La ville de Londres avait sorti la carte de la jeunesse à la présentation de sa candidature à Singapour, en juillet 2005. La tenue des Jeux dans l'est de Londres serait un tremplin pour les jeunes athlètes des milieux défavorisés, avait clamé le président du comité olympique, Sebastian Coe. Cinq ans et une crise économique plus tard, les parents de sportifs en herbe sortent le carton rouge.

«Prêts? En garde!» Linda Strachan, multiple médaillée aux Jeux de Commonwealth, encourage deux escrimeurs hésitants, hauts comme trois pommes. Les gants trop grands se replient sur les petites mains.

Bienvenue aux Sabres de Newham, un club d'escrime pour les 4 à 18 ans dans l'est de Londres, tenu à bout de bras par Linda Strachan et son mari, Pierre Harper, ancien champion britannique.

«Nous avons participé aux Jeux de Séoul et de Barcelone. Nous voulions redonner aux enfants de la communauté», explique Linda dans un fort accent cockney.

Mais voilà, son club est menacé de fermeture après seulement cinq ans d'existence. Elle vient de perdre une subvention de 12 000 dollars de l'arrondissement de Newham, où se tiendront les Jeux.

«C'est un coup très dur. Nos jeunes ont du talent, mais pas d'argent. Comment l'arrondissement peut-il couper dans les sports, un an avant les Jeux?», s'emporte la petite femme de 49 ans.

Du côté du conseil de Newham, on blâme le plan d'austérité du premier ministre David Cameron, qui a imposé des coupes draconiennes aux autorités locales.

«Nous devons réduire de 25% notre budget sur quatre ans», explique Mark Mistry, porte-parole de Newham.

Linda Strachan a été obligée d'imposer un tarif hebdomadaire en avril pour combler le manque. Heureusement, elle n'a perdu aucun de ses 60 apprentis.

Elle courtise de potentiels donateurs corporatifs, au grand soulagement des parents.

«Mon fils Nathan a de meilleures notes depuis qu'il a commencé l'escrime, dit Barrymore Dickison. On dit qu'il a un talent naturel. J'aimerais le voir un jour sur un podium.»

De son côté, Annie Birch est furieuse contre le comité olympique. Son fils Jai, une des étoiles chez les moins de 15 ans, n'a pas reçu de billets pour les Jeux, qui se tiendront à côté de chez lui. L'espoir masculin ne pourra assister à la finale dans sa discipline.

«C'est une trahison! La ville avait promis en 2005 qu'elle encouragerait les jeunes à s'intéresser au sport, dit la petite blonde à la langue déliée. C'est pour ça qu'elle a obtenu les Jeux. «Nous faisons ça pour la jeunesse multiethnique», avaient-ils dit. Eh bien, nous attendons toujours!»