Mégan Brouillard est de prime abord une humoriste. Une humoriste qui touche un peu à tout. Mais depuis quelque temps, elle s’est découvert un nouveau rôle malgré elle, celui de la « préposée au bureau des plaintes ».

De quel bureau des plaintes est-il question ?

Eh bien, depuis trois ans, l’humoriste parle de sport sur différentes plateformes, particulièrement de hockey – autant féminin que masculin. Elle a notamment consacré un sketch au hockey féminin et à la place des femmes dans le monde du hockey lors de son premier gala Juste pour rire, en juillet dernier.

Depuis octobre, elle tient également une chronique à l’émission Le 5 à 7 sur les ondes de RDS. Bref, Mégan Brouillard parle assez souvent de hockey. À un tel point qu’elle se fait souvent questionner sur la pertinence du hockey féminin. Un rôle de porte-parole, certes inusité, mais dans lequel elle se plaît.

« Des gens viennent me voir pour me dire que le hockey féminin, c’est vraiment mauvais, raconte-t-elle lors d’une visioconférence avec La Presse. Qu’on s’en fout ! Que les joueuses sont pourries ! Moi, je peux répondre à ce monde-là. Si tu n’aimes pas ça, ne regarde pas ça. Moi, je veux le regarder, car je trouve ça le fun. »

Des fois, ce sont même des amis qui me disent que c’est mauvais. Je suis le bureau des plaintes. Je m’occupe de leur répondre.

Mégan Brouillard

Le premier plaignard qu’elle a affronté en joute oratoire a été l’un de ses frères. Ce débat qui a duré « deux jours » a été la genèse du rôle de représentante du hockey féminin pour l’humoriste.

« J’essaie de passer un message et d’amener tout le monde là-dedans, explique-t-elle. Le but, ce n’est pas de traiter les gens d’imbéciles, car ils ne connaissent pas le hockey féminin. C’est juste de les amener avec nous autres dans le sens où il y a quelque chose de fun là-dedans. »

Après ce fort plaidoyer, il serait normal de penser que Mégan Brouillard est une férue de hockey depuis son enfance. Pourtant, elle est passée de partisane lambda à grande amatrice de hockey seulement durant la pandémie.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Mégan Brouillard sur scène

Le manque d’activités à son horaire lui a permis de regarder les matchs du Canadien de Montréal avec son père et d’en apprendre davantage sur les joueurs du Tricolore. Elle a ensuite commencé à faire des blagues sur le hockey sur son compte TikTok avant de faire des résumés de plusieurs matchs de hockey féminin lors des Jeux olympiques de Pékin.

« J’espère que je rends le hockey féminin plus accessible pour les gens qui veulent embarquer dans le train », conclut-elle.

À l’instar d’Auston Matthews

Ce qui plaît le plus à Mégan Brouillard dans le hockey, c’est d’apprendre à connaître les humains derrière les athlètes. Déconstruire cette façade que ces gens appartiennent à un autre monde. C’est avec cette recherche en amont qu’elle s’est rendu compte qu’il y a plus de similitudes qu’elle croyait entre les vedettes du hockey et elle.

Être un artiste et un athlète, ce n’est pas si loin. Il y a deux types de personnes qui comprennent que le stress, c’est bon : les athlètes et les artistes. Et les deux doivent apprendre à bien le gérer.

Mégan Brouillard, humoriste

Grâce à ses lectures, elle en a aussi découvert sur le quotidien des joueurs. Elle a d’ailleurs volé une page du cahier de jeu du centre des Maple Leafs de Toronto Auston Matthews.

« Matthews est le premier joueur à sauter sur la patinoire et à pratiquer ses tirs du poignet. Pourquoi un joueur du CH ne fait pas ça ? En fait, pourquoi moi, je ne fais pas ça ? Pourquoi je ne me pratique pas comme lui ? Il mange bien, dort bien. J’ai essayé de cibler ce qui ne fonctionnait pas de mon côté pour travailler là-dessus.

« La seule différence, c’est qu’il voyage en jet privé et moi, je fais la route en Honda Civic 2008 avec un bumper brisé. »

Une légère différence.

Une ascension semi-improvisée

Si Mégan Brouillard explique que sa carrière a été forgée par des décisions dites « impulsives », elle admet consulter bien des sites de nouvelles et suivre étroitement son fil Twitter. Elle mentionne également à votre représentant de La Presse avoir lu son papier sur le gardien de but québécois Devon Levi1. En définitive, ses blagues n’arrivent pas exactement de nulle part.

Toutefois, on pourrait qualifier son arrivée à RDS d’impromptue. « J’ai regardé mon gérant dans les yeux et je lui ai dit : “Là, j’aimerais ça que tu appelles au 5 à 7. Dis-leur que j’aimerais être là.” Je ne sais pas pourquoi cette idée-là m’a pognée. Ça serait hilarant que je sois là. Puis on l’a fait », raconte-t-elle.

Ce n’est pas la seule « bulle » qu’elle a eue. Elle a également demandé à un ami de créer un chandail officiel à l’image de Chantal Machabée – qui ultimement ressemble à la pochette de l’album Ride the Lightning de Metallica – et a versé tous les profits à la Fondation des Canadiens pour l’enfance.

PHOTO FOURNIE PAR RDS

Le chandail de Chantal Machabée présenté au 5 à 7

Car… pourquoi pas ? La suite logique de ce moment d’anthologie où l’ancienne journaliste vedette de RDS lui a tiré quelques larmes en plein gala Juste pour rire.

« Ça n’a pas de bon sens où je suis rendue avec le hockey. J’ai du fun chaque jour à faire ça », note-t-elle.

L’humoriste continuera à commenter l’actualité sportive tant qu’elle y prendra plaisir. D’ici là, elle démocratise le sport féminin, une blague à la fois.

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