Cela fait déjà quelques saisons que les Spurs de San Antonio ont dépassé la date habituelle de péremption pour un prétendant au titre de la NBA. Ils se retrouvent pourtant en finale pour la deuxième année de suite!

Leur trio de pointe - Tim Duncan, Manu Ginobili et Tony Parker -, dont l'âge moyen dépasse 35 ans, avait mené les Spurs à trois titres en cinq saisons au milieu des années 2000 et tente, 10 ans après le premier de la série, d'en remporter un autre.

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Duncan et sa bande sont d'ailleurs venus bien près de réussir la saison dernière lorsqu'ils menaient la finale trois victoires à deux, avec un avantage de 5 points et quelques secondes à jouer dans le sixième match. Mais LeBron James et le Heat de Miami étaient miraculeusement venus de l'arrière pour arracher la victoire en prolongation, puis le septième match décisif.

Habituellement avare de ses commentaires, Duncan y est allé d'une prédiction audacieuse après la qualification des Spurs pour la finale. «C'est incroyable d'avoir pu retrouver notre concentration après la défaite crève-coeur de l'an dernier, a-t-il déclaré dimanche dernier. Nous sommes de retour en finale et très excités d'y être.

«Nous devons gagner quatre autres matchs... Nous allons réussir cette fois! Et nous sommes heureux d'affronter le Heat à nouveau. Nous avons encore le goût amer de la défaite dans nos bouches...»

En face, James et le Heat y vont pour un triplé qui leur permettrait de s'inscrire un peu plus dans la lignée des grandes formations de la NBA. Si le roi LeBron s'était un peu moqué du trash talk des jeunes joueurs des Pacers de l'Indiana, que le Heat a aisément vaincus en finale de l'Est, il n'a montré que du respect à l'endroit de Duncan et des vétérans des Spurs. Sans toutefois perdre son assurance.

Miami a fait preuve d'une redoutable efficacité depuis le début de séries, ne perdant que trois matchs sans jamais vraiment être inquiété. James, ainsi que Dwyane Wade et Chris Bosh, ont oublié leurs statistiques personnelles pour ne penser qu'à la victoire, et la recette fonctionne à merveille. Bien entourés par des vétérans comme Ray Allen ou Chris Andersen, qui ne pensent eux aussi qu'au championnat, les meneurs du Heat semblent au sommet de leur art.

Le choc entre les deux meilleures équipes de la NBA s'annonce donc passionnant et indécis, chaque formation ayant les atouts pour l'emporter. La clé de la finale tient sans doute à une série de duels individuels; en voici six qui seront déterminants.

1. Les patrons: LeBron James - Tim Duncan

Près de dix ans les séparent, mais LeBron James et Tim Duncan sont les deux joueurs d'exception encore actifs, avec Kobe Bryant, qui peuvent prétendre avoir créé des dynasties dans la NBA. James (38,3 minutes par match, 27,1 points, 5 assistances, 6,8 rebonds) montre depuis le début des éliminatoires qu'il est l'un des joueurs les plus complets de l'histoire du basketball, alors que Duncan (32,6 minutes par match, 16,5 points, 9 rebonds) semble avoir trouvé une seconde (troisième? quatrième?) jeunesse. Celui des deux qui saura le mieux motiver ses coéquipiers fera une grosse différence.

2. Les meneurs de jeu: Dwyane Wade - Tony Parker

Blessé à une cheville, Parker (30,2 minutes par match, 17,2 points, 5 assistances) n'a pas été aussi dominant qu'il en a l'habitude jusqu'ici en séries, alors que Wade (34,7 minutes par match, 18,7 points, 4,5 assistances) a été égal à lui-même. Les Spurs ont sans doute plus besoin d'une performance exceptionnelle de leur meneur de jeu que le Heat et la pression sera très forte sur Parker. Wade pourrait en profiter pour faire la différence dans certains matchs.

3. L'autre option: Chris Bosh - Kawhi Leonard

Un peu dans l'ombre de leurs coéquipiers, Bosh et Leonard jouent des rôles très importants avec leur équipe respective. Le premier impose sa présence sous les paniers, tout en constituant une bonne option offensive quand James et Wade sont soumis à des doubles couvertures. Le second apporte le souffle et le dynamisme de ses 22 ans à une équipe dont les quatre autres meilleurs pointeurs ont tous plus de 32 ans.

4. Les marqueurs: Ray Allen - Manu Ginobili

Les matchs éliminatoires se jouent souvent dans les derniers instants sur un tir décisif et tant Allen que Ginobili sont redoutables dans ces situations. La saison dernière, c'est un lancerr de trois points d'Allen qui avait sauvé le Heat de la défaite dans le fameux sixième match de la finale et le vétéran a encore fait des siennes cette saison depuis le début des séries. Quant à Ginobili, son expérience lui permet d'occuper plusieurs postes avec les Spurs et il pourrait être déterminant si Parker n'est pas rétabli.

5. Les «jokers»: Chris Andersen - Boris Diaw

Seulement 12e en défense dans la NBA, le Heat fait appel au «coloré» Chris Andersen quand il faut colmater des brèches à l'arrière, et le vétéran répond admirablement bien à l'appel depuis qu'il s'est joint à l'équipe la saison dernière. Le Français Boris Diaw est une pièce importante du système de rotation des Spurs. Sa stature imposante et de réels talents de marqueur permettent à San Antonio d'y aller avec une formation plus rapide qui peut causer des ennuis au Heat.

6. Les entraîneurs: Erik Spoelstra - Gregg Popovich

Alors qu'on a souvent l'impression que Eric Spoelstra s'efface derrière les vedettes du Heat, l'influence de Gregg Popovich est indéniable sur les succès des Spurs.

Depuis quelques saisons déjà, il limite le temps de jeu de ses vétérans en saison de façon à les préserver pour les séries éliminatoires. Il dispose ainsi d'une formation bien aguerrie - 9 joueurs ont été sur le parquet plus de 15 minutes par match cette saison - qu'il peut modifier à sa guise selon l'allure des rencontres.

Cela dit, Spoelstra fait visiblement du bon boulot lui aussi, ne serait-ce qu'en faisant cohabiter la kyrielle des personnalités qui forment le Heat.

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L'horaire de la finale de la NBA

Match 1: ce soir, 21h, à San Antonio

Match 2: dimanche 8 juin, 20h, à San Antonio

Match 3: mardi 10 juin, 21h, à Miami

Match 4: jeudi 12 juin, 21h, à Miami

Match 5: dimanche 15 juin, 20h, à San Antonio

Match 6:
mardi 17 juin, 21h, à Miami

Match 7:
vendredi 20 juin, 21h, à San Antonio