Comme Elsa du haut de sa montagne, Pamela Ware est libérée, délivrée. Le passé est passé. Son traumatisme survenu en 2021 à Tokyo est enfin derrière elle. « Je n’ai plus de flashbacks. J’y pense, c’est sûr, mais ça ne me dérange plus. »

Au bout du fil, Pamela Ware semble légère, comme affranchie d’un énorme poids. Quatre jours se sont écoulés depuis la Coupe du monde de plongeon de Montréal, où elle a décroché trois médailles, dont une d’argent au tremplin de 3 m.

Si cette récolte est en soi impressionnante, elle marque surtout le « nouveau départ » de Ware, qui prenait part à sa première compétition internationale d’envergure depuis son saut raté aux Jeux olympiques de Tokyo. À son dernier essai en demi-finale du tremplin de 3 m, elle avait manqué son saut d’appel et s’était laissée tomber dans l’eau les pieds en premier. Les images avaient fait le tour du web.

Deux ans plus tard, la Québécoise se sent enfin redevenir la plongeuse qu’elle était avant toute cette aventure.

La plongeuse qu’elle est.

« Avec mon entraîneur, on a travaillé à rebâtir ma confiance, de zéro à ce que j’ai en ce moment. Je me sens super bien. Honnêtement, ça fait tellement du bien d’avoir une bonne compétition. »

L’athlète marque une pause, pousse un profond soupir, et ajoute : « Je ne peux même pas expliquer combien ça me fait du bien. »

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Pamela Ware exécutant un saut à la Coupe du monde de plongeon à Montréal

Son seul sourire, qui s’entend dans chacune de ses phrases, suffit à nous le faire comprendre.

Sur ses réseaux sociaux, lundi, Ware écrivait que ce week-end de compétition avait été son « préféré à vie ». Ce sentiment, toujours bien présent jeudi soir lors de notre appel, n’a pas nécessairement de lien avec les médailles remportées, mais plutôt avec la façon dont elle s’est sentie du haut de son tremplin.

« J’avais tellement de fun toute la semaine d’entraînement et pendant le week-end de compétition. Je me sentais bien, je me sentais confiante. J’étais tellement calme aussi. »

« C’était tellement différent d’avant, continue-t-elle. Habituellement, j’étais vraiment stressée, énervée. Tous les petits mouvements qui n’allaient pas bien, ça me dérangeait beaucoup. Là, même quand quelque chose allait moins bien, je restais calme et je faisais mon plongeon comme si de rien n’était. »

Après la dernière journée de compétition, dimanche, la native de Greenfield Park est retournée chez elle avec le sourire. « J’ai commandé une pizza et je suis allée me coucher ! C’était merveilleux ! », s’exclame-t-elle en riant.

Une leçon de vie

Après son difficile épisode de Tokyo, Pamela Ware aurait pu accrocher son maillot. Elle aurait pu décider que c’en était assez.

Elle a plutôt fait tout le contraire. Elle est remontée sur le tremplin malgré les flashbacks. Elle a travaillé sur elle-même. Elle s’est rebâtie. Et elle a prouvé à tous, ce week-end, que l’incident de Tokyo ne la définit pas. Tout ça, avec l’aide précieuse de son entraîneur, Hui Tong.

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Pamela Ware, lors de son saut manqué aux Jeux olympiques de Tokyo

« Il m’a beaucoup aidée à traverser ça mentalement. Il n’arrêtait pas de me dire : “Lâche pas, t’es capable, t’es bonne.” C’est quelqu’un de très positif. Avoir quelqu’un de positif dans ton coin, ça aide toujours. […] Je pense que j’avais vraiment besoin de ça. »

Les deux dernières années auront, au bout du compte, été aussi une leçon de vie pour la plongeuse.

Il va y avoir d’autres traumatismes, d’autres choses qui n’iront pas bien. Il va falloir que je passe au travers. Là, j’ai des trucs pour m’aider.

Pamela Ware

Ce nouveau bagage lui permet même maintenant d’aider ses jeunes coéquipières de l’équipe canadienne, comme sa partenaire au 3 m synchro, Mia Vallée.

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Pamela Ware et Mia Vallée, lors d'un saut synchronisé à la Coupe du monde de plongeon à Montréal

« Avant la compétition individuelle, je parlais avec Mia, et elle se sentait moins bien cette journée-là. J’ai essayé de lui dire des mots d’encouragement pour qu’elle pense à autre chose l’après-midi et pas seulement à ce qu’elle a fait le matin à l’entraînement. J’essaie d’aider les autres à passer à travers [ce qu’ils vivent], à passer à autre chose. »

« Je me sens confiante »

Depuis les Jeux de Tokyo, Pamela Ware a dans sa ligne de mire les Jeux de Paris, en 2024. C’est son objectif. Pour espérer y prendre part, elle devra connaître de bonnes performances lors des prochaines compétitions internationales, comme les Mondiaux de juillet.

« Si je continue à faire des résultats comme en ce moment, mes chances sont vraiment bonnes », estime-t-elle tout en précisant qu’elle essaie de ne pas y penser. « C’est un peu loin encore. J’ai beaucoup de travail à faire avant de m’y rendre, mais je me sens confiante. »

Son objectif d’aller à Paris n’est pas motivé par le désir d’« affronter ce qui est arrivé », explique-t-elle, mais bien par celui de se prouver à elle-même qu’elle n’a pas travaillé en vain.

« Je veux juste y retourner et bien faire », résume-t-elle.