Il paraît qu'Olivier Jean a perdu un kilo en coupant les longs dreadlocks qu'il laissait pousser depuis 10 ans. Et si cela en faisait un patineur plus rapide?

Chose sûre, à près de 50 km/h, Jean sent mieux que jamais le vent qui chatouille ses oreilles et son crâne dégarni. Plus facile aussi de glisser un ruban de médaille autour de son cou. On se sent encore plus léger quand elle est d'or.

Jean a causé une certaine surprise en s'imposant en finale du 500 mètres à la Coupe du monde de Saguenay, samedi après-midi, au Centre Georges-Vézina.

Pas que le grand rouquin n'ait pas de référence sur la distance. Après tout, il est vice-champion du monde de la spécialité. Mais aujourd'hui, sur la ligne de départ, il retrouvait son compatriote Charles Hamelin, champion du monde de la spécialité, disqualifié avant la finale aux derniers Mondiaux.

Pour ajouter à la difficulté, Jean a dû battre Hamelin non pas une, mais deux fois. Après avoir levé les bras une première fois, le patineur de Lachenaie apprenait à son grand malheur que la course était rappelée en raison de la chute violente d'un rival coréen, resté étendu de longues minutes sur la glace.

Clairement le plus fort du jour, Jean a néanmoins remis ça à la reprise, opérant un dépassement parfait aux dépens d'Hamelin. Deux tours plus tard, il levait encore les bras, cette fois pour de bon. Samson peut aller se rhabiller. Hamelin a gagné l'argent, comme la semaine dernière à Salt Lake City. Le Russe Vladimir Grigorev a suivi pour le bronze.

Malgré ses facéties pour la foule et les caméras de télé - il se passait les mains sur son crâne dégarni - Jean n'avait pas trop envie d'épiloguer sur sa nouvelle coiffure quand il s'est pointé devant les journalistes. «Je ne sais pas si c'est un adon ou pas, mais je ne me suis pas fait couper les cheveux pour aller plus vite», a commenté l'athlète de 27 ans, dont la dernière médaille d'or en Coupe du monde remontait à 2009. «Je peux vous confirmer que ça allait vite aussi quand j'avais les cheveux longs...»

Plutôt qu'à l'esthétisme capillaire, Jean attribue cet excellent début de saison à des ajustements d'ordre technique et mental entrepris durant l'été. «Je suis un peu moins intense qu'aux Jeux olympiques,» a expliqué l'étudiant en kinésiologie, qui a raté la dernière Coupe du monde à Salt Lake City pour passer ses examens de mi-session. «J'essaie de m'en mettre moins sur les épaules. J'approche l'entraînement et les compétitions de façon un peu plus légère.»

Médaillé d'argent pour une deuxième semaine de suite, Hamelin ne boudait pas son plaisir. Il applaudissait le déroulement de cette finale «super clean» avec son partenaire d'entraînement. «Ça a été une course rêvée pour nous, a-t-il souligné. J'ai eu autant de plaisir à monter sur la deuxième marche du podium et de l'avoir partagé avec Olivier.»

Au 1500m, François Hamelin a connu une journée mouvementée. En demi-finale, le patineur de Sainte-Julie est tombé après avoir été coupé par un rival coréen. Il a entraîné deux rivaux dans sa chute, forçant les officiels à reprendre l'épreuve. Hamelin a dû se contenter du troisième rang et de la finale B, où il a fini deuxième (neuvième au total).

Un deuxième 500, une épreuve de 1000 m et la finale au relais, pour laquelle le Canada s'est qualifié, sont à l'horaire dimanche, dernière journée de la Coupe du monde de Saguenay.