François-Louis Tremblay est peut-être le triple médaillé olympique le plus méconnu au Canada.

Au cours des derniers mois, sa relation avec la patineuse artistique Joannie Rochette a presque davantage fait parler de lui que ses titres mondiaux ou ses deux médailles d'argent aux Jeux de Turin. Même le magazine La Semaine a raconté leur histoire.

La nature discrète et le tempérament réservé de Tremblay ne sont pas étrangers à cet anonymat relatif. Les épanchements et les coups de gueule, ce n'est pas son truc, ce qui détonne un peu dans le monde traditionnellement plus coloré du patinage de vitesse courte piste.

 

Ça faisait donc un peu drôle de le voir réagir aussi fortement après sa victoire en finale du 500 mètres des championnats canadiens, hier soir, à l'aréna Maurice-Richard.

Tremblay a serré les poings et poussé quelques cris de joie en franchissant la ligne d'arrivée devant Charles Hamelin et Olivier Jean à l'issue d'une course endiablée.

«C'est vrai que je suis assez discret d'habitude, mais celle-là, elle fait du bien», a expliqué Tremblay après s'être accordé quelques minutes pour retrouver son souffle.

«On est très forts au 500 mètres au Canada, a ajouté le patineur de 28 ans. On peut finir premier-deuxième-troisième aux Mondiaux. Gagner veut dire beaucoup pour moi.»

Tremblay a beau accumuler les titres sur la scène internationale depuis une dizaine d'années, les sélections nationales ne lui ont pas beaucoup souri récemment.

À pareille date l'an dernier, il n'avait pas réussi à se qualifier pour les championnats du monde. Ses ennuis se sont poursuivis en septembre alors qu'il a dû se contenter du sixième rang lors de la première compétition de sélection à Calgary. Les championnats de Montréal, à l'issue desquels l'équipe pour les Mondiaux de Vienne sera déterminée, revêtaient donc une importance capitale pour Tremblay.

Hier, il a réussi un excellent départ pour prendre la tête dès le premier virage. Un tour plus tard, Hamelin a pris les commandes, mais Tremblay est repassé à l'intérieur et a fermé la porte jusqu'à la fin. En maraude au troisième rang, Jean n'a jamais pu tenter le dépassement espéré.

«François-Louis a été très agressif, a souligné Hamelin. Sa situation au classement l'a aidé à avoir cette attitude-là. Moi, je devais davantage protéger ma place.»

La dernière victoire de Tremblay au niveau national remontait aux sélections olympiques de septembre 2005, à Saguenay. «Avec Charles qui domine quand même beaucoup depuis deux ans, c'est important pour moi de gagner, a souligné Tremblay. En plus, Olivier était dans la course. C'était vraiment relevé.»

Seuls les deux premiers patineurs au classement cumulatif s'assuraient de prendre part aux épreuves individuelles à Vienne. Avec une course à disputer, Hamelin (4724 points) et Jean (3609) sont déjà intouchables.

Un troisième patineur, choisi par un comité, pourra disputer les épreuves individuelles en Autriche. Tremblay s'est donné une sérieuse option sur le troisième rang au classement. Avant le 1000 mètres final d'aujourd'hui, il détient une avance de 563 points sur Marc-André Monette. Une victoire vaut 1000 points, une deuxième place 816, une troisième 666, etc.

«Ce n'est pas fini, mais disons que ma course d'aujourd'hui me met dans une position pas mal meilleure», a reconnu Tremblay, bien heureux d'apprendre que sa copine Joannie avait rebondi de sa contre-performance de la veille pour enlever un cinquième titre national à Saskatoon. Ça leur aura fait une conversation pas mal plus détendue qu'en matinée.