(Montréal) Aucun plongeur de l’équipe canadienne n’a pu ajouter de médaille à sa collection au terme de la Coupe du monde de Montréal, ce week-end. Seule Caeli McKay a failli sauver l’honneur de son pays dans la dernière épreuve du programme, mais le meilleur espoir de médaille canadien est arrivé à court. De justesse.

1,6 point. C’est ce qui a fait la différence entre la Britannique Andrea Spendolini-Sirieix et la native de Calgary à l’épreuve de la tour de 10 mètres, dimanche après-midi.

L’athlète de 24 ans a été dans le coup jusqu’à la toute fin, malgré la pression exercée par sa rivale. Tout au long de l’épreuve, McKay se tenait confortablement au quatrième rang provisoire. Jusqu’à ce que Spendolini-Sirieix rate son entrée à l’eau à l’avant-dernier saut. Immédiatement après, la Canadienne a effectué son saut le mieux réussi de la journée.

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Caeli McKay

Avec un seul essai à compléter, la Britannique a sorti un lapin de son chapeau avec un saut aussi spectaculaire qu’efficace, au moment le plus important de la journée. Ses deux périlleux et demi lui ont valu 86,40 points. Une pente difficile à remonter pour McKay, impuissante en attendant son tour dans les marches menant à la plateforme.

Le niveau est incroyable. Andrea et les Chinoises [Yuxi Chen et Hongchan Quan] sont toujours constantes et je sais qu’elles sont les filles à battre.

Caeli McKay

Elle a bien répondu par la suite, faisant fi de la pression, grâce à un saut d’une très grande qualité qui, dans un autre contexte, l’aurait sans doute assurée d’un podium, mais en vain. À 1,6 point de sa rivale, au pied du podium, McKay a quand même pu s’adresser aux membres des médias la tête haute et le sourire aux lèvres, étant donné qu’il s’agit de son meilleur résultat individuel sur la scène internationale.

« C’est un sentiment aigre-doux. Vous le savez, la quatrième position est toujours un peu embêtante. Mais je ne peux pas m’en vouloir. […] Je suis très heureuse présentement. J’ai été très surprise et soulagée lorsque j’ai vu mon nom en deuxième position après mon saut. C’est frustrant lorsque c’est si serré, mais je suis fière de moi. »

La compétition était extrêmement relevée. Cette épreuve a été de toute évidence la plus exaltante de la fin de semaine. Les Chinoises au sommet, et la Britannique juste derrière, ont offert une qualité de sauts dont les amateurs réunis au Stade olympique se sont régalés. Notamment parce qu’à l’œil, la majorité des spectateurs semblaient débarqués tout droit du pays de Yao Ming et Jackie Chan. Les juges distribuaient des notes de 9 et de 9,5 comme un lanceur de cacahouètes salées à l’époque où le stade servait aussi de domicile à un club de baseball.

Autrement dit, terminer à moins de deux points d’un trio aussi talentueux permet à McKay de mieux digérer son résultat : « Être si près d’elles, ou à tout le moins d’Andrea, ça me donne un peu d’espoir et ça me donne des indices sur la manière dont je dois travailler pour me parfaire en cette année olympique. Je sens que je suis près du but. »

Dans la cour des grands

Cédric Fofana a accumulé les déceptions dans les derniers grands rendez-vous internationaux. Une 29e place aux Jeux olympiques de Tokyo et une 34e position aux plus récents championnats du monde n’ont pas étiolé son désir de gravir un jour les trois marches sur lesquelles les meilleurs athlètes au monde se font acclamer.

Il n’y est pas parvenu, dimanche, à l’épreuve du trois mètres individuel, mais il repart la tête haute compte tenu de sa huitième position. Jamais il n’avait récolté 400 points sur la scène internationale. Et jamais il ne s’était qualifié pour une finale individuelle sur le circuit de la Coupe du monde.

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Cédric Fofana

« Ça représente un peu un nouveau départ », a souligné l’athlète de 20 ans dans la zone mixte après ses six plongeons.

Il a admis avoir été nerveux au départ de la compétition, compte tenu de son récent historique. « Mais je pense que j’étais plus nerveux avant la compétition, pendant la pratique. Et une fois que la compétition a commencé, j’étais nerveux, mais je me suis calmé, j’en avais besoin. »

Cédric Fofana a alterné les bons sauts et les moins bons. Il a été parfois sublime et juste, comme sur son cinquième saut. Mais parfois désaxé et fuyant comme à sa troisième tentative. Il a à tout le moins fait le nécessaire pour être fier de lui et franchir la fatidique marque des 400 points.

« C’était un cap à franchir, et j’ai envie de dire qu’il était temps que je le franchisse, parce que je sais que je suis capable de le faire. Aux Nationaux, je fais pratiquement tout le temps ça. »

Fofana n’a jamais vraiment été dans le coup pour une médaille. Ses rivaux ont offert un niveau de plongeon absolument fantastique, lire ici le Chinois Zongyuan Wang avec ses 549,50 points, mais l’objectif du Montréalais ce week-end résidait seulement dans le fait de se remettre en selle le plus adéquatement et naturellement possible. C’est donc mission accomplie. « Je suis vraiment satisfait d’avoir fait ça devant ma famille, mes amis, la foule. Ça peut juste aller mieux d’ici peu. »

Osmar Olvera Ibarra et Jack Laugher ont complété le podium.

Une pratique pour les Jeux

Au bout de son troisième saut de la plateforme de 10 mètres, le tandem composé de Nathan Zsombor-Murray et Rylan Wiens était en belle position pour éventuellement grimper sur le podium. Jusqu’à son quatrième essai.

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Rylan Wiens et Nathan Zsombor-Murray

Zsombor-Murray et Wiens étaient néanmoins toujours installés en deuxième place, mais l’écart avec leurs poursuivants a fondu comme crème glacée vanille au soleil. À son entrée à l’eau, Wiens n’a pas ramené suffisamment ses jambes en ligne droite. Les juges n’ont visiblement pas apprécié les éclaboussures provoquées par ce manque de précision, allouant au duo seulement 72,15 points, sur le saut au coefficient de difficulté le plus élevé de leur programme.

Juste auparavant, les deux Canadiens avaient terminé leurs trois rotations et demie avec finesse. Ils ont presque touché à la perfection avec un score de 86,40.

Malgré une belle lueur d’espoir en milieu d’épreuve, Zsombor-Murray et Wiens n’ont guère amélioré leur sort sur les deux dernières figures, les reléguant donc en cinquième position.

« Ç’a bien été mentalement, c’est plus physiquement, je pense, a avoué Zsombor-Murray. J’étais un peu fatigué après l’individuel hier. À part ça, j’ai bien fait, j’ai bien géré mon énergie pour la compétition. »

Le Québécois a avoué ressentir « un peu de déception » puisqu’ils ont flirté avec le podium pendant au moins la moitié de la compétition.

Leur objectif établi en début de journée n’avait cependant rien à voir avec un éventuel podium ou la possibilité de conclure la journée avec une médaille autour du cou : « C’est surtout de la pratique pour le synchro aux Olympiques. Juste pour être confortables ensemble et être capables de gérer l’énergie et le stress. »

Qualifié pour les Jeux olympiques de Paris depuis les Mondiaux aquatiques en février, le duo se croit dur comme fer « capable d’avoir une médaille avec cette liste [de sauts]. »

La Chine, le Mexique et la Grande-Bretagne ont respectivement terminé en première, deuxième et troisième positions.

Près du podium

Aimee Wilson et Margo Erlam ont appris qu’elles participeraient à l’épreuve du trois mètres synchronisé il y a une semaine à peine. Même si elles s’entraînent dans des clubs différents, Wilson à Calgary et Erlam à Saskatoon, les deux athlètes se côtoient depuis longtemps.

Or, leur chimie leur a été diablement utile dans ce contexte.

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Aimee Wilson et Margo Erlam

Malgré qu’au départ de la compétition, le duo a tardé à trouver son rythme. Après deux sauts, les Canadiennes étaient dernières au classement provisoire. Toutefois, leur quatrième saut a été l’étincelle nécessaire pour revenir au plus fort de la course, en cinquième position. Leur dernier essai, presque aussi bien exécuté, a été déterminant dans leur ascension. Elles ont finalement pris le quatrième rang de l’épreuve, à moins de 12 points des Australiennes et de la dernière place donnant accès au podium.

« On ne savait même pas. On ne regarde pas le tableau entre nos plongeons », a avoué Wilson concernant leur classement provisoire après deux sauts.

Évidemment, en raison du délai de préparation, la paire ne s’attendait pas à obtenir un aussi bon résultat. « Considérant cela, nous sommes vraiment très contentes », a clamé Erlam.

Les Chinoises ont remporté l’or, les Américaines, l’argent et les Australiennes, le bronze.