Jean Pascal est encore champion du monde, mais la question, maintenant, est la suivante: à quand le combat revanche?

Pascal a conservé son titre au terme d'un combat spectaculaire qui s'est conclu par une décision tout aussi spectaculaire, samedi soir au Colisée de Québec. Face au vétéran Bernard Hopkins, le boxeur québécois a pu garder son titre des mi-lourds (175 livres) du WBC, mais il l'a conservé d'une drôle de façon: par une nulle majoritaire après décision des juges.

Au final, les juges ont remis des cartes de 113-113, 114-114 et 114-112 en faveur de Hopkins, ce qui a mené à cette nulle majoritaire. Le résultat décevant a été reçu par un mélange de murmures et de huées de la part des quelque 16 000 fans au Colisée de Québec.

Le dénouement n'a d'ailleurs pas fait l'affaire de grand monde. Jean Pascal estime qu'il a mérité la victoire et son rival américain crie probablement encore au vol à l'heure qu'il est. La conférence de presse de samedi soir, quelque part dans un des recoins du Colisée, s'est d'ailleurs transformée en cirque, avec quelques prises de bec bien bruyantes entre le clan Hopkins et des partisans de Jean Pascal.

Le clan Pascal a prévu une autre conférence de presse pour aujourd'hui à Montréal, et nul doute qu'il y sera question d'un éventuel combat revanche face à Hopkins, un sujet qui était encore sur toutes les lèvres, dimanche à Québec.

«Pas d'obligation»

Samedi soir, Richard Schaefer, président de Golden Boy, groupe de promotion derrière Hopkins, a laissé entendre que le WBC allait imposer un combat revanche, ce qui a fait sursauter Yvon Michel, gérant de Jean Pascal. «C'est faux, ils ne vont pas faire ça, a tenu à préciser Michel. Un combat revanche contre Hopkins, ce n'est pas une obligation contractuelle pour nous.»

Yvon Michel reconnaît toutefois qu'un autre rendez-vous entre les deux hommes pourrait s'avérer très intéressant... et très payant. Pour le moment, c'est plutôt à Chad Dawson, vaincu en août au Centre Bell, que Jean Pascal doit accorder une deuxième chance.

«Mais si j'avais le choix, d'ajouter Yvon Michel, j'offrirais plutôt une revanche à Hopkins. Je pense que c'est ce combat-là que tout le monde voudrait, y compris Jean. On verra ce qu'en pensent les réseaux de télévision.»

Ce qui est certain, c'est qu'il y aurait beaucoup d'intérêt pour une telle bagarre. Car le combat de samedi soir est certes à classer parmi les combats de l'année.

D'emblée, c'est Pascal (26-1-1) qui a foncé sur Hopkins, forçant le vétéran de 45 ans à reculer, et l'envoyant au tapis dès le premier round. Hopkins s'est relevé en laissant savoir qu'il n'était pas du tout sonné.

«Jean s'est peut-être épuisé»

Au troisième round, Hopkins s'est de nouveau retrouvé au tapis sur une gauche, et Jean Pascal semblait maîtriser la situation. Le boxeur québécois a d'ailleurs largement dominé les cinq premiers rounds du combat.

Mais c'est devenu plus compliqué pour lui par la suite. Hopkins (51-5-2) s'est servi de tous les trucs du métier, il a fait le pitre et il a retenu, mais il a surtout imposé son rythme. Plus ça allait et plus le vétéran était en pleine maîtrise. Pendant que Hopkins touchait souvent la cible, Pascal ratait avec des coups télégraphiés. «Jean s'est peut-être épuisé en cherchant le K.-O.», a reconnu Yvon Michel.

Et la soirée s'est terminée sur cette drôle de décision: une nulle.

«À partir du 6e, Pascal avait de la difficulté avec mes coups au corps, il s'accrochait, a soutenu Hopkins tout juste après le combat. On a vu le jeune homme se pousser d'un grand-père. Le dernier round, je l'ai clairement gagné, mais ils ont décidé que c'était une nulle.»

Invité à dire ce qu'il pensait de Jean Pascal, le vétéran de Philadelphie n'a pas hésité: «Il n'est pas un gros cogneur. Je me suis battu contre plusieurs grands boxeurs, et il ne fait pas partie de cette catégorie-là.»

Pascal, lui, a reconnu que Hopkins était un solide adversaire, mais il s'en attendait.

«Ça n'a pas été plus difficile que je ne le croyais. Ça s'est passé exactement comme je m'y attendais. Ce fut un combat compliqué parce qu'il chargeait toujours avec sa tête. J'ai tout donné et je croyais en avoir fait assez pour mériter la victoire, mais les juges en ont décidé autrement. Le juge américain a remis une carte de 114-112 pour Hopkins, même avec les deux chutes. S'il y a une revanche, c'est sûr à 110% que je vais l'emporter.

«Je suis prêt à lui donner une revanche, je suis prêt à me mesurer à n'importe qui, n'importe où. Je n'ai pas peur de personne.»

Selon Yvon Michel, les négociations en vue du prochain combat de Jean Pascal pourraient être terminées dès cette semaine.

«On avait parlé d'un combat en avril pour Jean, mais je pense plutôt qu'il va remonter dans le ring vers le mois de juin», a fait savoir le promoteur.