« Je reviens grandie » : à sa deuxième tentative, d’atteindre le sommet du mont Denali, en Alaska, Marie-Pier Desharnais a été forcée de rebrousser chemin. Malgré tout, l’alpiniste québécoise est rentrée à la maison avec le sentiment du devoir accompli.

L’expédition qui l’a menée au pied du plus haut pic d’Amérique du Nord il y a près de trois semaines devait être l’ultime consécration pour la Victoriavilloise d’origine. Si elle était parvenue à vaincre le monstre de roc, elle aurait intégré le groupe très restreint d’alpinistes ayant réussi à mettre le pied sur le plus haut sommet et le plus haut volcan de chaque continent.

Mais Dame Nature s’est avérée plus entêtée que l’aventurière, malgré toute sa bonne volonté.

« Ça a été une saison (particulière), confie-t-elle en entrevue avec La Presse Canadienne. On y a goûté pas à peu près ! »

Mme Desharnais et ses deux compagnons d’expédition ont été confrontés à « des températures vraiment froides, beaucoup de neige (et) des nuages qui donnent zéro visibilité. »

« Tout était blanc, c’était impossible de distinguer l’horizon du sol, relate la principale intéressée. On pensait mettre le pied sur le sol, mais finalement, c’était un trou. On ne voyait absolument rien. »

Plusieurs accidents ont été évités de justesse. Des accidents qui auraient pu avoir des conséquences désastreuses, voire funestes. « Je suis tombée à plusieurs reprises, mais heureusement, les gars m’ont retenu ! raconte Marie-Pier Desharnais. On était là pour s’épauler. »

Leçon d’humilité

Malgré tout, l’accumulation des embûches a forcé le trio à tourner les talons après trois tentatives infructueuses de conquérir le mont Denali durant l’expédition.

« On a tous cassé à un moment ou à un autre, indique l’alpiniste. La ligne était très mince entre notre volonté de vouloir atteindre notre objectif et l’entêtement. On a compris que la montagne ne voulait pas nous laisser passer. »

De retour à la base, Mme Desharnais n’est pas le moindrement amère ou déçue de ce revers, au contraire. « Je suis en paix, confie-t-elle. On a pris la décision de partir quand on a senti qu’on avait donné tout ce qu’on a pu. Personnellement, je n’ai jamais, pour aucune autre expédition, autant donné. »

« (Cette ascension) a été plus intense, elle m’a permis de me dépasser bien plus que d’autres expéditions où j’ai atteint le sommet la première fois, poursuit-elle. J’ai dépassé mes limites et j’ai vraiment appris. »

L’expérience s’est aussi avérée une leçon d’humilité pour l’athlète. « Ce n’est pas mauvais de se faire remettre à sa place une fois de temps en temps ! lance-t-elle avec humour. Les dernières années ont été riches en succès, mais c’est important de se montrer que finalement, c’est la montagne qui décide. »

Tentera-t-elle de se mesurer une troisième fois à cette dernière ? « J’en ai marre de cette montagne, je n’en peux plus ! lâche Mme Desharnais. Je n’étais pas si excitée d’y retourner, j’y allais pour boucler la boucle des sept sommets. »

« Et puis, il y a plein d’autres sommets qui m’attirent ailleurs », poursuit celle qui caresse d’autres projets, comme la publication d’un livre et d’offrir des conférences.

L’alpiniste refuse cependant de tirer un trait définitif sur le mont Denali. « J’ai un peu de misère avec les choses qui ne sont pas finies… finit-elle par admettre. Peut-être que si on s’en reparle dans quelques mois, j’aurai changé d’idée ! »

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.