Le sport professionnel peut mener à bien des endroits. Prenons Hernst Laroche.

Au cours des neuf dernières années, le Québécois a joué en Ukraine, en Suisse, en Tchéquie, en Hongrie, en France, en Argentine et en Tunisie. À 33 ans, le voilà de retour à Montréal, riche de toutes ces expériences qui ont « forgé » le joueur et la personne qu’il est aujourd’hui.

« [Ces années] m’ont amené une richesse que je ne peux même pas expliquer », a lancé avec entrain le meneur de l’Alliance de Montréal dans un entretien avec La Presse dans les gradins de l’Auditorium de Verdun, mardi, à la veille du premier match de l’équipe.

J’ai des amis partout dans le monde ! J’ai quelque chose en commun avec toutes les différentes nationalités. Ça a vraiment ouvert mon esprit.

Hernst Laroche

Si vous aviez dit au jeune Hernst de 12 ans qu’il connaîtrait une telle carrière professionnelle et qu’il accumulerait tant de souvenirs sur les terrains à l’international, il ne vous aurait sans doute pas cru. À l’adolescence, alors qu’il étudiait à l’école secondaire Lucien-Pagé, celui qui a grandi dans Parc-Extension rêvait d’évoluer un jour dans la division 1 de la NCAA.

« Quand j’écoutais CBS les samedis matin, je regardais Duke, Boston College, Syracuse, tu vois ? Je me disais : ‟Wow, je veux jouer là.” Chaque jour, c’était ça, mon but : division 1, division 1, division 1 », se remémore-t-il.

Ce but, Laroche l’a atteint en 2008. Encore mieux : il est devenu un joueur clé au fil de ses quatre saisons avec les Aggies de l’Université de l’État du Nouveau-Mexique, avec lesquels il a pris part au March Madness deux fois plutôt qu’une.

« Quand je suis arrivé, je n’étais pas dans les meilleurs, se souvient l’athlète de 6 pi 1 po et 170 lb. C’était vraiment du travail acharné. Le coach voyait les résultats et j’ai commencé à jouer beaucoup.

« Je ne savais pas quelle serait la suite. Dans le temps, il n’y avait pas beaucoup de [Québécois] professionnels pour nous guider. Je faisais juste travailler fort et je me disais que les bonnes choses allaient arriver. »

Et elles sont arrivées.

Bonjour l’Europe

Au terme de sa carrière universitaire au sud de la frontière en 2012, Laroche a reçu l’aide d’un agent européen. Plusieurs choix de destination se sont rapidement présentés à lui pour la suite de son parcours, dont l’Allemagne et l’Ukraine. Il a opté pour la seconde.

Notre protagoniste, qui n’avait encore jamais traversé l’océan Atlantique, a foncé tête première dans l’aventure… Et a rapidement été confronté à l’imprévu.

« Je n’avais pas les fils avec les bons voltages pour brancher mes appareils. Je branche mon Xbox et il explose ! raconte-t-il en riant de bon cœur. C’est comme ça que j’ai été introduit en Europe. J’ai explosé mon Xbox, il ne fonctionnait plus. »

Une fois le deuil du Xbox fait, Laroche a amorcé sa carrière professionnelle. Il a joué 17 matchs avec le BC Odessa d’Ukraine avant de terminer la saison avec le BBC Monthey, en Suisse, où il a enregistré 10,7 points, 5,3 passes décisives et 3,3 rebonds par match en 14 rencontres.

Au fil des années, Laroche a joué dans cinq pays d’Europe, avant de s’envoler vers l’Argentine en 2017, puis vers la Tunisie en 2018, où il a évolué jusqu’en 2022. Il a également fait partie de l’équipe nationale haïtienne lors des préqualifications de la FIBA AmeriCup en 2018.

« J’ai un beau souvenir à chaque endroit où je suis allé, affirme-t-il. J’essaie de regarder le positif, jamais le négatif. J’ai vécu plein de beaux moments qui m’ont fait réaliser que je suis chanceux. J’ai été dans des places où je n’aurais jamais pensé mettre les pieds. Je suis béni. »

Il parle notamment de la France, où il a joué pour le club de Saint-Quentin et découvert les pâtisseries et les baguettes. « C’est drôle, mais ça m’a raffiné, lance-t-il à la blague. Là, je veux manger des trucs frais ! Les Français, ils sont rigides dans la nourriture, mais c’est pour une raison ! Ils ont leur méthode. »

Rebonjour Montréal

Quand il a appris la naissance de l’Alliance de Montréal il y a quelques mois, Laroche voulait faire partie de l’aventure.

« C’est un sentiment indescriptible, lance-t-il en regardant le terrain devant lui. Je suis reconnaissant. De jouer devant ma famille, c’est quelque chose… [En Europe], j’avais peut-être une visite par année, mais là, tout le monde va être là et nous donner un peu d’amour. »

Quand on rappelle à Laroche qu’il est l’un des plus vieux de l’équipe, il s’exclame en riant : « Tout le monde me dit ça ! Moi, je ne me sens pas vieux ! » Allons-y donc pour « expérimenté ».

L’ancien des Cheetahs du Collège Vanier a d’ailleurs été nommé cocapitaine de l’équipe avec le Montréalais Kemy Ossé.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Kemy Ossé

« Je n’avais pas besoin d’être nommé capitaine pour avoir le rôle de capitaine. J’allais déjà prendre ce rôle-là, être vocal, mettre les gars dans de bonnes positions, que ce soit en dehors du terrain ou sur le terrain.

« Moi, ma mission sur cette terre, c’est d’inspirer le monde, de donner et de motiver, poursuit-il. Je n’ai pas besoin d’avoir un rôle pour faire ça. »

Le meneur affirme d’ailleurs avoir encore plusieurs bonnes saisons de basketball devant lui.

« Je fais juste boire de l’eau, je ne bois plus de jus. Je suis allé dans un mariage l’autre jour et je buvais de l’eau ! rigole-t-il. Je me sens très bien, je me vois jouer un autre trois ou quatre ans. C’est ça, mon but. Je me sens en forme. »

L’Alliance de Montréal disputera ce mercredi soir le premier match de son histoire, à Hamilton, contre les Honey Badgers.