D'abord, une certitude: Marie-Ève Drolet pète le feu. À sa première épreuve d'envergure en près de sept ans, l'athlète originaire de Saguenay a bien failli remporter la finale du 1500 mètres des championnats canadiens de patinage de vitesse courte piste, hier après-midi, à l'aréna Maurice-Richard.

Première avec un peu plus de deux tours à faire, Drolet pouvait sentir la victoire quand elle s'est fait faucher par une adversaire qui tentait un dépassement audacieux. «C'est ça, le patinage de vitesse», n'a-t-elle pu que constater à l'issue de cette première de trois journées de compétitions de sélection pour les prochains championnats mondiaux.

 

Les feuilles de résultats diront que Drolet a fini quatrième de la course remportée par la jeune Valérie Maltais. Mais la patineuse de 26 ans aura démontré beaucoup plus que ça. Aisance, fluidité et assurance. L'ancien espoir est redevenu une prétendante.

«Je me sens mieux qu'avant, j'aime plus le sport qu'avant et je trouve aussi que je patine mieux qu'avant», a affirmé Drolet.

En quatre mois

Avant, elle était double championne du monde junior, médaillée de bronze au relais et quatrième sur 1000 m aux Jeux olympiques de Salt Lake City de 2002. Elle a tout plaqué quelques mois plus tard, préférant se consacrer à ses études. Elle patinait parce qu'elle avait toujours fait ça et qu'elle réussissait.

Elle a étudié, elle a voyagé, pas de sport, rien. Puis elle a rencontré un gars, elle lui a montré à patiner sur des longues lames. Elle s'est remise en forme pendant l'été en plantant des arbres dans le nord de l'Alberta. Le 2 septembre, elle s'est sérieusement remise à l'entraînement sur glace au centre national de Calgary.

En quatre mois, Drolet a retrouvé sa forme d'antan. Elle a d'ailleurs retrouvé des papiers datant de 2001. Elle pesait 114 livres et affichait un taux de gras de 16 %. Aujourd'hui, elle en pèse 116 avec 8 % de masse adipeuse.

Elle a aussi retrouvé le bonheur dans le sport.

«J'aime m'entraîner, a-t-elle dit. Avant, ça n'avait jamais été un choix. C'était ma vie et c'était comme ça. J'ai vraiment choisi de recommencer à patiner, de m'entraîner. Là, je vois mes muscles grossir. J'aime ça. Avant, je ne voulais pas faire de musculation...»

Elle est observée

Le retour de Drolet ne passe pas inaperçu. Valérie Maltais avait 12 ans quand Drolet s'est retirée. Originaire elle aussi du Saguenay, elle ne se souvient pas l'avoir vue patiner, mais elle a une photo avec l'ancienne championne dans un de ses albums.

Hier, Maltais a beaucoup observé Drolet dans les vagues précédant la finale. «Ce n'est pas une fille contre qui on est habituées de courir, ça fait que tout le monde la regardait un peu, a fait remarquer l'athlète de 18 ans, qui a devancé Anne Maltais et Jessica Gregg. Elle nous a démontré qu'elle était là. C'est sûr qu'elle sera à surveiller sur les autres distances. Mais aujourd'hui, je ne voulais pas qu'elle soit devant moi!»

Le retour en forme de Drolet ravive l'intérêt pour les épreuves féminines nationales, largement dominées par Kalyna Roberge depuis plus deux ans.

Hier, l'athlète de 22 ans a été disqualifiée à la suite d'un contact avec Maltais sur un dépassement intérieur raté avec un peu plus de trois tours à faire. Se retrouvant sur les genoux, Roberge a frappé son poing gauche sur la glace dans un geste rageur. Elle a dû guérir son poignet avec... de la glace.

Elle a trouvé les arbitres un peu sévères, jugeant que Maltais lui avait fermé la porte. «Mais j'étais furieuse envers moi-même parce que je me trouve niaiseuse de ne pas être passée à l'extérieur», a précisé celle qui était invaincue en sélection nationale depuis octobre 2006.

Roberge affirme que la présence de Drolet ne l'a pas dérangée. Elle est persuadée qu'elle était la plus rapide sur la glace en finale. Ce fut la seule incertitude de la journée.