On ne s'y habitue pas. Je marche avec Marianne pour aller à l'entraînement et les gens en auto klaxonnent et nous envoient la main. On va déjeuner au restaurant, on va magasiner, et on passe la moitié du temps à signer des autographes et à se faire prendre en photo.

C'était la même chose à Vancouver après les médailles du dernier vendredi des Jeux. C'était pratiquement impossible de marcher dans la rue sans se faire aborder par les gens. Tout le monde capotait. L'ambiance était complètement folle.Et ça n'arrête pas depuis qu'on est revenus à Montréal. Honnêtement, je ne m'attendais pas du tout à un tel accueil.

Je savais qu'on avait eu de bons résultats et que le monde allait en être fier. J'avais vu comment ça avait été après Turin et comment Marc Gagnon et Jonathan Guilmette avait vécu leur affaire après Salt Lake City. Mais de le vivre, moi, c'est juste incroyable! Je sais que ça va continuer pendant un petit bout et que ça va tomber un peu par la suite. Mais je me souviendrai de ces moments toute ma vie.

Tout athlète olympique rêve qu'on reconnaisse ce qu'il a fait. Tu veux que ton sport soit bien suivi. En patinage de vitesse courte piste, on peut dire mission accomplie. Non seulement a-t-on gagné des médailles, mais on a donné une excellente visibilité au sport. Et nombreux sont ceux qui nous disent qu'on les a inspirés. On veut que d'autres jeunes suivent après nous. Oui, il faut penser au présent. Mais il faut aussi penser à l'avenir.

De façon générale, ça a été réussi pour tous les disciplines à Vancouver. On a fait un grand pas en avant pour le sport amateur, l'activité physique et la santé au Canada.

Personnellement, j'ai l'intention de continuer jusqu'aux Jeux de Sotchi, en 2014. Reste à savoir quel sera mon rôle. Celui de leader de l'équipe, comme ce fut le cas à Vancouver, ou celui qui aide les jeunes qui poussent à se surpasser. On verra et j'aborderai les saisons une à la fois, mais je suis prêt à faire les deux.

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Les Jeux de Vancouver m'ont évidemment comblé. J'avais deux objectifs en y arrivant: l'or au relais et une médaille individuelle, peu importe la couleur.

Bien sûr, le début des Jeux ne s'est pas passé comme prévu. La déception a été grande au 1500 et au 1000 mètres. Mais je n'avais pas fait de mauvaises courses. Ce sont seulement de petites erreurs de jugement et de stratégie qui ont fait en sorte que je n'ai pas eu les résultats escomptés sur les deux premières distances.

J'ai réussi à garder ma concentration et à focaliser sur le travail que j'avais à faire, jour après jour. C'est une de mes forces d'oublier ce qui vient de se passer. Je ne m'imposais pas de pression additionnelle et je ne me laissais pas abattre. Le dernier vendredi des Jeux, je suis donc arrivé sur la patinoire avec la même attitude de guerrier et l'intention de gagner. Ça a vraiment payé... et je suis revenu à la maison avec deux médailles d'or.

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La semaine de retour a été assez folle, mais il a quand même fallu retourner sur la glace. On s'entraîne depuis déjà une semaine en vue des deux dernières compétitions de la saison, les championnats du monde individuels de Sofia, en Bulgarie, du 19 au 21 mars, et le championnat du monde par équipe de Bormio, en Italie, les 27 et 28 mars.

Évidemment, après les Jeux olympiques, une victoire aux championnats du monde ne t'apporte pas grand-chose de plus.

Mais pour moi, la motivation est très grande. Je veux me reprendre et avoir de bons résultats aux 1000 et 1500 mètres. Je sais que ce ne sera pas facile, mais je sens que le titre mondial individuel est à ma portée. J'aurais eu l'occasion de le gagner lors de mes deux dernières participations, mais des malchances et des disqualifications m'ont repoussé sur la deuxième et la troisième marche du podium. Avec la forme que j'avais à la fin des Jeux olympiques, je sais que je vais dans la bonne direction et j'ai l'intention de tout donner pour gagner. Même chose au mondial par équipe, où nos chances de reprendre notre place au sommet sont excellentes.

Je profite de ce dernier texte pour vous remercier de votre appui et de m'avoir suivi. Et si jamais vous me croisez en quelque part, ne vous gênez pas pour klaxonner ou venir me serrer la pince!