Chaque semaine, les journalistes de l’équipe des Sports répondent à vos questions.

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Le 3 de 5 chez les femmes au tennis

Pourquoi, lors des tournois majeurs au tennis, les femmes ne jouent-elles pas au meilleur de cinq manches comme les hommes, au lieu de trois manches ? Elles ont certainement la forme physique pour le faire, et j’ajouterais dans le même esprit que l’équité des bourses allouées deviendrait évidente et logique pour tous.

Chantal Philion

Réponse de Jean-François Téotonio

Vous n’êtes pas la seule, Chantal, à vous poser cette question. Nous y avions répondu en mars 2022. Voici ce que nous avions écrit :

« En gros, la réponse est une question de sexisme, d’argent et d’horaire de diffusion. Les femmes ont joué des matchs de cinq manches aux U.S. National Championships, ancêtre des Internationaux des États-Unis, jusqu’en 1901. Après le tournoi de cette année-là, on décide de retourner à des matchs de trois manches seulement pour les femmes. “On” excluant les principales intéressées, évidemment. Les officiels, que des hommes, jugent que les matchs de cinq manches sont trop exigeants pour les femmes. Ainsi se crée la tradition, aujourd’hui difficile à contrebalancer, des matchs de trois sets seulement pour les joueuses de tennis.

« La question ne revient pas au premier plan avant la fin du siècle. En 1976, portées par l’initiative de la légendaire Billie Jean King, les femmes votent pour jouer des matchs de cinq manches dans les tournois du Grand Chelem. Mais aucun tournoi ne modifie ses règles en conséquence. En 1984, l’équivalent de ce qu’on connaît aujourd’hui en tant que Finales de la WTA expérimente avec une finale de cinq manches. Ça restera le cas jusqu’en 1998. Malgré d’excellents matchs, certaines athlètes, dont Steffi Graf, n’étaient pas particulièrement attachées au format. Aujourd’hui, on craint que la longueur des affrontements ne vienne compliquer le calendrier de diffusion à la télé, et donc la vente des droits aux diffuseurs. Les directeurs des tournois n’ont pas non plus grand-chose à gagner à devoir composer avec des matchs plus longs. On en reste donc au statu quo à cet égard. »

Les salaires européens au soccer féminin

PHOTO ANDREW COULDRIDGE, ARCHIVES REUTERS

Le salaire moyen des athlètes évoluant dans la Women’s Super League était de 79 000 $ en 2022.

Quels sont les salaires des joueuses de soccer en Europe comparativement aux salaires faramineux des hommes ?

Gilles Rousseau

Réponse de Jean-François Téotonio

La disparité entre les salaires des joueurs et joueuses de soccer est effectivement gigantesque en Europe. Et ce, malgré une nette amélioration dans les dernières années. Les salaires des femmes ne sont pas rendus publics. Il est donc difficile de parler de chiffres clairs. En 2022, la BBC a révélé que la capitaine anglaise Leah Williamson avait gagné 200 000 livres sterling (336 600 $CAN) lors de cette année du sacre des Lionesses à l’Euro. À titre comparatif, le média britannique mentionne que son homologue masculin Harry Kane « [gagnait] autant d’argent en une semaine ».

En plus, le salaire de Williamson est parmi les plus élevés de la Women’s Super League (WSL), première ligue anglaise féminine. La BBC ajoutait, en citant une étude de son cru, que le salaire moyen des athlètes évoluant en WSL était de 47 000 livres en 2022, soit 79 000 $ CAN. On estime que Kevin De Bruyne, à Manchester City, est payé 20 millions de livres sterling par année. Le soccer féminin connaît un véritable essor partout dans le monde. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour atteindre la parité.

Les maux de tête du rugby

PHOTO LIONEL BONAVENTURE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

La question des commotions cérébrales fait régulièrement les manchettes dans les pays où ce sport est pratiqué, notamment en France, où se tenait récemment la Coupe du monde de rugby à XV.

On parle beaucoup de commotions cérébrales au football. Qu’en est-il au rugby, un sport aussi rude que le football, mais avec moins de protections ?

Luc Morel

Réponse de Jean-François Téotonio

C’est très certainement parce que ce sport est moins connu et moins couvert ici qu’on en parle moins. Mais la question fait les manchettes ailleurs dans le monde, dans les endroits où ce sport est pratiqué et apprécié avec enthousiasme. Comme en France, où s’est récemment tenue la Coupe du monde de rugby à XV.

« En pleine Coupe du monde de rugby, les commotions cérébrales provoquées par les violents chocs sont devenues un enjeu de santé public », écrivait Radio France internationale, il y a deux semaines.

« Le rugby n’est pas le sport le plus à risque de commotions, soulignait en septembre le magazine de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Mais en France, c’est celui pour lequel on en parle le plus. »

La recherche avance à ce chapitre, mais le fléau des commotions au rugby a longtemps été négligé. Au niveau professionnel, des protocoles ont été mis en place sur le terrain au cours des dernières années, ce qui a amélioré la prise en charge rapide des athlètes concernés. Mais on dit que les effets à court, moyen et long terme des commotions successives sont encore méconnus.

Soccer Canada et Canada Soccer Business

PHOTO RON WARD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

En vertu d’un contrat avec Soccer Canada, Canadian Soccer Business reçoit tous les revenus de commandites et de droits médiatiques des équipes nationales. En échange, elle envoie 3 millions de dollars à la fédération chaque année.

Peut-on nous expliquer la relation entre Soccer Canada et Canada Soccer Business ? Qu’est-ce que ça implique et jusqu’à quand ? Pourquoi tout le soccer canadien est-il sous l’emprise d’une entreprise privée ? Est-ce comparable aux autres sports au Canada ou ailleurs dans le monde ?

Martin Levac

Réponse de Jean-François Téotonio

L’entité Canadian Soccer Business (CSB) existe depuis 2018. En vertu d’un contrat avec Soccer Canada la liant à la fédération jusqu’en 2028 – avec une option pour prolonger l’entente jusqu’en 2037 –, c’est elle qui reçoit tous les revenus de commandites et de droits médiatiques des équipes nationales. En échange, elle envoie 3 millions de dollars à la fédération chaque année.

CSB est contrôlée par les propriétaires des équipes de la Première Ligue canadienne de soccer (PLC). Sa raison d’être est donc d’aider à développer le soccer professionnel au Canada. Pour bien des gens, cela se fait actuellement au détriment des équipes nationales canadiennes, qui n’ont ainsi plus assez d’argent pour opérer, organiser des camps d’entraînement ou des matchs internationaux.

À l’époque de la signature du contrat, Soccer Canada voulait mettre toutes les chances de son côté, avec les États-Unis et le Mexique, pour accueillir la Coupe du monde de 2026. La FIFA exigeait qu’un circuit professionnel de soccer masculin soit instauré au pays pour donner son aval.

On peut trouver le meilleur équivalent de CSB juste au sud de notre frontière. Aux États-Unis, jusqu’en 2021, c’est Soccer United Marketing (SUM) qui gérait le marketing et les droits de communication de la fédération américaine de soccer. SUM était une filiale de la MLS, comme CSB est une filiale de la PLC au Canada. L’entente n’a pas été renouvelée lorsqu’elle est venue à échéance il y a deux ans.

« Love » au lieu de « zero »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Félix Auger-Aliassime a sûrement entendu différentes hypothèses concernant l’utilisation de « love » plutôt que « zero » au tennis, mais aucune de ces hypothèses n’a été prouvée.

Au tennis, pourquoi on utilise en anglais le terme « love » au lieu de « zero » ?

Yvon Béland

Réponse de Katherine Harvey-Pinard

La raison exacte est inconnue, mais il y a quelques hypothèses. La principale veut que le mot « love » soit un dérivé du français « l’œuf », un œuf ayant la même forme qu’un zéro. Une autre théorie suggère qu’un joueur qui n’a aucun point joue « pour l’amour du jeu » (for the love of the game). Puisque ni l’une ni l’autre de ces hypothèses n’a été prouvée, choisissez celle qui vous convient !