Il fallait s'y attendre. Après leur impressionnante performance à Québec, les coureurs québécois ont connu une journée plus discrète sur le très sélectif parcours du mont Royal. Quand même, la déception n'était pas moins importante. À l'arrivée, le coeur n'était pas à la fête.

François Parisien était probablement le plus déçu du groupe. «Je ne le cacherai pas, je suis pas mal déçu de ma performance», a confié le Montréalais de 28 ans.

Arrivé 69e à plus de neuf minutes du gagnant, Parisien s'en voulait d'avoir péché dans la descente de la Polytechnique avec deux tours et demi à faire. Alors que le rythme était très élevé, une cassure s'est créée dans le peloton. Environ 10e roue, il n'a pu que constater les dégâts. «Un mètre, deux mètres, 10 mètres, 20 mètres... on roulait à 65 km/h et on n'a pas pu boucher le trou, a-t-il relaté. Je ne me suis pas bien placé, le trou a ouvert et j'ai manqué ma chance.»

La déception est d'autant plus grande que Parisien se sentait beaucoup mieux qu'à Québec, où il avait largement contribué à une échappée au long cours.

«J'aurais certainement pu faire un tour de plus avec le groupe de tête. À partir de ce moment-là, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Je reste donc un peu sur mon appétit.»

Sur un parcours moins adapté à sa morphologie, Dominique Rollin, lui, a joué le rôle d'équipier toute la journée, cherchant à protéger et à ravitailler Parisien, Will Routley et le jeune Boily, les grimpeurs de l'équipe canadienne. Il a payé de ses efforts avec trois tours à faire.

Rollin a été impressionné par le comportement de ses coéquipiers: «Vu la difficulté du circuit, avec quand même les meilleurs au monde qui sont ici, je suis quand même épaté par où ils se sont rendus. Ils ont montré qu'ils voulaient le meilleur d'eux-mêmes. Ça leur a permis de voir c'est quoi une étape de montagne. Ça se rapproche des étapes de montagne dans les grands tours. Ça prend beaucoup de courses comme ça pour pouvoir passer les bosses avec ces coureurs-là.»

Les jambes ont «explosé»

Mis de côté pour l'épreuve de Québec, Boily, 20 ans, avait de grandes ambitions pour le Grand Prix de Montréal, sa première course ProTour. Deuxième plus jeune coureur du peloton qui en comptait 166, le prometteur grimpeur a tenu le coup jusqu'à ce que Ryder Hesjedal ne provoque la première sélection, avec moins de trois tours à faire.

Sur l'écran géant, on a vu apparaître Boily, le visage grimaçant. «Les jambes ont complètement explosé», a-t-il dit. Mais sa journée n'était pas finie. Même s'il était lâché, le jeune coureur de Québec s'est fait un point d'honneur de compléter les 194 km de l'épreuve. Il a été le dernier à franchir la ligne. Quitte à devoir se frayer un chemin dans une mer de photographes, de journalistes, de bénévoles et de spectateurs, qui assistaient à la cérémonie du podium. Ce délai l'a probablement empêché d'être classé.

«Je l'ai fait pour l'orgueil avec l'idée de ne pas lâcher jusqu'à la fin», a expliqué Boily. Des proches lui ont rappelé que Lance Armstrong avait fini dernier à sa première Coupe du monde à vie.