Nous vous demandions lundi quel était votre plus beau souvenir d’enfance lié au sport. Voici quelques-unes des réponses que nous avons reçues.

Lorsque j’étais enfant, dans les années 1980, on allait de temps en temps en famille assister à un match des Expos au Stade olympique. Il y avait parfois des journées thématiques spéciales, dont cette fameuse Journée de la photographie. Ainsi, armée de mon petit appareil, je suis arrivée au Stade dans l’espoir de capter sur pellicule mon idole, Gary Carter. Main dans la main avec mon père, on a laissé ma mère et mon jeune frère dans les bleachers afin de se rendre à l’autre bout du grand stade, en bas sur le terrain, où les joueurs attendaient leurs fans. Au moment de sortir de notre section, un gardien nous apostrophe avec un : “Une seule personne par appareil photo !” Face à mon regard à la fois incrédule, déçu et terrorisé, mon père s’est doucement penché vers moi, a déposé dans ma main mon billet arborant le numéro de mon siège et m’a dit : “Si tu ne retrouves pas ton chemin pour revenir, demande à un placier. Tu es capable !” J’ai surmonté ma peur, affronté la foule et trouvé, parmi les Tim Raines, Andre Dawson et Tim Wallach, mon fameux numéro 8. Avec son charisme légendaire, il m’a fait un clin d’œil, juste pour moi. J’ai 55 ans et j’ai encore sa photo.

Nancy Blanchette

PHOTO DENIS COURVILLE, ARCHIVES LA PRESSE

Bob Gainey (23), Larry Robinson (19), Chris Chelios (24) et Guy Carbonneau (21) en 1989

À l’été 1989, mon père avait eu la chance de jouer au golf avec Mario Tremblay par des amis communs. Il lui avait fait part du fait que son garçon de 9 ans était un mordu de hockey et regardait pratiquement tous les matchs du Canadien, tout en prenant systématiquement pour l’équipe adverse. Le 23 décembre suivant, je me retrouve au Forum de Montréal pour une partie contre les Flyers. Au début du match, nous croisons Mario Tremblay, travaillant à l’époque pour Radio-Canada, qui nous donne un point de rencontre après la troisième période. Il nous a alors amenés mon père et moi dans le vestiaire de l’équipe. Malgré une amère défaite de 5-3, les joueurs ont été super chaleureux avec moi. J’ai pu faire le tour, muni d’un bâton de Guy Carbonneau que les Roy, Richer, Chelios, Corson, Brunet, Lebeau et compagnie ont pu signer. Un souvenir mémorable. Au centenaire de l’équipe, mon père m’a offert une brique commémorative de cet évènement, qui se trouve aujourd’hui à côté du Centre Bell. Je suis aujourd’hui un grand fan du CH et c’est maintenant moi qui amène mon père au Centre Bell et perpétue la tradition en y amenant mes enfants. Le vestiaire de l’équipe n’est par contre plus aussi accessible !

Luc Pagé

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Le premier match de la Série du siècle entre le Canada et l’URSS, le 2 septembre 1972 au Forum de Montréal

Le 2 septembre 1972, Forum de Montréal. J’ai 13 ans et je suis un fanatique de hockey. Mon père a gagné par tirage une paire de billets pour la première partie de la Série du siècle. Je suis convaincu qu’il invitera ma mère, mais, ô surprise, je suis l’heureux élu ! On est assis dans les rouges au centre, le match commence à peine qu’on la “met dedans”. On remet ça peu après et c’est 2-0 Canada. Mon père et moi, nous nous sautons dans les bras ! Un geste d’affection spontané. Je suis un peu gêné, mais je ne serai pas seul à être gêné, on était 18 018… On s’est fait corriger 7-3. J’ai compris plusieurs choses ce soir-là. Applaudissant les joueurs de l’URSS seuls au centre de la glace après le match voulant serrer la main de notre équipe absente, j’ai compris le respect de l’adversaire, des spectateurs, du jeu. Comme le hockey nord-américain, je venais de passer de l’enfance à l’adolescence avec ses doutes et remises en question. Et j’ai compris que je devrais exprimer plus souvent mon amour pour mon père.

Jean Beaudoin

PHOTO FOURNIE PAR NICOLE LAVOIE

Mike Bossy

Ce souvenir n’est pas le mien, mais celui de mes deux petits-enfants, heureux d’être pris en photo avec un grand héros.

Nicole Lavoie

PHOTO DANIEL GARCIA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Diego Maradona (à droite) lors de la demi-finale entre l’Argentine et l’ltalie à la Coupe du monde de soccer de 1990

Mon plus beau souvenir d’enfance est sans doute d’avoir assisté à la Coupe du monde de soccer en Italie en 1990. J’ai eu la chance de voir en personne les cinq parties qui se sont jouées à Naples, dont cette demi-finale impliquant l’équipe “hôte”, l’Italie, et l’Argentine de Maradona. Le destin a fait en sorte que la demi-finale se dispute dans la seule ville où l’appui à l’Italie n’était pas sans équivoque. La patrie contre le demi-dieu argentin qui a procuré deux championnats à Naples dans les cinq années précédentes. Que de souvenirs, beaucoup de joie, de plaisir, d’amertume et de stupéfaction. Bref, la condition humaine vécue à travers le foot…

Giuseppe Gomma

PHOTO PIERRE MCCANN, ARCHIVES LA PRESSE

Jean Béliveau en 1971

Mon plus beau souvenir remonte au 11 février 1971. Je suis alors à quelques mois de mon 14e anniversaire. Ma classe de 2e secondaire a organisé une sortie au Forum pour voir le Canadien affronter les North Stars du Minnesota. Jean Béliveau, mon joueur favori, compte trois buts et obtient une passe dans une victoire de 6-2. Son troisième but est le 500e de sa carrière. Rogatien Vachon, mon gardien favori qui a honteusement été ignoré pendant 34 ans avant d’être intronisé au Temple de la renommée, arrête Dany Grant sur un tir de pénalité. Avant le match, j’avais acheté un bâton miniature avec les autographes de tous les joueurs imprimés sur le bâton. Après le match, Béliveau l’a signé personnellement. J’ai toujours ce bâton 53 ans plus tard. Toute une soirée !

André Bordeleau

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Maurice Richard en 1960

Dernière présence de Maurice Richard sur la glace. J’ai 4 ans. Mes parents me sortent du lit et braquent mon visage sur l’écran noir et blanc qui m’éblouit. Ils suivent Maurice avec leur index et répètent sans arrêt : “C’est Maurice Richard !” Je dois faire de même et répéter trois fois le nom du héros pour enfin continuer ma nuit. Ma mère qui me borde me demande qui j’ai vu. “Maurice Richard !” “Tu dois t’en souvenir pour le reste de ta vie !” Je m’en souviens encore 63 ans plus tard.

Denis Gravel

PHOTO FOURNIE PAR MICHÈLE BÉRUBÉ

Nadia Comaneci et l’estafette Michèle Bérubé aux Jeux olympiques de Montréal

Mon plus beau souvenir d’enfance est bien sûr les Jeux olympiques de 1976. Ancienne gymnaste, j’ai travaillé au Forum de Montréal, où avaient lieu les épreuves de gymnastique. Mon travail d’estafette (c’est le titre de l’emploi) consistait à aller porter la note du juge assis à mes côté au juge en chef situé de l’autre côté. Imaginez ma surprise et mon excitation lorsque j’ai vu la note de 10 inscrite sur le papier. Je me vois encore courir et passer devant Nadia Comaneci avec la note dans mes mains. Par chance, je n’ai pas trébuché. J’étais tellement excitée. Le lendemain, on me voit sur la première page du journal ! Quel moment historique et quel beau souvenir.

Michèle Bérubé