Les volleyeuses de plage canadiennes Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson n’ont pas perdu de temps pour retrouver leur magie. Elles ont été séparées, et même rivales, puis les voilà à nouveau réunies. Puisque l’union fait la force, elles ne se donnent plus le droit à l’erreur. Elles doivent gagner, et c’est ce qu’elles font.

Le soleil allait se coucher en Lettonie lorsque Wilkerson et Humana-Paredes se sont jointes à la réunion Zoom, la semaine dernière.

Quelques jours plus tôt, le duo canadien avait décroché le bronze au tournoi du Beach Pro Tour Elite 16 d’Ostrava, la catégorie de tournois la plus prestigieuse après les Championnats du monde.

Lorsque les deux athlètes de 30 ans sont revenues sur cette première médaille remportée ensemble depuis leur union, officialisée en octobre, leur connivence ne laissait aucun doute. À leurs yeux, cette médaille est l’ultime récompense. Ce dont elles sont le plus fières, cependant, est de s’être frayé un chemin sur le podium depuis la ronde des qualifications.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE BRANDIE WILKERSON

Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson ont remporté le bronze au tournoi Elite 16 d’Ostrava.

Elles ont gagné leurs deux matchs de qualifications. Elles ont ensuite maintenu une fiche parfaite lors de la phase de groupes, le tout en ne laissant filer aucune manche. Après, elles ont battu les Suissesses Nina Brunner et Tanja Hüberli pour la troisième place. « On a comme vécu trois tournois en un », précise Humana-Paredes, élue meilleure serveuse du tournoi.

Il s’agissait de leur troisième tournoi côte à côte sur le Beach Pro Tour. « À chaque tournoi, on croit qu’on a une chance de monter sur le podium. Je pense que c’est réaliste », enchaîne Wilkerson, meilleure bloqueuse du tournoi. Humana-Paredes est du même avis : « On avait hâte d’être sur le podium depuis longtemps, parce qu’on sait qu’on mérite d’y être. On travaille si fort ! »

Dimanche dernier, le duo canadien a d’ailleurs fait encore mieux en remportant sa première médaille d’or, au Challenger de Jurmala, à ce qui était seulement son septième tournoi ensemble. Les Canadiennes ont perdu une seule manche en six matchs au cours du tournoi. Elles étaient sur une erre d’aller et elles en ont profité.

Comme dans le temps

Avant d’être réunies par Volleyball Canada à l’automne, les deux joueuses ont connu énormément de succès chacune de leur côté. Avec Sarah Pavan, Humana-Paredes a été championne du monde et double médaillée d’or aux Jeux du Commonwealth. Wilkerson a quant à elle gagné la médaille d’argent avec Sophie Bukovec aux derniers Mondiaux en plus de terminer cinquième aux Jeux olympiques de Tokyo.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Melissa Humana-Paredes aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021

La relation entre Humana-Paredes et Wilkerson est vieille de plus d’une décennie. Elles ont évolué ensemble à l’Université York. Lorsqu’elles parlent de leur chimie, leurs yeux scintillent.

« On se respecte, on s’aime, on se supporte et on s’admire l’une et l’autre », indique Humana-Paredes en regardant sa coéquipière dans un élan de complicité sincère. Elle a même choisi d’employer le mot « électrique » pour qualifier leur chimie.

Au volleyball de plage, les partenaires doivent absolument être au diapason. Dans le feu de l’action, il faut savoir communiquer sans parler. Réagir sans penser. Suivre son instinct et assumer. Elle est là, la véritable force d’un duo.

« Il faut apprendre à ne pas tout prendre personnel, sur le terrain ou à l’extérieur. Il ne faut pas avoir peur d’être vulnérable ni de discuter, explique Humana-Paredes. De parler du fait que parfois, on n’est pas toujours à notre meilleur et que c’est le temps pour l’autre d’en faire un peu plus. » Et Wilkerson d’ajouter que « ce n’est pas tout le monde qui prend le temps de faire ce travail d’introspection ».

Une attitude contagieuse

Sur le terrain, Humana-Paredes et Wilkerson sont furieusement engagées et dangereusement combatives, mais elles le sont avec une attitude étonnamment décontractée. Rapidement, elles ont imposé leur propre signature.

« On veut s’amuser en jouant, souffle Humana-Paredes. C’est juste qu’on aime tellement ce sport ! On veut avoir du plaisir sur le terrain et faire de beaux jeux. On essaye des trucs, on prend des risques. Je ne veux pas être sur le terrain s’il n’y a pas une bonne énergie ou une bonne ambiance. En fait, on veut imposer cette ambiance et je crois qu’on le fait vraiment bien. »

Sur le terrain, Wilkerson se permet d’être elle-même, et c’est ce qui fait la beauté de son sport, croit-elle. Au volleyball, c’est impossible de mentir ou de cacher quoi que ce soit. « Quand on regarde du volley, on peut se rendre compte à chaque match que chaque joueuse a quelque chose d’authentique et c’est ce qui rend notre sport attrayant. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE BRANDIE WILKERSON

Brandie Wilkerson au service au tournoi d’Ostrava, au début du mois de juin

Se préparer pour Paris

Lorsque Humana-Paredes et Wilkerson se sont retrouvées l’automne dernier, c’était dans le but d’augmenter les chances du Canada d’obtenir une médaille aux Jeux olympiques de Paris, dans un an. Si certains athlètes évitent de parler des Jeux ou prétendent ne pas y penser avant d’être officiellement qualifiés, le duo canadien est sans filtre : « Bien sûr qu’on y pense », lance Wilkerson.

« C’est notre but ultime, complète sa coéquipière. On fixe nos objectifs en fonction de ça et ça guide tout notre processus. Ce serait naïf de dire qu’on n’y pense pas. Ça nous aide à nous préparer à chaque tournoi de manière spécifique. »

Néanmoins, avoir été jumelées précisément dans le but de monter sur le podium ne les angoisse pas outre mesure : « Il y a une pression de gagner une médaille à tous les niveaux. Ça nous engage dans un processus excitant. On est prêtes pour ce défi et en fait, c’est un honneur d’être dans cette position où on peut se battre pour une telle récompense », conclut Wilkerson.

Si la pression est un privilège, parcourir le monde entre amies l’est également. Et elles en sont bien conscientes. Humana-Paredes et Wilkerson veulent donc profiter de l’expérience. Comme une chasse au trésor dans laquelle le parcours est aussi galvanisant que la récompense. Mais si ça se finissait avec de l’or autour du cou, ce serait encore mieux.

De passage à Montréal

Le Beach Pro Tour sera de passage à Montréal du 26 au 30 juillet. Le parc Jean-Drapeau sera l’hôte du premier tournoi Elite 16 organisé au Canada. « Oh, mon Dieu ! On a tellement hâte ! », s’est exclamée Wilkerson en joignant ses deux mains. Les deux volleyeuses de plage n’ont pas joué chez elles depuis 2016 et elles sont impatientes de mettre fin à cette vilaine séquence : « On attendait ce moment et on le répète à toutes les équipes internationales à quel point ce tournoi sera fantastique. Tout le monde sur le circuit est excité », clame-t-elle. Humana-Paredes s’est déjà déposée à Québec, mais jamais à Montréal. « Les Québécois, dit-elle parfaitement en nommant le gentilé en français, sont tellement bons pour organiser des évènements sportifs. » Elle s’attend aussi à un énorme engouement : « C’est plaisant de jouer au Canada, mais spécifiquement au Québec, où tout le monde semble vraiment aimer le sport. »