Propos de Pierre Fitzgibbon Un Québécois se rend en Floride à vélo

(Québec) Alexandre St-Laurent roulait quelque part au Maine quand le ministre Pierre Fitzgibbon a réitéré qu’il faudrait réduire le parc automobile québécois et peut-être un jour « être obligés d’aller en bicycle en Floride ». St-Laurent a souri : c’est précisément ce qu’il est en train de faire.

« Je trouve qu’il a pris un exemple très intense pour illustrer son propos. Mais dans le fond, lorsqu’il dit que l’auto électrique ne va pas tout régler, je suis d’accord avec lui », lâche le cycliste qui a pris le temps de parler à La Presse de la ville d’Ellsworth, au Maine.

L’homme de 43 ans est parti à vélo le 7 août de Québec. Il doit arriver à Fort Lauderdale au plus tard le 7 octobre pour prendre son avion de retour. Il a donc deux mois devant lui pour rouler à des moyennes confortables de 60 à 70 kilomètres par jour.

« Je fais des farces, mais à un moment donné, les gens vont être obligés d’aller en bicycle en Floride », a lancé Pierre Fitzgibbon mercredi, lorsqu’interrogé par La Presse sur la colline Parlementaire.

Ridicule, donc, se rendre à Floride à vélo ? Ce ne l’est certainement pas, aux yeux d’Alexandre St-Laurent, qui reconnaît toutefois qu’il s’agit d’un bon défi. Il y a d’abord la distance : le cycliste de Québec parcourra quelque 4000 km pour se rendre à destination, compte tenu du petit détour qu’il fait pour voir le parc national Acadia.

Il faut donc avoir du temps. Ça tombe bien, St-Laurent a deux mois devant lui. Mais le trajet ne prend que quelques heures en avion, et des automobilistes peuvent franchir la distance en trois ou quatre jours.

Puis le cycliste qui dort surtout en tente a reçu son lot de pluie depuis son départ de la capitale.

Alexandre St-Laurent prévoit aussi faire une partie du trajet en train, à contrecœur. « Il y a de très grosses chances qu’en Caroline du Sud et en Géorgie je prenne le train, parce qu’on m’a dit que ce n’était pas super de rouler là-bas. J’ai regardé des vidéos YouTube. D’autres cyclotouristes nous mettent en garde, car il y a des sections dangereuses, comme une autoroute sans accotement suffisant. Ils disent de ne pas aller là. »

« Y aller à vélo, ça ne veut pas dire y aller à vélo tout le temps, ajoute-t-il. On peut combiner avec d’autres moyens de transport moins polluants que l’auto ou l’avion, comme le train. »

Un snowbird à pédales

L’idée de se rendre en Floride à vélo est venue à St-Laurent lorsqu’il s’est mis à réfléchir à son éventuelle retraite.

« Quand je serai un jour à la retraite, j’ai l’intention de faire comme les snowbirds, mais à vélo. Pas chaque année, mais tous les deux ou trois ans », dit l’entrepreneur et mécanicien vélo.

« Donc, ce que je fais en ce moment, je le vois comme des vacances et un peu comme de l’exploration pour ma future retraite », dit celui dont l’objectif serait ultimement de faire l’aller-retour en vélo, sans avion.

Il cherche aussi à montrer que c’est possible.

Pour le moment, Alexandre St-Laurent trouve que les automobilistes du Maine sont courtois avec lui. « Je tombe souvent sur des routes neuves », se réjouit le cycliste qui réalise son voyage sur un vélo de cyclotourisme vieux de 12 ans.

L’entrevue tire à sa fin. Le temps est venu pour St-Laurent de repartir. Sa monture ne se rendra pas en Floride par magie. Il espère arriver un jour ou deux avant son vol de retour : ce serait bête de ne même pas pouvoir profiter de la plage…