La saison 2010 est devenue synonyme d'«année du lanceur» dans le baseball majeur. Certains observateurs refusent cette assertion, pour diverses raisons.

Il n'empêche que cinq matchs sans point ni coup sûr ont marqué le calendrier régulier en 2010, dont la partie parfaite de Dallas Braden, des Athletics d'Oakland, le 9 mai contre les Rays de Tampa Bay, et celle de Roy Halladay, des Phillies de Philadelphie, le 29 mai aux dépens des Marlins de la Floride.

Outre les exploits de Braden et Halladay, les autres matchs sans point ni coup sûr de 2010 ont été l'affaire d'Ubaldo Jimenez, des Rockies du Colorado (le 17 avril contre les Braves d'Atlanta), Edwin Jackson, des Diamondbacks de l'Arizona (le 25 juin contre les Rays) et Matt Garza, des Rays (le 26 juillet contre les Tigers de Detroit).

C'est sans compter la performance sans faille d'Armando Galarraga, des Tigers, qui sentait l'odeur de la perfection après deux retraits en fin de neuvième manche, le 2 juin contre les Indians de Cleveland, avant la désormais célèbre bourde de l'arbitre Jim Joyce.

En quatre autres occasions, comme Galarraga, des lanceurs ont perdu un match sans point ni coup sûr (ou une partie parfaite!) en neuvième manche.

Halladay s'est permis d'en rajouter au premier tour éliminatoire, réduisant les frappeurs des Reds de Cincinnati au silence - avec comme seul faux-pas un maigre but sur balles - lors du premier match de la série de division entre les Phillies et les Reds dans la Ligue nationale.

Une grosse année pour les lanceurs partants, donc. Pas nécessairement historique comme 1968, quand l'intouchable Bob Gibson terrorisait littéralement ses opposants, mais quand même représentative d'une certaine tendance.

À la lumière des données compilées par STATS LLC et SI.com, la saison 2011 pourrait révéler le constat suivant: l'emprise des lanceurs sur les frappeurs se poursuit dans le baseball majeur.

La moyenne offensive générale a diminué ce printemps par rapport au premier mois de la saison 2010, on marque moins de points par rencontre et la longue balle se fait un brin plus rare. Parallèlement, le nombre de buts sur balles par match en 2011 a régressé tandis que les retraits sur des prises ont emprunté le chemin inverse (voir le tableau).

Outre l'évidente qualité des lanceurs, surtout ceux de la nouvelle génération, le journaliste Joe Lemire, de SI.com, propose cinq théories pour expliquer le phénomène: la consommation moins répandue des drogues de performance au cours des dernières années, des unités défensives plus athlétiques et efficaces, de nouveaux stades qui favorisent les lanceurs, la normalisation de la zone des prises et l'utilisation accrue de tirs au mouvement tardif comme la balle rapide «coupée».

Deux surdoués

Quelles que soient les raisons qui justifient le déclin offensif, deux lanceurs s'illustrent particulièrement par les temps qui courent.

Parmi les surdoués qui donnent de sérieux maux de tête aux frappeurs adverses, les droitiers Jered Weaver et Josh Johnson méritent le titre d'employés du mois.

Weaver, des Angels de Los Angeles, domine les majeures pour le nombre de victoires (6-0), la moyenne de points mérités (0,99) et les retraits sur des prises (49).

Johnson, des Marlins de la Floride, compte trois victoires contre aucun revers, et sa moyenne de points mérités de 1,06 représente un sommet dans la Ligue nationale.

Trois fois cette année, Johnson s'est présenté au monticule en sixième manche fort d'un match sans point ni coup sûr. Son «WHIP» (walks plus hits per innings pitched, ou le nombre de coups sûrs et de buts sur balles accordés par manche lancée) de 0,65 ne trouve pas d'égal.

Bien évidemment, Weaver et Johnson connaîtront invariablement des moments moins glorieux pendant le marathon estival.

Mais leurs performances du moment, jumelées aux prouesses habituelles des Halladay, Lincecum, Hernandez et autres Sabathia, Cain et Lee, n'ont rien pour redonner confiance aux frappeurs des ligues majeures.

The name of the game is pitching, comme disent les Anglos. Plus que jamais.

Année Moyenne Points/match Circuit/match BB/match Retraits sur des prises/match

2010 ,257 9,12 1,86 7,32 14,12

2011 ,251 8,65 1,79 6,60 14,26

Sources: STATS LLC et SI.com