Père de trois enfants, consultant en informatique et entrepreneur à succès, Laurent Proulx, 49 ans, a toujours eu une vie bien remplie. Au début de la quarantaine, il a pris la décision de se remettre en forme et de perdre quelques livres. Cet ancien nageur a trouvé sa voie dans le triathlon. Après avoir complété sa première épreuve, il a trouvé un défi à la hauteur de ses ambitions: participer avant l'âge de 50 ans au mythique Ironman d'Hawaii, soit 3,8 kilomètres de natation, 180 km de vélo et, pour bien s'achever, un marathon (42 km). «Le Ironman, c'était un projet de vie», dit-il.

Sérieux, rigoureux, bien préparé et conseillé par un entraîneur, Laurent Proulx a tranquillement posé les briques de son ambitieuse entreprise. «Ça ne se fait pas du jour au lendemain. C'est une petite bouchée à la fois.» Au printemps dernier, il venait à peine de compléter son premier marathon de Boston en moins de 3h30 quand un obstacle inattendu s'est dressé sur sa route. À sa stupéfaction, lui, le super athlète dans la forme de sa vie, a reçu un diagnostic de cancer de la prostate. Il n'avait aucun symptôme.

 

Deux semaines plus tard, la mort dans l'âme, Laurent Proulx a quand même participé à son premier demi-Ironman, à Orlando, en Floride. «Honnêtement, je l'ai fait pour pouvoir me dire que je serais capable de me battre contre le cancer.»

À son retour, il a annulé sa participation au Ironman de Lake Placid, où il espérait se qualifier pour Hawaii. Un premier médecin lui a conseillé de ne pas se faire opérer parce qu'il ne pourrait jamais reprendre ses activités sportives. Un deuxième médecin était plus optimiste. Finalement, le 12 novembre, il a subi une ablation de la prostate.

À peine deux mois plus tard, il sautait dans ses souliers pour reprendre la course. Fin avril, il était de retour au marathon de Boston. Le soir même, il a écrit à son médecin pour qu'il transmette la bonne nouvelle à de futurs patients: oui, il est possible de reprendre ses activités après l'opération.

Ces temps-ci, Laurent Proulx reprend graduellement la forme en s'entraînant une douzaine d'heures par semaine.

Chaque mardi et jeudi matin, il est sur les pentes du mont Royal avec sept amis cyclistes. Ils se préparent ensemble pour le Ötztaler Radmarathon, une costaude épreuve de 238 kilomètres autour des montagnes de Sölden, en Autriche, en août prochain. Laurent Proulx doit parfois se résoudre à passer sur le petit plateau des pentes qu'il escaladait sur le gros plateau il y a moins d'un an. Ça reviendra, se dit celui qui se fait une fierté de ne jamais abandonner une course.

Les mardis et jeudis, il accompagne un client à la course sur l'heure du lunch. Le mercredi est consacré à une autre sortie de vélo, parfois avec l'Association cycliste en développement des affaires, dont il est membre. Les fins de semaine servent aux longues sorties à course à pied et en vélo.

Pour améliorer sa flexibilité, il a ajouté du yoga - l'intense version Bikram - à son régime, une activité partagée avec sa femme, une sportive qui ne fait pas de compétition. «Elle me trouve un peu excessif, mais ça fait partie de la vie», dit-il en souriant.

Frappé par le silence entourant le cancer de la prostate, Laurent Proulx s'implique activement dans la fondation PROCURE, un organisme voué à la prévention et à la guérison de cette maladie. Les 19 et 20 juin, il organise le premier Tour du Courage, événement cycliste visant à amasser des fonds pour la fondation (www.tourducourage.com).

S'avouant «tête dure», Laurent Proulx caresse toujours le projet de compléter son Ironman. Il s'est inscrit pour celui d'Arizona, le 21 novembre, et attend une réponse des organisateurs. Seule entorse au projet initial: il aura déjà 50 ans...