(Chamonix) Vingt ans après sa création, l’Ultra-trail du Mont-Blanc (UTMB) réserve encore son lot de surprises. L’Américaine Courtney Dauwalter et son compatriote Jim Walmsley se sont imposés samedi à Chamonix lors de la 20édition de la course de 173 km autour du toit de l’Europe, réussissant un doublé inédit pour les États-Unis et historique à plusieurs égards.

Le Franco-Canadien Mathieu Blanchard a pour sa part pris le quatrième rang de l’épreuve en franchissant la distance de 172 km en 20 h 54 min 25 s.

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Le Montréalais Mathieu Blanchard sur le parcours de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc

Un peu avant 18 h, sous le soleil de Haute-Savoie, des milliers de passionnés réunis à proximité de la ligne d’arrivée ont applaudi à tout rompre, une grande première dans l’histoire de l’épreuve. En franchissant la ligne en première position après 23 h 29 min 14 s de course, Courtney Dauwalter est devenue le premier athlète, tous genres confondus, à remporter trois courses majeures la même année sur la distance ultra.

« La deuxième moitié de la course a été très, très dure pour moi, mon corps ne voulait plus avancer et j’avais mal à l’estomac. J’ai failli rendre mon déjeuner dans les rues de Champex-Lac, mais j’ai réussi à me traîner jusqu’à la lignée d’arrivée », a expliqué cette ancienne prof de sciences, sans se départir du large sourire qu’elle n’avait cessé d’afficher tout le long de la course, malgré les 10 000 mètres de dénivelé positif du parcours.

Ses concurrentes n’ont pu espérer que quelques heures vendredi, avant que Dauwalter ne prenne la tête, pour afficher rapidement près d’une heure d’avance. « Je pense que dès qu’on nous donne l’occasion de faire quelque chose d’un peu fou ou de difficile, il faut le faire. Et cette course, c’était complètement fou. Ce n’était pas facile, mais ça valait le coup », a estimé la championne américaine.

Derrière elle, l’Allemande Katharina Hartmuth (2e) et la Française Blandine L’Hirondel (3e) ont complété le podium féminin.

Trois mois records

Âgée de 38 ans, cette habitante du Colorado se démarque des autres athlètes en course par son look atypique : un short décontracté et des écouteurs filaires souvent vissés sur les oreilles. Elle est arrivée relativement tard sur le devant de la scène, à 25 ans. Depuis, elle domine totalement son sport, repousse les limites et devance régulièrement les meilleurs athlètes masculins sur des distances dépassant les 100, voire les 200 km.

Son palmarès compte des victoires dans plus d’une quinzaine d’épreuves majeures. Elle est notamment la seule femme à avoir remporté les quatre ultra-trails les plus prestigieux du monde : l’Ultra-trail du Mont-Blanc (2019, 2021, 2023), la Diagonale des Fous à la Réunion (2022, à un souffle du podium masculin), la Western States (2018, 2023) et la Hardrock 100 (2022, 2023). Et ces trois derniers trophées sur des courses de plus de 160 km (Western States, Hardock 100, UTMB) ont été glanés en seulement trois mois, de juin à août…

« C’est vraiment incroyable et tout simplement inédit. Elle a réussi à réaliser un exploit d’un autre niveau », a dit à son sujet son compatriote Jim Walmsley, après sa propre victoire chez les hommes, en 19 h 37 min 43 s.

Une première pour un Américain

Très ému à son arrivée, cet ancien militaire né à Phoenix a pris dans ses bras sa conjointe, avant de saluer, en pleurs, François D’Haene, quadruple vainqueur de l’épreuve, ami et partenaire d’entraînement.

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Jim Walmsley

Natif de l’Arizona et installé dans les Alpes françaises depuis 2022 pour préparer la course, Walmsley a passé la ligne avec 20 minutes d’avance sur son compatriote Zach Miller (19 h 58 min 58 s), devenant le premier Américain à remporter l’épreuve au général.

« Je pense que ce qui a fait la différence, c’est que je me sentais bien en altitude », a expliqué Walmsley. « Venir habiter ici en France depuis deux ans pour m’entraîner pour cette course, cela a eu un impact important sur mes capacités dans les montées raides », a-t-il dit. Le Français Germain Grangier a pris la troisième place à plus de 10 minutes de Miller.

Walmsley a battu le temps établi par l’Espagnol Kílian Jornet l’an dernier (19 h 49 min 30 s), mais sa performance n’est pas considérée comme un record, car le tracé a été modifié et légèrement simplifié par les organisateurs en début de semaine à cause du mauvais temps ayant touché la région.