination. Ils ne perdront plus un seul match en 2004. Je n’ai aucune idée pourquoi, mais sa célébration avec le casque, qu’il lance en l’air, m’a toujours fasciné, même si plusieurs joueurs le font quand ils cognent un circuit pour mettre fin à un match. Je n’ai pas du tout l’âme d’un collectionneur d’objets sportifs – quand j’étais petit, ma sœur avait une balle autographiée par Tim Raines, avec laquelle j’ai tout bonnement joué au parc –, mais pour une raison quelconque, je prendrais bien le vieux casque de David Américo Ortiz.

Simon Drouin

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Usain Bolt

N’étant pas un grand collectionneur et encore moins un spéculateur, cette question me laisse dubitatif. Mes rares articles de collection sont liés à des souvenirs personnels : une photo de Bernard Brault autographiée (par Michael Phelps), la carte de Wayne Gretzky recrue que je détiens avec mon frère, le petit panneau d’Ian Thorpe subtilisé après sa conférence de presse à la suite de sa victoire au 200 mètres libre des Jeux d’Athènes en 2004, l’autographe d’un jeune Marc Bergevin (quand il avait de moins gros biceps), etc. Quelque part au bureau, j’ai aussi la feuille de résultat du 100 mètres record d’Usain Bolt que Pierre Foglia m’avait rapportée des Championnats du monde en 2009. Ça n’a évidemment aucune espèce de valeur – n’importe qui peut s’en imprimer une copie identique. Pour l’accompagner, j’aimerais donc mettre la main sur les pointes que portait le Jamaïcain ce jour-là à Berlin. Avec l’inflation, je crains de ne pas avoir le budget, même avec le crédit d’impôt remboursable de 500 $ du gouvernement Legault.

Richard Labbé

PHOTO RENÉ PICARD, ARCHIVES LA PRESSE

Un match opposant le Canadien de Montréal aux Barons de Cleveland en 1976

Fouillez-moi pourquoi, j’ai toujours eu un faible pour les équipes à la fois obscures et disparues, qui n'existent que dans ma mémoire et aussi peut-être celle de quelques dizaines d’autres étranges comme moi. Ainsi, depuis quelques années, je me dis que ce serait vraiment cool de mettre la main sur un chandail… des Barons de Cleveland. Cette équipe-là ne vous dit rien ? Normal, puisque les Barons ont joué dans la LNH pendant environ trois semaines, avant de crouler sous les dettes et d’être absorbés en partie par les North Stars du Minnesota, qui finiront eux aussi par crouler sous les dettes. Mais le maillot rouge des Barons, que j’ai vu passer une fois dans ma télé il y a très longtemps, était d’une spectaculaire simplicité, et j’aimerais bien faire fureur à la patinoire du quartier avec un Maruk 21 sur le dos.

Mathias Brunet

J’aurais plutôt envie d’évoquer aujourd’hui la pièce de collection que je possède. Après un match de l’Impact au stade Saputo, en septembre 2015, le capitaine de l’équipe, Patrice Bernier, a eu la délicatesse de remettre à mon fils Charles-Émile, perché dans les gradins sur le bord du terrain, le maillot qu’il avait porté ce soir-là. Je ne connaissais pas personnellement Patrice à l’époque, mais j’avais été touché de voir la vedette de l’équipe se dévêtir pour remettre son gilet à un garçon de 11 ans. Pour les 12 ans de mon fils, l’année suivante, j’ai acheté un immense cadre et y ai placé le fameux maillot numéro 8 du capitaine.

PHOTO MATHIAS BRUNET, LA PRESSE

Charles-Émile Brunet avec son maillot de Patrice Bernier

Charles-Émile et Patrice ont pu se côtoyer brièvement pendant quelques semaines, alors que le joueur vedette de l’Impact, récemment retraité, faisait son entrée à l’Académie de l’Impact et que mon fils y faisait ses derniers pas. Le hasard a aussi voulu que j’obtienne le privilège, plusieurs années plus tard, d’écrire la biographie de Patrice. J’ai terminé la rédaction du bouquin dans une chambre d’hôpital à Sainte-Justine, au chevet de mon fils qui se remettait d’une délicate intervention chirurgicale pour une appendicite aiguë. Nous avons développé une belle amitié et j’ai découvert un homme d’une loyauté et d’une générosité à toute épreuve. Je ne crois pas tellement au hasard, mais je crois aux coïncidences de la vie. Le maillot est toujours bien en évidence sur un mur de la chambre de Charles-Émile. Le maillot de l’ancien capitaine de l’Impact, mais aussi, désormais, d’un membre du Temple de la renommée du soccer canadien...