Le 27 juillet 2021, Maude Charron a remporté l’or olympique chez les 64 kg. Un an plus tard, elle se prépare à participer aux Jeux du Commonwealth à Birmingham, en Angleterre. Elle a d’ailleurs été nommée porte-drapeau pour la cérémonie d’ouverture, en compagnie du coureur en fauteuil roulant Josh Cassidy.

Au bout du fil, l’haltérophile nous raconte avoir sauté de joie en apprenant la nouvelle.

« C’est le plus bel honneur qu’un athlète puisse avoir, lance-t-elle. C’est déjà un honneur de représenter notre pays dans un sport dans lequel on s’investit corps et âme. D’être en plus sélectionnée pour représenter l’équipe, les valeurs, le pays… C’est une belle grosse tape dans le dos. »

Beaucoup de choses se sont passées dans la vie de Maude Charron au cours des 12 derniers mois. D’abord, elle ne peut plus faire ses courses sans être interrompue. Si l’haltérophilie et ses athlètes étaient plutôt méconnus avant les Jeux de Tokyo, la Rimouskoise a, avec sa victoire, aidé à démocratiser le sport.

« Les gens sont super gentils, alors je dois juste m’habituer à cette nouvelle notoriété-là, dit-elle. Je n’allais pas aux Olympiques dans ce but-là. C’est un travail personnel que je dois faire pour apprendre à vivre avec ça. Mais je fais la vaisselle comme tout le monde ! »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Maude Charron en action aux Jeux olympiques de Tokyo

L’athlète de 29 ans a aussi terminé sa formation en patrouille-gendarmerie à l’École nationale de police de Nicolet au cours des derniers mois. Comme elle ne pouvait pas être policière à temps partiel, elle a décidé de mettre le métier de côté afin de s’entraîner à temps plein pour les Jeux de Paris, en 2024.

« J’ai adoré ma formation à l’École nationale de police, assure-t-elle. Je sais que c’est ça que je veux faire. […] C’est une vie trépidante à laquelle j’aspire. Je ne change pas d’idée, c’est toujours là. C’est juste reporté. »

Processus de décision

Charron ignorait encore il y a quelques semaines si elle tenterait le coup pour les Jeux de Paris. La décision s’est prise récemment, et plusieurs raisons l’ont motivée.

« Je ne me vois pas aller dans un gym et faire du squat pour avoir du plaisir à faire du squat, parce que je vais toujours avoir envie de me comparer à quand j’étais à mon niveau d’élite, explique-t-elle dans un premier temps. Je me dis : je suis encore capable d’en donner, de réaliser des choses. »

Je vieillis. Je ne peux pas reporter ça, le sport. Donc je dois en profiter pendant que je suis encore en forme et que je suis encore en santé. En plus, le cycle est plus court. Ça aide un peu à prendre cette décision-là.

Maude Charron

Et puis, même si elle ne « regrette rien » de ce qui s’est passé à Tokyo, elle a en elle ce désir de vivre des Jeux olympiques normaux, sans COVID-19.

« Je ne veux pas passer pour une athlète qui se plaint le ventre plein, mais ça a été des Jeux vraiment bizarres, dit-elle. Ce n’était pas mon idéal olympique en termes d’expérience. Il y a quelque chose que je veux aller revivre à Paris. »

Un défi

Charron a déjà remporté l’or olympique, mais elle refuse de se limiter à ce résultat pour les Jeux de 2024. D’autant plus que, comme sa catégorie [64 kg] ne fait plus partie du programme olympique, elle devra concourir chez les 59 kg.

« Je vais compétitionner contre d’autres filles, d’autres pays, d’autres forces. Il est là, mon défi. C’est d’aller me classer dans une nouvelle catégorie. Je ne vais pas me mettre sur le dos d’aller regagner une médaille d’or. Il y a trop d’aspects que je ne contrôle pas. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Maude Charron et sa médaille d’or olympique

Un changement de catégorie, en haltérophilie, ne se fait pas en un simple claquement de doigts. Il implique dans ce cas-ci de perdre 10 lb, ce qui est considérable pour une athlète de haut niveau dont la forme est déjà impeccable. Charron est d’ailleurs suivie par une nutritionniste et un médecin du sport, en plus d’être accompagnée de son nouvel entraîneur, l’Américain Spencer Arnold.

« C’est sûr que je vais perdre de la force. Le but, ce n’est pas d’en perdre trop ni de le perdre trop drastiquement parce que tu peux mettre ta santé en péril. C’est de le faire de façon sécuritaire, tout en gardant la force que j’avais déjà acquise en étant plus lourde », fait-elle savoir.

Prochaines compétitions

La Québécoise a quitté mardi pour les Jeux du Commonwealth, où elle a remporté l’or chez les 63 kg en 2018. Elle vise encore la victoire cette année. Elle profitera d’ailleurs de la présence de ses parents dans les gradins.

« C’est comme une reprise de ce qui m’a manqué aux Olympiques. […] Les amener à mes compétitions comme ça, c’est ma façon de les remercier de m’appuyer dans ce que j’entreprends. »

Après les Jeux du Commonwealth, Charron se tournera vers les Championnats du monde, qui auront lieu en décembre.