(Saint-Côme) L’entraîneur-chef de l’équipe canadienne de bosses à Ski Acro Canada l’admet d’emblée : sa formation a connu un creux de vague. Mais Michel Hamelin assure que la reconstruction est terminée et que sa troupe est de retour au sommet.

« Ça fait peut-être deux ans (qu’on est en reconstruction). Après les derniers Jeux, on a plusieurs athlètes qui ont pris leur retraite. J’avais plusieurs jeunes candidats prêts à s’amener sur la Coupe du monde, mais toujours en développement. Ils faisaient des 16e, 27e, 30e places. Il y a eu un déclic cette année et je vois beaucoup plus de tops-6, tops-5, avec plus de skieurs en super finales », a souligné Hamelin, en marge de la conférence de presse lançant les activités de la Coupe du monde de Val-St-Côme, qui sera disputée vendredi et samedi.

« Toujours, “Mik” (Mikaël Kingsbury) se trouve au sommet, a ajouté Hamelin. Mais Louis-David Chalifoux, Julien Viel et Eliot Vaillancourt sont maintenant très constants. »

Le Canada compte d’ailleurs quatre athlètes dans le top 10 mondial avant les compétitions de ce week-end : Kingsbury (1er), Viel (7e), Chalifoux (8e) et Vaillancourt (10e). Un cinquième, Gabriel Dufresne, vient au 21e rang mondial, à quelque 80 points des 10 meilleurs sur la planète.

« C’était une question de temps, a analysé Kingsbury au sujet de l’ascension de ses coéquipiers. Pour certains, il leur manquait un plus grand éventail de sauts, ou un peu d’expérience. Je sens que les gars, juste de la façon dont ils se comportent autour de la piste, sont moins impressionnés. Il n’y a plus de nouvel endroit à découvrir pour eux, et je sens plus de confiance. Il pouvait regarder la liste de départ et se dire qu’untel ou untel était bon. Maintenant, ils n’ont qu’à se dire que s’ils font leur travail, ils vont se retrouver en finale. Je ne sens plus qu’ils se concentrent sur les autres skieurs, mais sur eux. »

Une analyse que partagent les plus jeunes membres de l’équipe.

« C’est le résultat de plusieurs saisons d’apprentissage ; ça n’est pas ma première saison sur le circuit, a noté Vaillancourt. J’avais du mal par le passé à gérer toutes les distractions sur le circuit de la Coupe du monde. Après plusieurs années, j’ai pu appliquer mes leçons – finalement ! Je commence vraiment à apporter les correctifs, à être plus calme, composé. Pendant ce temps-là, mon niveau de ski continue de s’améliorer. La commande pour faire les finales face à mon niveau de base est donc moins élevée. Ça ne veut quand même pas dire que je doive me reposer dans le portillon de départ !

« Toute l’équipe, on se tire vers le haut, a-t-il ajouté. C’est vraiment bien pour la chimie et c’est vraiment motivant, que ce soit en entraînement ou en compétition. »

Plus long chez les dames

Le processus est un peu plus long chez les dames, qui n’ont plus vraiment de têtes d’affiche depuis les départs d’Audrey Robichaud et des sœurs Dufour-Lapointe.

« On a Maia Schwinghammer qui commence à être confiante en elle-même et est maintenant capable de livrer une performance “sur demande”. C’est bien d’être bon à l’entraînement, mais c’est en course qu’il faut livrer. “Mik” le fait. C’est ce qui manquait au reste de l’équipe », a évoqué Hamelin.

« Cette vague de succès commence à se faire ressentir sur tout le monde au sein de l’équipe, et elle atteint même les skieurs de l’équipe de relève (Next Gen) », a-t-il assuré.

Schwinghammer occupe actuellement le 20e rang mondial après, notamment, un premier podium en carrière. Elle a récolté une médaille d’argent en duels lors de la dernière Coupe du monde de Bakouriani, en Géorgie.

Schwinghammer, de la Saskatchewan, mais dont la mère est québécoise et qui comptera sur une forte délégation de membres de sa famille et d’amis ce week-end à Val-St-Côme, est d’ailleurs la seule athlète féminine membre en règle de l’équipe nationale. Berkley Brown (17e) et Laurianne Desmarais-Gilbert (29e) font partie de l’équipe de relève.

Celle qui occupe la 10e place au classement mondial a raté de peu sa qualification en vue des Jeux de Pékin en 2022. Elle a donc abordé le cycle olympique menant à Milan-Cortina, en 2026, animée d’un plus grand désir de réussite. Elle a d’ailleurs atteint sa première super finale l’an dernier, à St-Côme, et elle compte maintenant un premier podium en Coupe du monde.

« Ça s’en vient ! Les habiletés sont là, a-t-elle dit. Après quelques super finales en deuxième moitié de saison l’an dernier et un premier podium, je sens que les JO sont à ma portée. D’avoir raté ma qualification de peu m’a fait réaliser que ce rêve n’était pas si loin, mais que je devais changer des trucs.

« Mon entraînement pendant la saison morte est plus intense. Je vois que ça rapporte et ça me met en confiance. Plus je suis en confiance, plus mes résultats sont bons », a résumé Schwinghammer.

Les activités seront lancées en après-midi vendredi avec les qualifications en simple. Les finales et super finales auront lieu en soirée, comme lors des Championnats du monde et des Jeux olympiques. Samedi suivront les bosses en parallèle, avec le même horaire.