Benjamin Martel, un cycliste amateur de 37 ans, a subi un contrôle positif à la testostérone. Il est suspendu deux ans, a annoncé le Centre canadien pour l'éthique dans le sport mercredi.

Martel a échoué à un contrôle à l'issue de la course sur route des Championnats québécois, le 28 août, à Saint-Adèle. Un test urinaire a révélé la présence de testostérone, une substance dopante interdite.

Martel, qui évoluait pour l'équipe Team Spirit GTH Cannondale, n'a pas contesté la présence de testostérone dans son organisme. Il a demandé une réduction de sentence devant le Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CDRDSC), plaidant des «circonstances exceptionnelles» et demandant que le tribunal le juge «avec humanité et le bon sens».

Martel prétend qu'il ne s'est pas dopé volontairement et attribue le contrôle positif à une crème pour soigner des plaies à l'entrecuisse. Cette «crème américaine» dont il ignore le nom lui aurait été remise par un client camionneur.

«Il a appliqué cette crème pendant les deux premières semaines d'août», peut-on lire dans une décision arbitrale rendue le 20 janvier par CRDSC. «Sa condition l'empêchait de dormir et l'a ralenti au travail à un point de devoir refuser des contrats. Il n'avait autre choix que de se soigner pour gagner sa vie et il était pressé.»

L'arbitre Ross C. Dumoulin a cependant conclu que Martel «n'a pas fait preuve d'absence de faute ou de négligence significative». Il a donc maintenu la sanction recommandée par le CCES pour une première violation, soit deux ans. Martel est donc suspendu jusqu'au 28 août 2013.

Témoin expert dans la cause, le docteur Christiane Ayotte, directrice du Laboratoire de contrôle de dopage INRS-Institut Armand-Frappier, a expliqué que la «testostérone en crème n'est pas prescrite pour traiter des infections de la peau.» Appliquée de cette façon, elle serait détectable «jusqu'à cinq ou six jours au maximum».

Martel est le troisième cycliste québécois en moins de quatre mois à échouer à un test antidopage. Arnaud Papillon et Miguel Agreda ont chacun admis avoir pris de l'érythropoïétine (EPO) avant une annonce officielle du CCES.

Les contrôles positifs de Martel et Agreda, des coureurs de niveau provincial, découlent d'ailleurs d'une opération ciblée du CCES suivant le test positif de Papillon aux championnats canadiens de Burlington, en juin. À la suite des aveux de Papillon et Agreda, le nom de Martel circulait allègrement dans le milieu cycliste.

Martel, qui travaille à temps plein et fait du vélo «pour le plaisir» depuis 2004, a fini cinquième du classement des Mardis cyclistes de Lachine, dont il a gagné la neuvième et avant-dernière étape, le 9 août. Originaire de Valleyfield, il a fini 14e aux championnats québécois sur route, là où il s'est fait prendre.

Dans un communiqué diffusé sur internet en 2010, il est présenté comme le responsable de la «logistique course et affaires» de l'équipe Team Spirit, une équipe qui évoluait essentiellement sur le circuit québécois. Erik Lyman est cité comme le responsable de la direction sportive et des communications. En 1999, ce dernier a écopé une suspension de quatre ans pour usage de stéroïdes.

Devant l'arbitre, la conjointe de Martel a témoigné «que le vélo était pour lui "toute sa vie", qu'il s'entraînait six ou sept jours par semaine et que de lui enlever ça, c'est comme lui couper les deux jambes».