Petar Stoychev de la Bulgarie a démontré pour une 11e année consécutive qu'il est l'empereur de la Traversée internationale du lac Saint-Jean. Une victoire sans équivoque devant le combatif Simon Tobin.

Trop fort pour la concurrence? «Ç'a été une course relativement facile aujourd'hui. Je l'ai pleinement savourée, sans avoir à trop pousser. Je me sentais très bien», a-t-il déclaré à chaud après sa course.

Le champion du monde ne s'est pas vraiment senti menacé sauf quand il a su un peu tard que l'Australien Trent Grimsey était à 200 mètres à l'avant. Il a ouvert la machine. «J'étais fâché. C'est une erreur de mon entraîneur, un manque de professionnalisme, car Grimsey est un bon nageur. J'aurais voulu le savoir avant. J'étais content de le rattraper, car je ne savais pas s'il était en grande forme», a-t-il confié plus tard.

Par la suite, Stoychev a ralenti et s'est assuré que Simon Tobin ne reprenne pas trop de terrain. «Mon entraîneur a fait plus attention et me donnait les écarts avec Simon afin de garder une bonne distance pour gagner la course.»

Par contre, il a trouvé le lac capricieux. «J'ai détesté le lac aujourd'hui avec ses vagues de côté. Il était difficile à nager», a  affirmé le vainqueur, qui a parcouru les 32 km en 6 h 36 min 30 s.

Il s'agissait probablement de la dernière présence du grand Bulgare au Saguenay. «Mon objectif est de remporter une médaille aux Jeux olympiques. C'est le temps qu'un autre nageur gagne», a-t-il conclu.

L'éternel deuxième

La sagesse de Simon Tobin, de Québec, lui a permis de ravir cette belle deuxième place à une minute 21 secondes du vainqueur (6:37,52).

«La course a été très stratégique, je commence à connaître Petar, il aime profiter du fait qu'un adversaire se détache pour déclencher un sprint pour larguer les autres. Je n'ai pas embarqué pour le suivre, car je savais que je me brûlerais», a-t-il témoigné.

Cette expérience a payé, car l'Italien Volpini et l'Australien Grimsey ont effectivement cassé, incapables de suivre Stoychev. Tobin les a doublés par la suite.

«C'est pas mal plus amusant d'être celui qui rattrape que d'être dans la misère. J'ai juste accéléré pour les empêcher de s'accrocher et les casser psychologiquement», a-t-il souligné avec un grand sourire de satisfaction.

Lucide, le Québécois de 25 ans savait qu'il ne serait pas en mesure de rattraper Stoychev. Il a seulement essayé de se rapprocher pour le faire forcer un peu, car il n'avait pas l'énergie pour sprinter afin de le rattraper.

Même si l'envie de gagner une fois la Traversée le séduit, Simon devrait prendre sa retraite de la natation après la Traversée du lac Mégantic.

«C'est difficile à chaud comme ça, mais comme je voudrais encore m'améliorer, ça demanderait beaucoup d'entraînement, mais je dois terminer mon doctorat en psychologie et m'occuper de son fils, car ma conjointe effectue un retour au travail», a-t-il indiqué, sachant que son rêve de battre Stoychev ne se réalisera pas.

D'ailleurs, son fils, le petit Nathan âgé de neuf mois, attendait son père sur la rotonde et il lui a donné un gros câlin à l'arrivée.

Stefanovski 3e

La belle surprise de cette traversée est la troisième place de Tomi Stefanovski de la Macédoine. Ce dernier a été patient et a gardé son rythme, ne s'alarmant pas avec les attaques des favoris. Il a doublé l'Italien et l'Australien.

«C'est ma plus belle Traversée à vie. Je ne pensais jamais faire un podium cette année, c'est une surprise, car le rythme était trop élevé dans le peloton. J'ai ralenti et finalement cette stratégie a payé. Je suis vraiment content», a-t-il déclaré. Une belle troisième place pour ce nageur courageux qui participait pour une septième fois à la Traversée et qui a dû interrompre sa carrière pour subir une opération aux épaules.