Jérémy Savoie a commencé à courir de longues distances en mai dernier. Ce week-end, sept mois plus tard, il courra 165 kilomètres d’une traite au 24 h Tremblant. S’il y arrive, il deviendra le plus jeune à réussir pareil exploit à cet évènement.

L’évolution de Savoie dans le monde de la course est impressionnante, voire fascinante. Pour bien la saisir, allons-y d’abord de quelques dates :

  • 11 mai : première course de 10 km
  • 4 juin : premier demi-marathon
  • 8 juillet : premier marathon à Magog
  • 12 et 19 août : deuxième et troisième marathons
  • 27 août : premier ultramarathon (70 km) à Laval
  • 2 septembre : quatrième marathon
  • 9 septembre : ultra-trail Harricana (65 km)
  • 10 septembre : cinquième marathon (12 heures après Harricana)
  • 8 octobre : Bromont Ultra (80 km)

On en passe. Et ce n’est pas tout. Question de se préparer pour le 24 h Tremblant, Savoie a parcouru, les 11 et 18 novembre, une distance de 100 km.

« C’était quand même très difficile. Surtout le deuxième, parce que je n’étais pas remis à 100 % du premier que j’avais fait [une semaine plus tôt] », lance-t-il à votre représentante de La Presse déjà abasourdie.

Petit détail, qu’on avait omis jusqu’ici : Jérémy Savoie a 20 ans. Et depuis qu’il a commencé à courir de telles distances, il n’a pris aucun jour de congé. Tous les matins, celui qui possède sa propre société d’investissements immobiliers se lève entre 4 h et 4 h 30 pour son entraînement qui dure entre une heure et une heure et quart. « Ce matin, je suis à 178 jours de suite », lâche-t-il.

PHOTO FOURNIE PAR JÉRÉMY SAVOIE

Jérémy Savoie

La force du mental

Pour la petite histoire, Jérémy Savoie est un ancien joueur de hockey. En 2022, après avoir joué une saison au sein d’une équipe du New Jersey évoluant dans l’Eastern Hockey League, il a décidé d’accrocher ses patins afin de se lancer à temps plein dans le monde de l’immobilier. Puis, comme tout bon sportif, il s’est cherché un nouveau passe-temps lui permettant de demeurer actif.

C’est ainsi qu’il a commencé à s’inspirer de l’ancien Navy SEAL David Goggins, coureur de longues distances suivi par 9,9 millions de personnes sur Instagram. En mai, quelques mois après avoir commencé à courir des distances de 2 ou 3 km, Jérémy a lu le livre de Goggins, ce qui l’a poussé à commencer lui aussi les longues distances.

Savoie ne passe pas par quatre chemins : il n’aime pas la course en soi. « C’est vraiment plus ce que ça apporte autour, précise-t-il. Ça apporte une discipline, et surtout une force mentale parce qu’en faisant quelque chose que je n’aime pas nécessairement faire, ça me force à toujours me lever et partir la journée du bon pied avec un entraînement. »

Le jeune homme n’a pas de préparateur mental ni physique. « C’est vraiment par moi-même que j’ai évolué mentalement à travers ces courses-là », dit-il. Néanmoins conscient qu’il doit « faire attention », il aimerait devenir plus « sophistiqué » dans sa course.

Toujours est-il que samedi, à midi, Jérémy Savoie, qui fait partie de l’équipe Le Banc de l’immobilier, prendra le départ du 24 h Tremblant avec l’objectif de faire 165 km en 24 heures, « seul et sans arrêt, sauf quelques pauses très, très légères durant l’évènement ».

« Pour être honnête, c’est sûr qu’il va y avoir l’aspect neige que je n’avais pas prévu. Ça va être un autre défi additionnel, si on veut. J’espère que la piste va être déblayée ! », s’exclame-t-il dans un rire.

Le Blainvillois sait maintenant à quoi s’attendre quand il fait de telles distances. Samedi, il repoussera ses limites. Un concept qu’il commence à bien connaître.

Quand tu entres dans des courses d’ultramarathon comme ça, c’est vraiment sur le plan mental que c’est le plus difficile. À un certain point, c’est ton corps, mais quand t’arrives après une certaine distance, ton corps, il est déjà cassé, si on veut. C’est vraiment juste le mental qui te permet de poursuivre.

Jérémy Savoie

Comme le veut la tradition de l’évènement, Jérémy amasse des fonds pour les fondations bénéficiaires du 24 h Tremblant, qui viennent en aide aux enfants malades. Il a jusqu’ici récolté 3050 $ sur un objectif de 10 000 $.

« J’ai perdu mon grand-père [d’un cancer] cette année. C’est correct, il avait fait sa vie même s’il est parti trop jeune. Mais il y a des enfants qui, eux, n’ont pas eu la chance d’avoir cette vie-là encore et qui sont à l’hôpital depuis qu’ils sont jeunes. C’est sûr que ça ajoute une motivation supplémentaire de me dire que j’espère pouvoir faire la différence pour eux. »

Comme Jérémy Savoie est inarrêtable, il a déjà en tête le défi qui suivra celui du 24 h Tremblant : il envisage une course Montréal-Québec, d’une distance de 270 km, accompagnée là aussi d’une collecte de fonds.

« Je n’ai jamais arrêté d’évoluer dans mes courses et je ne prévois pas le faire, dit-il. Chaque fois, ça me permet de repousser mes propres limites et probablement aussi celles de la société en général. C’est une des raisons pour lesquelles je le fais aussi. »