En décembre 2024, Heidi Levasseur entamera enfin son projet Go-Atlantica, qui consiste à traverser l’océan Atlantique à la nage, du Sénégal au Brésil. Une aventure qui vise à sensibiliser à la fragilité des océans.

« Moi, dans la vie, je veux faire quelque chose que personne d’autre n’a jamais fait. »

Ce souhait, Heidi Levasseur l’a exprimé quand elle avait 5 ou 6 ans. C’est ce que sa mère lui a raconté. À l’époque, elle venait de commencer la natation. Elle développait une passion pour l’eau. Passion qui, rapidement, est devenue vitale.

Elle a aujourd’hui 42 ans. Et dans moins de 365 jours, elle tentera de devenir la première au monde à traverser l’océan Atlantique à la nage. Un joli, mais surtout long parcours de 3000 km qui la mènera des côtes du Sénégal à celles du Brésil.

Une aventure physique, psychologique et logistique qui nécessitera de six à huit heures de nage par jour pendant 120 à 180 jours.

Son lointain souhait d’enfance, Heidi Levasseur l’exaucera.

Voyez-vous, Levasseur aime transformer l’impossible en possible. À 15 ans, elle est devenue la plus jeune nageuse à traverser le lac Memphrémagog. À 16 ans, elle réalisait le même exploit à la Traversée internationale du lac Saint-Jean.

Au fil des années, elle a multiplié les prouesses dans l’eau, parcourant notamment Montréal-Québec à la nage à trois reprises, ou encore Québec-Matane. En voulez-vous, des longues distances ? Il suffit de regarder le CV de la sirène du Québec.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

En 2010, Heidi Levasseur, alors âgée de 25 ans, au départ du Vieux-Port de Montréal pour nager jusqu’à Québec

Levasseur ne sait pas exactement d’où lui vient ce désir d’être une précurseure. « C’est comme me demander pourquoi je suis une femme. Je suis née comme ça », illustre-t-elle.

Ce grand rêve de traverser l’océan Atlantique à la nage, Levasseur le caresse depuis déjà bien longtemps. Près de 10 ans, pour être exact. C’est un massothérapeute, lors d’une soirée en pleine traversée entre Montréal et Québec en 2014, qui a planté la première graine d’un tel projet dans son esprit.

« Il a dit : “Moi, je pense que s’il y a quelqu’un qui est capable de faire ça, c’est toi.” On dirait qu’il y a comme une lumière qui s’est allumée en moi. J’ai souri et j’ai dit : “OK, je me lance là-dedans.” Ç’a été comme instantané. J’ai dit : “Ouais, je peux faire ça, moi.” »

Parce que… pourquoi pas ?

Avec ce projet, Heidi lance un cri du cœur pour la sauvegarde des océans. Et elle fait la preuve de la force des femmes. Tels sont les messages qu’elle veut lancer.

« Je nage non seulement pour la force et la résilience de chaque femme, mais aussi pour célébrer la puissance indomptable de la nature qui se reflète en nous », déclare-t-elle dans la description de sa campagne Go Fund Me, qui vise à amasser plus de 1 million de dollars. « À l’instar des océans qui couvrent notre planète, les femmes sont des piliers essentiels de la vie, puissantes et nourrissantes. Mais tout comme nos océans, la pureté et la qualité de notre essence sont menacées. »

Changement de plan

Si l’histoire d’Heidi Levasseur vous dit quelque chose, c’est qu’on l’a déjà racontée dans nos pages. La Québécoise devait entamer son périple en 2020, mais une pandémie mondiale a bouleversé ses plans. « Ce n’est peut-être pas [tout] de A à Z qui était en place, mais je dirais peut-être de A à V. »

Devant la confusion et le flou qui entouraient le retour éventuel à la normalité, elle a dû mettre son projet sur pause. Plutôt que de se morfondre, elle a décidé de prendre soin d’elle-même et de travailler sur des aspects qu’elle considérait comme « moins solides ».

Elle voulait optimiser ses capacités tant physiques que psychologiques pour être « dans une forme exceptionnelle » le moment du départ venu.

Elle a beaucoup lu. Appris des pratiques de méditation. Fait des exercices qui lui ont redonné vitalité, souplesse et une forme physique « extra ». Aujourd’hui, Levasseur se sent entièrement prête pour le défi qu’elle entamera en décembre 2024, un temps de l’année propice en raison des conditions météorologiques.

La nageuse s’est entourée de toute une équipe multidisciplinaire et professionnelle qui l’accompagnera sur un catamaran. La liste est longue : un responsable du projet, un responsable du soutien psychologique et coach personnel, un massothérapeute, une responsable de l’image publique, une kayakiste expérimentée et compagne de traversée, une réalisatrice et documentariste, une cuisinière responsable de la nutrition ainsi qu’un capitaine, guide et expert maritime. Il lui manque encore un médecin avec des compétences marines.

Quelle peur ?

Ne demandez pas à Heidi Levasseur si elle a peur. « J’ai de la difficulté à répondre, nous dit-elle. J’ai beaucoup de confiance en ce projet-là. Ça fait tellement longtemps que j’y travaille, que j’y pense. »

Les risques ont été réfléchis, évalués, planifiés. La nageuse portera une combinaison antirequins et un appareil GPS pour homologuer sa traversée.

« En sachant comment on se protège devant ces risques-là et quels sont les plans d’intervention, ça enlève beaucoup de stress », note-t-elle.

Ultimement, le mental et le physique ne font qu’un. C’est une « écoute profonde » qui lui permettra d’arriver au bout de cette aventure.

« Je me suis rendu compte qu’en étant très à l’écoute de moi, de mon intuition et de ce que mon corps me dit, je suis la plupart du temps capable de trouver les solutions pour réharmoniser les choses. »

Cette traversée, c’est son « grand rêve ». C’est, aussi, une façon d’inviter les gens à foncer vers leur propre rêve. À non seulement atteindre leurs limites, mais à les dépasser. Parce que « de dépassement en dépassement, ça mène à toujours plus grand ».

« Il y a comme quelque chose d’un peu énigmatique, même d’un peu sacré, là-dedans. De dire : je suis capable de faire ça, je ne pensais pas. »