(Los Angeles) Trois des meilleurs joueurs européens de l’histoire, l’Allemand Dirk Nowitzki, l’Espagnol Pau Gasol et le Français Tony Parker, qui ont presque tout gagné en NBA et ailleurs, vont intégrer samedi le Hall of Fame du basketball, suprême honneur réservé à l’élite de l’élite.

Depuis la première classe de 1959, ils sont 197 anciens joueurs — le Hall of Fame est aussi composé de joueuses, entraîneurs, équipes, arbitres, dirigeants et autres contributeurs — issus de la ligue nord-américaine et d’ailleurs, à avoir été honorés. Un moment solennel, réservé en l’honneur des légendes de la balle orange, de Michael Jordan à Kareem Abdul-Jabbar, en passant par Bill Russell ou Kobe Bryant intronisé de façon posthume en 2021.

L’heure de ces trois immenses champions issus du Vieux Continent, ayant tracé la voie aux vedettes d’aujourd’hui, les Giannis Antetokounmpo, Nikola Jokic et autres Luka Doncic qui imposent leur domination dans la ligue la plus relevée du monde, va enfin sonner, dès la première année où ils sont éligibles, plus de trois ans après leur dernier match NBA.

Premiers de leur pays à entrer dans le gotha, ils ont des arguments imparables à faire valoir et, de fait, une légitimité indiscutable.

Scoreur invétéré, qui fit tant de dégâts avec ce tir signature en « fade away », déclenché après un pas ou en se retournant pour créer une trajectoire quasiment impossible à contrer, Nowitzki est le 6e meilleur marqueur de l’histoire de la NBA (31 560 points en 1522 matchs) en saison régulière.

Quatre bagues pour Parker

PHOTO ANDY LYONS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Tony Parker

Premier Européen élu MVP (meilleur joueur) de la saison régulière en 2007, le « Wunderkid » guida les Mavericks, son équipe de toujours, au seul titre de leur histoire en 2011, au terme d’une finale dont il a été désigné meilleur joueur, prenant une revanche sur le Heat sacré à leurs dépens en 2006. De quoi avoir sa statue aux abords de la salle de Dallas.

Autre intérieur à la palette offensive complète, Pau Gasol, sélectionné en troisième position du repêchage 2001 par Memphis, a lui été sacré champion deux fois avec les Lakers en 2009 et 2010, dans le rôle de lieutenant de Kobe Bryant. Depuis peu, leurs numéros trônent côte à côte au plafond de la salle de L. A.

Le Barcelonais, possède également un des plus beaux palmarès qui soit sur le plan international. Avec les « niños de oro » (« garçons en or »), il remporta un titre de champion du monde (2006), trois Euros (2009, 2011, 2015) et ne fut privé d’or olympique que par la « Team USA » en 2008 puis en 2012.

Champion d’Europe avec la France en 2013, Parker peut surtout se targuer de posséder plus de bagues de champion que ses deux acolytes (2003, 2005, 2007 et 2014), toutes remportées avec les Spurs, aux côtés de Tim Duncan et Manu Ginobili, déjà membres du Hall of Fame, avec lesquels il forma un des plus redoutables « Big3 » de l’histoire.

Wade seul Américain

PHOTO CHRIS TROTMAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Dwyane Wade

Premier Européen élu MVP d’une finale en 2007, « TP » brillait par ses fulgurances dans le jeu de transition, son exigence de champion et son « teardrop », ce tir en cloche qu’il exécutait presque à la perfection.

Il ne sera pas le seul représentant des Spurs, samedi, puisque seront également honorés l’entraîneur Gregg Popovich, quintuple champion et détenteur du record de matchs remportés en NBA, et Becky Hammon, qui fut de l’adjointe de ce dernier, devenant le temps d’un court intérim la première femme coach principale d’une équipe masculine professionnelle.

Enfin, le Panthéon du basket va aussi accueillir Dwyane Wade, triple champion avec le Heat de Miami (2006, 2012, 2013), seul Américain parmi les quatre anciens joueurs finalistes.

Les États-Unis en minorité sur une cuvée de Hall of Fame ? Du jamais-vu, résultat de l’internationalisation de la NBA qui n’a cessé de s’ouvrir au monde depuis plusieurs décennies, accueillant les talents de tous pays, dont les meilleurs éléments ne viennent plus pour faire de la figuration, mais bien pour récolter les lauriers.

À ce titre, Nowitzki, Gasol et Parker font figure de pionniers, plus probablement que le Croate Tony Kukoc par exemple, pourtant trois fois champion avec les Bulls de Michael Jordan dans les années 1990. Car en se montrant aussi prépondérants aux succès de leurs équipes sur presque deux décennies, ils ont incarné ce changement d’ère et de paysage dans la durée.