Le boxeur d'origine montréalaise Arturo Gatti est mort dans des circonstances suspectes au Brésil. Les policiers ont découvert son corps tôt en matinée dans un condominium à Porto de Galinhas, dans le nord-est du pays.

Gatti, qui est né en Italie et qui a grandi à Montréal-Nord, a pratiqué la boxe professionnelle de 1991 à 2007. Il a été champion IBF des poids-plumes en 1995.

«C'est le boxeur québécois qui a le plus accompli jusqu'à présent, estime l'entraîneur Stéphan Larouche, qui connaît Gatti depuis sa tendre enfance. On perd notre leader, notre bâtisseur, celui qui a défoncé des portes et ouvert des chemins. En fait de performance, de succès professionnel, de succès financier, ce qu'il a accompli est impressionnant.»

L'épouse de la victime, Amanda Rodrigues, a indiqué aux enquêteurs que l'ex-pugiliste portait des marques de violence au cou et à la tête, selon le quotidien brésilien Globo. Le site Internet du journal rapporte que Gatti, 37 ans, gisait en caleçons sur le plancher de l'appartement.

L'ancien champion devait séjourner dans le condo pendant un mois en compagnie de sa conjointe et de son enfant. Ce devait être une seconde lune de miel, rapportent les médias brésiliens.

Selon son ami d'enfance, Michel Moffa, Gatti devait assister au mariage d'un membre de sa famille en Floride samedi.

Les problèmes personnels de l'ancienne gloire de la boxe étaient connus. Sa relation avec son épouse était tendue depuis des mois. Le couple s'est séparé en décembre dernier, peu après que Mme Rodrigues eut donné naissance à un enfant.

En mars, Gatti est passé au domicile de son ex pour mener leur fils à l'hôpital. Peu après, elle a appelé la police, affirmant avoir été bousculée. Quelques semaines plus tard, l'ancien boxeur était arrêté dans un bar de Montréal, et accusé de voies de fait simples. Il a été remis en liberté et l'affaire était toujours devant les tribunaux.

D'Arturo à Thunder

«Ça donne un coup, confie Bernard Barré, qui a entraîné Gatti lorsqu'il était adolescent. Arturo, c'était une super-étoile de la boxe professionnelle et un super modèle pour les jeunes boxeurs. Il a montré que ça se pouvait, devenir champion du monde.»

La boxe a toujours été une affaire de famille pour Arturo Gatti. Son père en était mordu et son frère la pratiquait dès son enfance. Il fréquentait les gymnases avant même d'avoir eu 10 ans. Ses entraîneurs gardent le souvenir d'un gamin jovial, enjoué, qui aimait les tours pendables.

«Il était toujours au gymnase, relate Bernard Barré, qui a été son entraîneur à cette époque. C'était un petit maudit.»

Très vite, le jeune prodige décide de faire une carrière de sa passion. À l'âge de 18 ans, il déménage au New Jersey pour rejoindre son frère Joe, qui s'était déjà établi comme pugiliste professionnel.

Au cours de sa carrière, il gagnera des milliers d'admirateurs grâce à son style spectaculaire et ses luttes épiques, d'où le surnom dont on l'a affublé, «Thunder». Certains de ses affrontements sont considérés comme des incontournables du sport. À preuve, il a participé à cinq duels désignés par la suite «combat de l'année».

C'est d'ailleurs une légende vivante à Atlantic City, où il élit domicile tout au long de sa carrière. En 16 ans, Gatti remportera 40 victoires, dont 31 par KO, et subira 9 défaites. Il se frotte en outre à des boxeurs célèbres comme Oscar de la Hoya, en 2001, et Floyd Mayweather Jr, en 2005.

«Il a affronté les meilleurs boxeurs de son époque, relate M. Barré. Il n'a jamais refusé un combat et c'était un boxeur spectaculaire.»

Arturo Gatti a pris sa retraite en 2007. Et contrairement à certains boxeurs qui défraient la chronique pour les mauvaises raisons, il n'était pas considéré comme une tête brûlée. Il se consacrait à l'entreprise immobilière qu'il avait fondée avec un ami d'enfance à Montréal. Ayant amassé plusieurs millions en bourses au cours de sa carrière, il n'avait guère de soucis financiers.

«On dit qu'il faisait un peu la fête», relate M. Moffa, qui a pourtant peine à croire que son vieux camarade ait pu subir un tel sort.

«Pour Arturo Gatti, comme pour tous les athlètes, la retraite, c'est quelque chose de très difficile, convient Stéphan Larouche. Quand tu as commencé très jeune ton sport, que tu as eu beaucoup de succès, tu ne connais pas autre chose. Il faut apprendre à vivre une vie normale.»