Il y a les sports nichés et il y a le rugby sous-marin. Si on vous parle de ce sport, c’est que les championnats mondiaux de cette discipline se déroulent jusqu’au 15 juillet au complexe sportif Claude-Robillard, à Montréal.

Dix pays sont représentés, avec chacun une équipe féminine et une équipe masculine. L’objectif de ce sport est simple : mettre le ballon dans le panier de l’équipe adverse. Sauf que dans le cas du rugby sous-marin, le panier est au fond d’une piscine et la balle est remplie d’eau salée pour l’empêcher de flotter.

Munis de palmes, de masques et de tubas, les six joueurs des deux équipes remontent à la surface à intervalles réguliers pour prendre de l’air sans jamais détacher leurs yeux du jeu.

L’action se concentre surtout autour des deux filets, non seulement par stratégie, mais « parce que c’est trop épuisant d’aller d’un bout à l’autre », explique Héctor E. Torres, l’organisateur du tournoi.

Les seuls qui disposent d’une bonbonne d’oxygène pour pouvoir rester sous l’eau sont les arbitres. Cela leur permet de « tout voir », selon Emma Green, membre de l’équipe australienne.

« Au water-polo, les arbitres ne voient pas ce qui se passe sous l’eau alors que ce n’est pas le cas ici », ajoute-t-elle.

  • Le cri de ralliement de l’équipe masculine du Canada a été entendu d’un bout à l’autre de la piscine.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Le cri de ralliement de l’équipe masculine du Canada a été entendu d’un bout à l’autre de la piscine.

  • Un joueur de l’équipe canadienne plonge à la piscine.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Un joueur de l’équipe canadienne plonge à la piscine.

  • L’équipe allemande de rugby sous-marin à l’entraînement

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    L’équipe allemande de rugby sous-marin à l’entraînement

  • L’équipe allemande de rugby sous-marin à l’entraînement

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    L’équipe allemande de rugby sous-marin à l’entraînement

  • Il y avait aussi entraînement pour l’équipe canadienne.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Il y avait aussi entraînement pour l’équipe canadienne.

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Étonnamment, il existe quelques ressemblances avec le hockey. Les infractions sont punies d’une mise à l’écart du jeu pendant deux minutes et donnent un avantage numérique à l’équipe adverse. Les changements se font à la volée, alors que les six joueurs sur le jeu peuvent être remplacés en tout temps.

Les partisans qui assisteront aux rencontres des prochaines semaines n’auront pas à se plonger la tête sous l’eau pour suivre l’action. Des images captées par des caméras sous-marines seront diffusées sur des écrans aux abords des piscines.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les équipes masculine et féminine du Canada au centre Claude-Robillard, vendredi

Qui pratique ce sport ?

À première vue, ce sport semble attirer autant des athlètes d’élite que des athlètes du dimanche. Tous les profils semblent être représentés, mais détrompez-vous : des attributs spécifiques sont recherchés par les recruteurs.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Héctor E. Torres, grand organisateur du tournoi

On veut des gens avec de bons poumons et un haut du corps puissant. Il n’y a pas de limite d’âge, il faut juste que tu aies les habiletés.

Héctor E. Torres, organisateur du tournoi

Le sport attire beaucoup d’anciens nageurs et d’anciens joueurs de water-polo, qui possèdent déjà ces attributs. Dans le cas d’Emma Green, elle s’est initiée au rugby sous-marin après avoir envoyé une vidéo à son père.

« Je lui ai lancé à la blague qu’il devrait essayer », affirme celle qui pratiquait autrefois le water-polo et la nage synchronisée. Son père l’a prise au sérieux et l’a ensuite convaincue d’essayer elle-même. « Après ma première session, j’ai quitté le water-polo et je n’ai jamais regardé vers l’arrière », ajoute-t-elle.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Emma Green, originaire du Nouveau-Brunswick, est maintenant membre de l’équipe australienne.

Héctor E. Torres, qui est lui-même d’origine colombienne, souligne que sa Colombie natale se démarque particulièrement dans ce sport. « Ce sont vraiment eux, les plus forts. En préparation aux derniers championnats, ils se sont entraînés tous les jours pendant quatre ans et cette fois, c’est la même chose. »

Si de nombreux ressortissants colombiens font partie de l’équipe canadienne, c’est que le sport est beaucoup plus pratiqué dans ce pays sud-américain. « Beaucoup d’entre eux pratiquaient le sport là-bas et ont rejoint le club local une fois arrivés ici. Étant donné qu’il y a moins de joueurs au Canada, c’est plus facile d’être sélectionné pour l’équipe nationale. »

Peu de ressources

Comme pour plusieurs sports méconnus, les athlètes de rugby sous-marin ne roulent pas sur l’or. Sans compter l’achat de l’équipement, dont les palmes spécialisées qui peuvent valoir plus de 300 $, les athlètes doivent payer leurs propres déplacements, leur logement et une bonne partie de leurs entraînements.

Emma Green s’est même déniché un second emploi pour se permettre de continuer à pratiquer son sport. « La semaine, je suis thérapeute et la fin de semaine, je remplis des rapports de financement pour que je puisse jouer. »

Même son de cloche pour les athlètes d’ici. En temps normal, les membres de l’équipe canadienne s’entraînent dans une des quatre villes du pays où ce sport est pratiqué : Montréal, Toronto, Timmins et Brantford. Ils se réunissent ensuite une fois par année pour une compétition.

Mais depuis la sélection de l’équipe nationale en mai 2022, les athlètes ont mis les bouchées doubles. Alexandre Gervais, membre de l’équipe canadienne et résidant de Timmins, explique que c’est son septième voyage à Montréal au cours des deux derniers mois. « On veut bien représenter le pays et montrer qu’on s’entraîne très fort dans la dernière année et demie, mais ça coûte cher. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Alexandre Gervais, membre de l’équipe canadienne de rugby sous-marin

Au niveau organisationnel, les commanditaires n’affluent pas vers des évènements comme les championnats de rugby sous-marin, qui manquent cruellement de visibilité. Une campagne de sociofinancement a d’ailleurs été lancée pour aider l’organisation.

« Notre point de rentabilité était de 26 équipes, qui payent des frais d’inscription, explique Héctor E. Torres. Vingt équipes se sont inscrites, mais après avoir réfléchi, on a tout de même été de l’avant parce qu’il fallait que cet évènement ait lieu. »

Consultez l’horaire du tournoi