Georges St-Pierre ferait un formidable apôtre pour les scientifiques qui prônent depuis longtemps la multidisciplinarité chez les jeunes sportifs. Aussi bien pour le maintien de la pratique à long terme que pour l’atteinte de l’excellence.

C’est connu, l’ex-champion d’arts martiaux mixtes s’est inspiré de plusieurs sports pour devenir l’un des meilleurs de sa discipline. Le karaté, pour le jeu de pieds et la vitesse d’exécution, le judo et la lutte, pour les projections et les combats au sol, le taekwondo, pour les coups de pied, l’escrime, pour l’ajustement de la distance par rapport à l’adversaire, et la boxe, pour la discipline et les affrontements debout.

Même la gymnastique fait partie de son hygiène de vie. L’un de ses « plus grands regrets » est d’ailleurs de ne pas s’y être initié plus tôt.

« J’avais 28 ans et j’aurais dû m’y mettre dès que j’ai commencé à marcher. Malheureusement, quand j’étais jeune, les gens pensaient souvent que c’était plus un sport pour les filles. C’est dommage parce que c’est un sport très important, très complet. Il t’apprend l’équilibre, la flexibilité, l’explosivité. »

Les gymnastes sont les personnes les plus athlétiques, celles qui ont le meilleur contrôle de leur corps.

Georges St-Pierre

Stella Letendre est bien d’accord. Elle en a fait une éloquente démonstration dans le cadre d’une remise de bourses des fondations Aléo et Georges St-Pierre, mardi après-midi, à la Maison du loisir et du sport, à Montréal.

Sous le regard attentif du célèbre combattant, l’adolescente de 13 ans a exécuté quelques roues sans les mains, comme si on lui avait demandé de compter jusqu’à 10. « Wow, incroyable ! », a apprécié GSP, qui s’est retenu de l’imiter pour préserver son épaule blessée.

Stella Letendre était la plus jeune des sept nouveaux boursiers des fondations Aléo et Georges St-Pierre, dont ils sont maintenant des « membres à vie ».

Âgés de 13 à 18 ans, ils représentaient chacun l’un des sports chers à GSP : Victor Beaudet, le taekwondo ; Talia Birch, la boxe ; Xavier Brouillette (absent pour une compétition), le judo ; Abderrahmane Guemmat, le karaté ; Floryan Lacroix, l’escrime ; Cruz Lewis, la lutte. En plus d’avoir l’occasion d’exécuter quelques manœuvres avec leur mécène – le grand Victor Beaudet lui a servi un drop kick pas banal –, ils ont obtenu une bourse de 2000 ou 4000 $, pour une remise totale de 16 000 $.

  • Georges St-Pierre et Victor Beaudet (taekwondo)

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Georges St-Pierre et Victor Beaudet (taekwondo)

  • Georges St-Pierre et Talia Birch (boxe)

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    Georges St-Pierre et Talia Birch (boxe)

  • Abderrahmane Guemmat (karaté)

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    Abderrahmane Guemmat (karaté)

  • Georges St-Pierre et Floryan Lacroix (escrime)

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    Georges St-Pierre et Floryan Lacroix (escrime)

  • Georges St-Pierre et Cruz Lewis (lutte)

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    Georges St-Pierre et Cruz Lewis (lutte)

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En plus d’exceller dans leur discipline, ces élèves-athlètes se démarquent à l’école secondaire ou au cégep, une valeur fondamentale de la Fondation Aléo depuis sa création en 1985 (sous le nom de Fondation de l’athlète d’excellence du Québec).

Objectif : 2028

Championne canadienne novice à la table de saut, Stella Letendre ne se signale pas qu’en gymnastique. L’élève de deuxième secondaire fait de la natation une fois par semaine avec le club Mustang Boucherville. Elle est également membre de l’équipe AAA U14 au club de soccer de la Vallée-du-Richelieu (CSVR).

À la blague, l’athlète de Sorel-Tracy raconte même à ses professeurs qu’elle est déjà allée aux Jeux olympiques… dans le ventre de sa mère, Annie Barabé, qui était enceinte aux Jeux olympiques de Vancouver, où elle entraînait les patineurs artistiques Cynthia Phaneuf, Jessica Dubé et Bryce Davison. Son père, Joey Letendre, était leur préparateur physique.

En gros, le sport coule dans ses veines. Elle souhaite « aller aux Jeux olympiques de 2028, parce que ce serait un bon moment par rapport à [s]on âge », a-t-elle indiqué avant de sa recevoir sa bourse.

Son appareil favori est le sol, « à cause de la danse et de la chorégraphie ». Stella Letendre a pratiqué le patinage artistique plus jeune, mais elle « aimai[t] mieux la gym ». La double participation de sa mère aux Jeux olympiques comme entraîneuse est pour elle une source d’inspiration. « Ça ne me met pas de pression, a-t-elle précisé. Elle me dit juste de faire de mon mieux et il arrivera ce qui arrivera. »

Annie Barabé a été enchantée par la grande « ouverture d’esprit » de l’entraîneur René Laroche, du club Mustang, prêt à accepter sa fille pour une seule séance, comparativement à cinq pour les autres nageurs du sport-études. Elle fait des compétitions et se débrouille particulièrement bien au crawl et au papillon, aidée par la force de ses épaules.

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La gymnaste Stella Letendre et sa mère, Annie Barabé

« C’est aussi pour me changer les idées de la gym, a précisé Stella. Pour que je ne sois pas trop concentrée là-dessus si ça va mal. »

Le coach de gymnastique Michel Charron, du club Gym-Richelieu, à Saint-Hubert, a dû se faire convaincre. « On l’a rencontré et on lui a expliqué : elle s’entraîne, mais différemment, a exposé Annie Barabé. Pendant qu’elle est à la natation, elle peut renforcer d’autres muscles. La gym, c’est 30 heures par semaine. Quand bien même elle en ferait 25, ce n’est pas grave. »

Le club de soccer s’est montré conciliant : « L’entraîneur sait qu’elle fait de la gym, il ne va pas la bencher parce qu’elle est là moins souvent. »

Priorité

La gymnastique reste le sport prioritaire de Stella, qui se voit un jour étudier dans une université américaine, où la gym est une grosse affaire. Le mois prochain, elle participera à Élite Canada, en Colombie-Britannique, sa première compétition dans la catégorie junior.

« On n’aurait jamais pensé qu’elle se rendrait jusque-là, a souri Joey Letendre, pétri de fierté. On monte les échelons, on monte les échelons, et oups ! elle ramasse une bourse. On est super contents pour elle. »

Toute la famille a posé avec Georges St-Pierre, que Stella, un peu rouge, a avoué ne pas connaître avant que ses parents ne lui expliquent. « Ah ! c’est le gars des pubs Bet99 ! », avait-elle réagi. Sa référence : la percutante parodie de Bruno Blanchet, au Bye bye de 2021…

GSP ne reviendra pas

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Georges St-Pierre

Les spéculations quant à un éventuel retour de Georges St-Pierre dans l’octogone semblent être un sport national pour les amateurs d’arts martiaux mixtes. Blessé à l’épaule gauche, l’athlète de 42 ans a dû annuler sa compétition de grappling prévue dans le cadre d’un évènement de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), le 14 décembre dernier.

« La récupération est très longue et je ne suis pas remis à 100 % », a précisé GSP en marge de la remise de bourses de sa fondation, mardi.

« Je suis allé aux États-Unis pour faire ce qu’on appelle [une thérapie de] stem cells [cellules souches]. J’ai espoir que ça va m’aider à éviter une opération. »

Le grappling étant une forme de lutte où les frappes sont interdites, Georges St-Pierre n’écarte pas totalement la possibilité de s’y adonner dans un contexte compétitif un jour, « mais pour l’instant, ce n’est pas sur le radar ».

Quant à l’éventualité d’un retour dans l’octogone pour un véritable combat, le membre du Temple de la renommée de l’UFC, retraité depuis 2019, ferme totalement la porte, peu importe le nombre de millions sur la table.

« C’est fini, j’ai 42 ans, cette partie de ma vie est derrière moi, a tranché l’homme aux 26 victoires contre seulement 2 défaites. Ce n’est pas une question d’argent pour moi. La santé, c’est ce qui est le plus important. Il y a des combattants qui finissent leur carrière et c’est tout ce qu’ils connaissent dans la vie. Moi, j’ai d’autres choses. Le combat, c’est ce que j’ai fait dans la vie, mais ce n’est pas moi, ce n’est pas qui je suis. »

Parmi ses projets : une conférence en Thaïlande à court terme, des tournages et, bien sûr, de l’entraînement, parfois avec le jeune boursier Cruz Lewis, qui n’en revient pas de croiser la légende si souvent au Montreal Wrestling Club.