C'était juste avant d'attaquer les premiers secteurs pavés. David Veilleux se tenait à l'avant du peloton quand les attaques ont commencé. Le cycliste de 23 ans a hésité un peu, s'est gardé une petite gêne. Puis Sébastien Chavanel, le coéquipier qui était dans sa roue, lui a crié: «Allez, vas-y!»

Ce fut le début d'une «journée fantastique» pour Veilleux, qui découvrait Paris-Roubaix pour la première fois dimanche, une épreuve mythique à laquelle il rêvait quand il donnait ses premiers coups de pédale au début de l'adolescence.

L'athlète de Cap-Rouge a roulé quelque 140 kilomètres dans l'échappée du jour avant de rallier l'arrivée 25e et meilleur Nord-Américain. Il a fini à 3m45 du gagnant en solitaire, le Belge Johan Van Summeren.

«C'est un peu l'expérience d'une vie», s'est enthousiasmé Veilleux, joint au téléphone quelques heures après la course de 259 km. «Je pourrais refaire Paris-Roubaix cinq fois, ça ne veut pas dire que j'aurais la chance d'être dans la bonne échappée, de tenir aussi longtemps. Il y a tellement de facteurs que tu ne peux pas contrôler ici: les bris, les chutes, le ravitaillement. C'est sûr que c'est au-delà de mes espérances.»

L'échappée à 11 dont Veilleux faisait partie a franchi une centaine de kilomètres avant le retour d'autres coureurs, dont Van Summeren. Le Québécois s'est pointé le nez devant à quelques reprises dans les secteurs pavés, dont la fameuse tranchée d'Arenberg: «J'étais très confortable, même si à la fin, j'avais une petite écoeurantite (ital.) aiguë des pavés!»

Veilleux a contribué à la 16e place de Damien Gaudin, un équipier chez Europcar. Ce dernier est revenu seul dans l'échappée... et au bord de la défaillance. Veilleux lui a donné à manger et l'a aidé à s'accrocher. «Sincèrement, tu as sauvé ma course», lui a dit Gaudin, meilleur Français de cette 109e présentation de Paris-Roubaix.

Veilleux a pris la mesure de sa prestation en voyant qu'il roulait avec des favoris comme Fabian Cancellara, malheureux deuxième, Thor Hushovd et Alessandro Ballan. «Là, je me suis dit: je suis vraiment en avant de la course, je vais donner mon maximum pour essayer de suivre.»

Veilleux s'est fait lâcher dans un secteur pavé à une trentaine de kilomètres du but. L'étudiant en génie mécanique a fait le reste fin seul, «sur les réserves». Il était toujours 20e sur la route quand il a été rejoint par un groupe de quatre juste avant d'entrer dans le vélodrome de Roubaix, où est jugée l'arrivée. « André Greipel était là et je n'ai pas été capable de suivre. Mais 25e, c'est très satisfaisant », a conclu Veilleux. Dominique Rollin, l'autre coureur québécois au départ, a pris le 95e rang.