Les négociations pour assurer que le français aura sa place aux Jeux olympiques de Londres ont été passablement «compliquées» et «ardues». Mais Michaëlle Jean, qui mène ces discussions au nom de la Francophonie, est confiante de les mener à terme avec succès.

Elle a confirmé lundi que le comité organisateur des JO (LOCOG) et l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) signeront une convention le 25 mai à Québec lors du congrès SportAccord.

Cette importante rencontre - qui se déroulera surtout en anglais, d'ailleurs - réunira les personnalités du mouvement olympique et les fédérations internationales de sport. Près de 1500 délégués doivent y participer.

«Ça n'est pas passé comme une lettre à la poste. Ça a été assez ardu», a reconnu l'ex-gouverneure générale en parlant de ses entretiens avec les organisateurs britanniques.

Mme Jean est le Grand Témoin de la Francophonie aux Jeux olympiques. Son rôle est de s'assurer que le français aura sa place à Londres, conformément à la fameuse règle 23 de la Charte olympique, qui fait du français une des deux langues officielles du mouvement olympique.

Chez les Anglais, la règle n'a pas été facilement comprise ni acceptée. «Ils disent que Londres est une ville cosmopolite, que l'anglais est une langue internationale. Pourquoi utiliser le français?», a raconté Mme Jean en entrevue téléphonique depuis Londres.

Pour ce qui est des interventions officielles et des cérémonies pendant les compétitions, les choses se sont apparemment faites sans heurts. En revanche, elles ont été «beaucoup plus compliquées à négocier» pour tout ce qui touche à la présence «quotidienne et usuelle» du français à l'intérieur de l'enceinte olympique.

Pour expliquer la «résistance» des organisateurs anglais, Mme Jean souligne notamment qu'ils ont une «peur incroyable des tabloïds». Ceux-ci font de la francophobie un véritable fond de commerce, et leur impact sur l'opinion peut être catastrophique.

Parlant d'une «bataille» engagée avec l'OIF, le «Daily Mirror» a ainsi annoncé la semaine dernière que les Français demandaient «maintenant que leur langue soit traitée sur un pied d'égalité avec l'anglais aux JO de Londres».

«Déterminé, un groupe de francophones réclament que chaque affiche, annonce et dépliant soit aussi fait dans leur langue», a écrit le journal, en déformant un peu la réalité. Même le prestigieux «Times» de Londres a traité l'affaire avec un brin d'ironie, proposant des affiches disant (en français dans le texte): «Paula, les toilettes sont par ici».

«On avance aussi sur un terrain qui devient vite politique», a signalé par ailleurs l'ex-gouverneure générale du Canada. Les organisateurs redoutent aussi que les nombreuses communautés qui forment la mosaïque multiculturelle londonienne réclament la même chose que les francophones.

Samedi dernier, l'OIF a marqué sa volonté de faire entendre la langue française aux JO en organisant une grande fête musicale sur Trafalgar Square, avec quelques jours d'avance sur la Journée internationale de la Francophonie le 20 mars. C'est le groupe Alfa Rococo qui y représentait le Québec. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont Mme Jean et le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, ont assisté à cette journée intitulée «Le français, j'adore».